Crise socio-institutionnelle : Une recomposition du paysage politique pour sauver le Mali des partisans du non et du oui

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Les responsables du RPM lors d'une cérémonie

L’on ne dira jamais assez que si les slogans de campagne ont bien réussi au candidat du Rassemblement Pour le Mali (RPM) Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à l’élection présidentielle de 2013, force est de constater avec amertume que le règne ne lui a pas réussi, bien au contraire !

Ces slogans qui ont largement contribué à donner la victoire à IBK (soit 77,66% des suffrages exprimés) étaient pour le moins captivants, entre autres, on rappelle: «Pour l’honneur du Mali», «Le Mali d’abord», «In challah». Aujourd’hui, le constat est patent et pour cause : le Mali est déshonoré dans la problématique de la paix dans le septentrion.

Quelques gymnastiques que l’on puisse entreprendre pour faire croire aux Maliens que le pays n’est pas divisé, la réalité sur le terrain reste patente.

Aujourd’hui, le régime IBK ne peut dire aux Maliens ce qui se passe vraiment dans la région de Kidal qui reste, malgré tout ce qu’on va dire, aux mains de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). C’est bien là une humiliation de notre peuple.

L’insécurité que certains qualifient de résiduelle continue d’endeuiller des familles de civils et de soldats sans le moindre espoir d’un lendemain meilleur. Le Nord a pratiquement échappé à notre pays, le Mali, quand bien même les discours politiques tentent de «rassurer» sur l’indivisibilité du territoire national. Certainement, il sera reconquis !

En lieu et place du «Mali d’abord», voilà la corruption, le clientélisme, l’affairisme, la politique politicienne, l’escroquerie, l’appât du gain facile, se transformer allègrement en mode de vie dans notre pays. Ce n’est plus «le Mali d’abord» mais «Ma famille d’abord ; Mes amis et proches d’abord» pourvu qu’on chante la chanson des princes du jour et des princes de la France coloniale !

Sur le plan économique, il est difficile de fermer les yeux sur la crise que notre peuple subit  de plein fouet: ceux qui sont riches, deviennent chaque jour plus riches et les pauvres s’appauvrissent davantage au fil des ans.

Sur le plan politique, il n’y a aucune vraie lisibilité en l’avenir de notre pays et pour cause : en lieu et place de l’aspiration de tout un peuple d’aller aux concertations nationales pour mettre à plat les problèmes fondamentaux qui rongent de plus en plus notre pays et cela en vue de leur apporter des solutions fiables et durables, voilà IBK organiser à coût de centaines de millions «sa» conférence d’attente nationale. Mais les esprits avertis avaient bien prédit: «Parturiunt montes nascetur ridiculus mus» (les montagnes sont en travail: il en naîtra une souris ridicule). Cette conférence, au lieu de ramener l’entente entre l’Etat et ceux qui ont pris les armes contre lui dans le cadre de la rébellion, c’est le sang des citoyens maliens qui continue de couler partout au Mali et en particulier dans le septentrion de ce pays.

Pendant que les efforts visaient une réorganisation politique nationale voilà le président de la République s’affairer pour sa révision constitutionnelle. L’enjeu de cette révision  est désormais clair pour ceux qui veulent comprendre : consolider le pouvoir du président par le biais du Sénat ; étant entendu le caractère budgétivore de cette «institution nouvelle» il y a fort à parier que les membres dudit Sénat s’adonnent à la recherche sans vergogne du paradis financier aux dépens des masses travailleuses de notre pays. C’est en tout cas l’occasion de rappeler à la face du monde que ce n’est pas le nombre des institutions en Afrique et donc au Mali qui fait l’efficacité et la probité morale des hommes qui les animent.

Au contraire, ce serait l’occasion d’une saignée supplémentaire des finances des contribuables maliens. Ceux qui sont aveugles pourraient rétorquer en disant que ce sont les leaders religieux et les notabilités qui animeront essentiellement ledit Sénat. Mais l’histoire politique de notre pays nous enseigne que lorsque l’argent parle les notoriétés traditionnelles et religieuses ne peuvent que se mettre aux ordres du prince. Cela réside dans la puissance naturelle même de l’argent.

Lisons ce passage de Marx : «… Ce que l’argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l’argent. Les qualités de l’argent sont mes qualités, mes forces essentielles en tant que possesseur d’argent. Ce que je suis et ce que je puis, ce n’est nullement mon individualité qui en décide…

Personnellement, je suis paralytique, je suis méchant, malhonnête, dépourvu de scrupule, sans esprit, mais l’argent est vénéré, aussi le suis-je de même, moi, son possesseur. C’est la divinité visible, la métamorphose de toutes les qualités humaines et naturelles en leurs contraires, la confusion et la perversion universelle des choses.

Si l’argent est le lien qui me relie à la vie humaine, à la société, à la nature et aux hommes, l’argent n’est-il pas le lien de tous les liens ? Ne peut-il pas nouer et dénouer tous les liens ?» (Manuscrit de 1844).

Concrètement donc, l’on ne saurait compter sur ces «notoriétés» pour dire la vérité et rien que la vérité à la face du prince. Comme pour dire que le Sénat est tout simplement une institution budgétivore. S’il voit le jour, ce serait la porte ouverte à la monarchie constitutionnelle du Mali.

Par rapport à la tenue du scrutin référendaire, les partisans du oui se seraient réunis, le mercredi 9 août 2017, au pavillon de Sports à l’ACI 2000. Le but de la rencontre, sous la houlette du RPM, était de choisir entre une marche et un meeting pour demander à IBK la révision de la Constitution telle que prévue par le président.

Selon les mêmes sources, c’est le meeting qui aurait finalement été retenu pour le besoin de la cause. Ainsi, il aurait été demandé aux participants à la rencontre de mettre tout en œuvre pour rassembler 25000 personnes au stade Modibo Keïta pour donner audit meeting un éclat solennel.

Nos sources nous ont fait savoir que la date du meeting suivra. Ainsi, le référendum auquel tient tant IBK pourrait se tenir en septembre ou octobre 2017.

Ce qu’il convient de dire du meeting, c’est que c’est l’argent qui fait toujours le plein des stades et de salles de conférence. Mais de quoi sera fait demain, l’on ne sait pas. La seule certitude cependant, c’est que de son côté, l’opposition ne reste pas les bras croisés.

L’ultimatum fixé et donné au président de retirer son projet de révision de la Constitution expire demain mardi 15 août à minuit. Alors la balle reste dans le camp du chef de l’Etat pour éviter à notre pays les conséquences imprévisibles de la désobéissance civile à compter du mercredi 16 août. La grande marche unitaire contre la révision constitutionnelle se tiendra jeudi le 17 août courant.

Un  constat s’impose à cette étape de la gestion politique des affaires de notre pays: pratiquement toutes les sensibilités nationales se sont retrouvées pour dire en chœur au président IBK de renoncer sans délai à son projet de révision de la Constitution.

Dans tous les cas de figure, le président IBK sortira suffisamment écorché de cette turbulence qui n’avait pas lieu l’être si IBK avait su écouter les Maliens et comprendre que son entourage ne peut que l’enfoncer dans les crises au lieu de l’aider à s’en éloigner.

Au- delà donc de cette alliance circonstancielle contre le projet du président, il faut absolument une recomposition du paysage politique national. Cela est urgent car le Mali n’a que trop trainé dans la boue de la démocratie électoraliste avec comme corollaire le développement de tous les vices aux dépens de notre peuple travailleur.

Cette recomposition du paysage politique malien est une impérieuse nécessité tant il reste établi que ceux se font appeler opposants sont de deux (02) sortes: la grande majorité de cette opposition s’assimile en tout point e vue au régime d’IBK et à ceux qui l’animent.

On dira ici que les mêmes plumages font les mêmes ramages, en d’autres termes opposition et majorité sont les mêmes poissons de la même rivière. Ces dits opposants  n’ont que faire de l’intérêt supérieur de notre pays. Leur passé politique en dit long.

Notre jeunesse combattante doit sauver l’avenir et se démarquer de ceux qui se servent de l’argent pour se mettre ou se remettre en selle

La partie minoritaire de l’opposition qui veut le changement véritable à l’avantage de nos masses laborieuses doit travailler à rallier les millions de Maliens qui ont compris que la démocratie malienne électoraliste n’est qu’une démocratie de façade qui ne peut redonner confiance au peuple malien. Il est donc grand temps que les patriotes se mettent ensemble contre la bourgeoisie nationale arrogante à la solde du capital international.

Notre jeunesse combattante a eu le temps d’apprécier les politiciens à l’œuvre au Mali. Si elle veut servir le Mali et sauver l’avenir, il lui faut sans délai se démarquer de ces femmes et de ces hommes qui se servent de l’argent pour se mettre ou se remettre en selle. Elle doit sans délai occuper le devant de la scène politique nationale et comprendre que ces femmes et ces hommes enrouillés et englués dans la politique politicienne ne peuvent servir utilement notre peuple et qu’ils doivent être systématiquement combattus partout dans les ‘’formations politiques’’ où ils se trouvent.

Ces jeunes filles et garçons qui prennent effet et cause pour nos masses laborieuses doivent être, dans leurs conduites quotidiennes, irréprochables car ils doivent être partout aux yeux des citoyens les symboles mêmes de l’autorité, de la loi, de la morale, du respect de ses compatriotes et des valeurs de l’Etat démocratique. Ces jeunes, tirant les leçons amères de la vie et de la gestion politique du Mali, pleinement conscients de leur rôle faits de noblesse et de dévouement, seront toujours exigeants vis-à-vis d’eux-mêmes d’abord.

Ces jeunes ainsi conscients de leur mission historique doivent combattre avec énergie toute manifestation d’embourgeoisement, de corruption, de vanité, de mépris du peuple et de ses valeurs, ainsi que tout ce qui risque de prêter le flanc à l’envie et à la calomnie des valets locaux de l’impérialisme français.

Chaque jeune fille et chaque jeune garçon du Mali doit se rendre à l’évidence que les problèmes auxquels notre peuple fait face sont la résultante de l’intrusion de la France coloniale dans nos affaires et la gestion apatride desdites affaires par les valets de cette France qui vit du sang de nos peuples. Une remise en question s’impose donc pour une recomposition du paysage politique national.

Fodé KEITA

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