Le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) a organisé, ce samedi 29 juin 2019, un meeting sur la crise sécuritaire au Mali, au Palais des Sports de Bamako. Absent du pays, le président de la république y était représenté par le Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de la Promotion et de l’Intégration de l’Enseignement bilingue, Moussa Boubacar BAH, non moins président de Sabati 2012.
Ce meeting a regroupé plusieurs associations et organisations de la société civile, des confessions musulmanes, chrétiennes, des organisations corporatistes, des mouvements de jeunes et de femmes, des ressortissants de plusieurs localités du centre…
L’objectif était d’informer, explorer les voies et moyens susceptibles de nous apporter la paix et la stabilité dans le delta central. Il s’agissait aussi d’invoquer le Tout-Puissant pour qu’il puisse sauver notre pays de la crise qui la mine. De même, il a été une occasion pour la faîtière des musulmans du Mali d’affirmer son soutien aux populations déplacées et de demander aux autorités de prendre les dispositions nécessaires pour mettre fin à cette situation.
Ils étaient ainsi nombreux à répondre présents, ce samedi 29 juin, à l’appel du Haut conseil islamique décidé à jouer sa partition dans la gestion de la crise sécuritaire, notamment dans la région de Mopti avec son corollaire de déplacés à l’intérieur et à l’extérieur de la région.
Selon son secrétaire général, Mamadou DIAMOUTANI, le Haut conseil islamique est solidaire de tous ceux qui souffrent de cette situation.
« Nous assistons, dans notre pays, à des violences d’une atrocité inouïe.
Parti du nord il y’a quelques années, ces violences aujourd’hui atteignent le centre et se manifeste par des massacres des personnes, davantage d’animaux et la destruction des maisons et ainsi que divers biens. La protection des personnes », a-t-il fait constater. Cette situation, dit-il, mérite d’être examinée avec le concours des citoyens, comme celui de l’État.
De son côté, le maire de Wankoro a invité l’État à aller très rapidement désarmer les milices avant qu’il soit trop tard.
De son côté, le secrétaire chargé de la jeunesse du HCIM, Ousmane DIARRA, a indiqué que la jeunesse était à la fois actrice te victime de cette crise.
De ses explications, il ressort que ce sont des jeunes qui sont endoctrinés et utilisés comme des boucs émissaires et qui prennent des armes. Aussi, c’est les mêmes jeunes qui sont victimes, car leurs parents se déplacent, c’est leurs villages qui détruits et c’est leur avenir qui est menacé. C’est pourquoi il les a invité à prendre conscience de la situation et à se dire qu’ils ont la responsabilité d’œuvre pour l’avenir de ce pays.
Pour sa part, le président du HCIM, le Chérif Ousmane Madani HAÏDARA, a invité les fidèles à être solidaires avec les personnes déplacées du centre ainsi que les victimes des différentes inondations.
Selon lui, cette crise est la conséquence de la perte de nos valeurs sociétales et de la morale publique. Car, a-t-il fait savoir, Allah dit aux gens dans le Saint Coran que ‘’ce que vous vivez est la résultante de votre comportement’’.
De nos jours, a-t-il dit, il y a des innocents qui perdent la vie, et la tension monte entre les communautés. À Chérif HAÏDARA de faire constater que malgré la présence des forces étrangères, l’insécurité continue de plus belle.
Mais pour le patron du HCIM, la responsabilité de cette situation incombe d’abord à nous-mêmes, Maliens.
« Tant que nous restons divisés, la présence d’aucune armée du monde, soit-elle très puissante, ne pourra nous ramener la paix. Si nous nous donnons la main, en mettant de côté nos intérêts partisans, il est évident que nous allons sortir de cette crise », a-t-il dit.
Pour lui, nos ennemis sont en train de profiter de nos faiblesses, de nos divisions, de nos injustices.
« Ceux qui sont dans les maquis nous font moins de mal que leurs complices qui sont dans nos rangs et qui travaillent avec les jihadistes dont beaucoup sont connus des populations », a-t-il martelé.
Selon lui, il est clair qu’Allah ne vient jamais au secours d’une communauté divisée. Pire, là où il y a l’intolérance, le péché, là où la morale publique dérape ; le malheur d’Allah s’abat sur toute la communauté.
‘’Certes, nous sommes, un pays pauvre ; mais là où une seule personne peut s’emparer de la part de 500 personnes par le biais de la corruption, il va de soi que la misère s’accentue’’, a dénoncé HAIDARA.
« Il faut que nous revenions à Dieu sinon, nous n’aurons pas la paix », a-t-il invité. Selon lui, les Peuls et les Dogons sont victimes d’un complot au centre du Mali. Car, a-t-il fait savoir, ces deux communautés ont toujours vécu sur le même terroir dans une cohabitation pacifique exemplaire.
Pour dénoncer les lâches terroristes, le président du HCIM a soutenu qu’un ‘’musulman qui pose un engin explosif dans une mosquée ne cherche pas à combattre les ennemis de Dieu ; mais veut plutôt s’en prendre à ses propres ennemis’’.
Déplorant les limites de l’État à conjurer le malheur qui s’abat sur le peuple, pour lui, Chérif Ousmane Madani HADARA a soutenu que ‘’le Mali n’appartient pas qu’aux seuls dirigeants, mais à son Peuple malien en entier’’. À niveau, il a invité les dirigeants à écouter davantage les citoyens. Dans l’état actuel des choses, ils doivent se mettre à l’écoute des leaders musulmans qui recensent en longueur de journée les doléances des musulmans, notamment les pauvres. Là où les pauvres sont opprimés, la colère d’Allah s’abat. « Écoutez aussi les chefs religieux, qu’ils soient musulmans ou chrétiens », a-t-il conseillé.
Par Abdoulaye OUATTARA