Cela ne fait l’ombre d’aucun doute, l’ex-président malien, Amadou Toumani Touré, a, durant son règne, délibérément opéré contre l’Etat et l’armée. Une des plus abominables trahisons de notre vie de nation.
Cependant, des sevrés aux abois comme, Hamane Touré dit Serpent, Amadou Koïta (même s’il préfère se taire momentanément afin de mieux préserver sa mangeaille) et autres suppôts minables du général félon, majoritairement issus du PDES, son projet de démolition économique et sociale, ne cessent prétendument de le présenter comme un “messie” dont ils s’acharnent, par monts et vaux, à obtenir le retour en terre natale.
Si l’arrivée au pouvoir du lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré en tant que putschiste, avait été vivement ovationnée par une frange écrasante des Maliens à l’issue de l’insurrection populaire du 26 mars 1991, son départ calamiteux du pouvoir en mars 2012 en tant que général et “président démocratiquement élu”, sera aussi bruyamment applaudi par les Maliens après avoir nettement découvert le vrai visage de l’homme.
Les crimes d’ATT ne doivent aucunement rester impunis à cause de leur exceptionnelle gravité car ayant porté atteinte à l’existence même de l’Etat et ses institutions souveraines. Par ailleurs, il serait judicieux de rappeler que la politique d’Amadou Toumani Touré n’était essentiellement autre que le triste prolongement des projets macabres d’Alpha Oumar Konaré qui, venu au pouvoir, a d’abord vu l’armée, non comme un outil de défense ou instrument de souveraineté, mais plutôt une menace à un système de gouvernance qui, de manière inéluctable, allait nous ouvrir les portes de l’enfer.
Ecraser l’armée du peuple à des fins politiciennes
Il fallait donc tout mettre en œuvre pour démembrer et asphyxier l’armée, la rendre inapte à “tout projet de déstabilisation du régime établi” car pour ces démocrates d’une autre galaxie, le Mali désormais classé dans les rangs des Etats démocratiques, n’aurait plus besoin de guerre, et donc, d’institution militaire souveraine, solidement bien constituée. C’est ainsi que le premier président démocratiquement élu, s’est systématiquement érigé en boucher en éventrant l’armée, la dépouillant de tous ses moyens offensifs, toutes ses aptitudes au combat, comme si le pays, dans sa toute nouvelle adoption du régime démocratique, venait d’être mis définitivement à l’abri de toute menace extérieure. Ce qui, en fin de compte, a acculé le Mali à devenir le terreau fertile des pires criminalités importées d’ailleurs car ayant un outil de défense déjà rendu exsangue et pusillanime.
Voici ce qui nous a inexorablement conduits aux pires humiliations de notre vie de nation : ni Etat, ni armée, ni honneur, des valeurs politiques et morales largement effilochées, un pays étant désormais à la merci de quiconque. Et ATT, après avoir prêté serment, s’est, de la manière la plus irresponsable qui soit, offert le luxe de laisser l’armée et les institutions de la République dans l’état de déconfiture dans lequel AOK les avait délibérément contraintes.
La folie machiavélique d’un général-ploutocrate
L’ouverture de nos frontières aux bandits et autres criminels de divers horizons ; la démilitarisation pure et simple des régions septentrionales du Mali ; l’implication de la présidence (le palais de Koulouba) dans des réseaux mafieux de narcotrafic ; complicité de haut niveau avec des terroristes et autres agresseurs extérieurs ; massacre affreux des soldats de l’armée malienne et volonté manifeste de maintenir celle-ci en position de faiblesse au gré de l’ennemi ; détournements massifs du budget de l’armée et équipements militaires ; grave détérioration des conditions d’existence des soldats en complicité avec la hiérarchie ; attribution d’un nombre exubérant de grades de général à des officiers supérieurs et nomination de ceux-ci à de hauts postes de responsabilité politique ; dégradation du tissu social alimentée par une ploutocratie déshumanisante et une oligarchie organisée de la gestion du patrimoine public ; soutien matériel et financier aux apatrides du MNLA ; l’abandon du Nord du Mali aux pires formes d’insécurité et contrebande, favorisant une prolifération effrénée du trafic d’armes ; la livraison des populations du Nord du Mali aux pires formes de terreurs, occasionnées par l’invasion rebelle et jihadiste dont Amadou Toumani Touré avait, lui-même, ouvertement autorisé l’entrée d’arsenaux de guerre en territoire malien, etc., constituent une avalanche de crimes dont l’ex-président malien est tenu de se faire entendre sur les mobiles, devant une juridiction malienne. Là-dessus, l’intransigeance des Maliens est sans équivoque.
En revanche, la trahison politique et institutionnelle du président Ibrahim Boubacar Kéita consistant à faire voter au Parlement, une décision de blanchiment d’ATT, le satanique traître de la nation, ainsi qu’une mise en accusation de l’ex-Premier ministre Moussa Mara, celui-là même qui, au prix de sa vie, s’était vaille que vaille engagé à obtenir la libération de Kidal, est jusqu’ici vue par une frange importante de Maliens comme une pure insulte à leur légitimité. Tous en demeurent donc profondément déçus et s’y sentent largement humiliés.
Au nom de quel processus de réconciliation digne de ce nom, faudrait-il réellement laisser impunis d’aussi graves crimes contre toute une nation ? Quel exemple de gouvernance ou démocratie IBK tente-il ainsi d’inspirer aux générations montantes ? Qu’est-ce qu’IBK se reproche-t-il au fond ? Jusqu’où le peuple malien continuera-t-il à être institutionnellement orphelin ? Une chose reste néanmoins bien certaine : le cœur des Maliens, notamment, celui des victimes, ne connaîtra de franc apaisement que lorsque l’ex-président de la République du Mali, le général Amadou Toumani Touré, répondra de ses actes suicidaires contre l’Etat et son instrument de défense, l’armée. Peu importent les gesticulations puériles et fanfaronnes de ses partisans et autres ouailles sans idéaux.
Dilika Diallo