La situation pastorale dans le sahel occidental le long de la ligne de frontière Mali-Mauritanie est grave. L’eau et l’aliment bétail sont devenus des denrées rares ; conséquence, 50 à 75% de l’effectif des troupeaux bovin est menacé de disparition. L’effectif des troupeaux de bovin de la commune de Dogofry est de 30 000 têtes de bovin, et celui du troupeau de bovin en provenance de la Mauritanie d’octobre et 20 juin 2018 est de 10 000 têtes de bovin. Cette situation est certainement aggravée par la cupidité de certains commerçants qui font la rétention et l’enchérissement de l’aliment bétail. Sinon comment comprendre que le Mali qui s’est classé premier producteur africain de coton, et qui a fini d’égrainer son coton de plus de 700 000 tonnes, puisse manquer d’aliment bétail ?
« A la date du 21 juin 2018, l’herbe commence à se faire rare, les pâturages sont distants en moyenne des points d’eau de 28 à 30 kms (58 à 60 kms en moyenne en allée et retour) entre le point d’abreuvement et les pâturages. Les arbres sont dépourvus de toutes végétations (fourrages ligneux) dus à l’usage de la présence de caméliens, les animaux sont abreuvés un jour sur deux », selon une note circonstancielle de terrain sur la situation pastorale dans le Sahel occidental le long de la ligne de frontière Mali-Mauritanie, principalement les communes du Nord du cercle de Nara : Dogofry, Allahina, Dabo, Koronga, Guénéibé et Guiré. Cette note émane de l’Association du Centre Sahélien de Prestations, d’Etudes, d’Ecodéveloppement et de Démocratie Appliquée (CSPEEDA). « C’est le constat d’une observation réelle, fruit d’une concertation de l’équipe CSPEEDA conduite par son Directeur Exécutif en mission de ciblage dans le cadre du programme d’assistance saisonnière de soudure en modalité Cash couplet au blanket feeding dans la commune rurale de Dogofry (ex Arrondissement de Ballé, cercle de Nara) du 18 au 20 juin 2018 », indique Anthioumane Baradji, Directeur Exécutif de l’ONG-CSPEEDA, rencontré par Le Républicain.
Cette mission CSPEEDA composée de Anthioumane Baradji, Directeur Exécutif de l’ONG-CSPEEDA, Dramane Sidibé, Sociologue CSPEEDA, Alassane Tounkara, aménagiste CSPEEDA, Moussa Traoré Aménagiste CSPEEDA, a rencontré en réunion des autorités administratives locales, des agents de service vétérinaire, de service d’agriculture, des organisations des jeunes, de plusieurs villages. Une assemblée générale a été tenue respectivement avec la population des Villages de Ballé, M’Bédiatt Maure, Dionka, Djiguigna, Moussatiara, Missira Samoura et Korokossi, explique Anthioumane Baradji, Directeur Exécutif de l’ONG-CSPEEDA. Notre interlocuteur décrit une situation de désolation mettant en scène « des éleveurs transhumants mauritaniens en séjour, des pasteurs peulhs, maures et agro éleveurs sédentaires en détresse, face à l’incapacité totale de répondre aux besoins du bétail en aliments et eau ».
Denrées inaccessibles
Le prix de la botte de paille (foins) d’une charrette en année normale est de 4000 FCFA, contre 20 000 F CFA à la date d’aujourd’hui en territoire malien et 40 000 FCFA à la frontière Mali/Mauritanie (Ganata en Mauritanie). Il y a une forte concentration des troupeaux autour des points d’eau suite à la crise pastorale. « L’aliment bétail dont le prix officiel de la tonne est de 100 000 FCFA à l’usine, vendu à 160 000F CFA en année normale est cédé actuellement entre 430 000 FCFA à 500 000F CFA la tonne (Prix du sac de 50kg avant crise à 8000 FCFA contre 21500 à 25000 CFA le sac de 50 kg) », explique Anthioumane Baradji. Selon nos informations, la rupture d’aliment bétail, malgré la période de soudure s’explique par la cupidité de certains commerçants, qui font la rétention et l’enchérissement de l’aliment bétail. Sinon comment comprendre que le Mali qui s’est classé premier producteur africain de coton, et qui a fini d’égrainer son coton de plus de 700 000 tonnes, puisse manquer d’aliment bétail ?
Selon la note circonstancielle de terrain sur la situation pastorale dans le Sahel occidental, établie par la mission de l’ONG CSPEEDA, dans certains villages, les transhumants Mauritaniens ont acheté des groupes électrogènes et des pompes électriques (Exemple cas du village de Dioka : 2 groupes électrogènes à 3 000 000 FCFA un pour l’alimentation du village sur un forage manuel existant et un autre pour l’alimentation de 40 cheptel estimé à 4000 têtes de bovin). Dans d’autres villages, les ressortissants vivant en Afrique centrale (Village de Sékhélo) ont réalisé des forages avec des groupes électrogènes pour abreuver le gros bétail à 100 000 FCFA par 100 têtes (+1500 FCFA/m3/100 têtes) contre un coût conventionnel du mètre cube d’eau 30 000 FCFA (500F/m3 pour 100 têtes de bovins), souligne l’ONG. Le constat établi par l’ONG est l’évolution vers une situation de crise pastorale sévère avec perte de 50 à 75% de l’effectif du cheptel Sédentaire et transhumant.
L’effectif des troupeaux bovin de la commune de Dogofry est de 30 000 têtes de bovin, et le troupeau bovin en provenance de la Mauritanie (contre saison entre octobre et 20 juin 2018) est de 10 000 têtes de bovin (Sources : Chef de poste vétérinaire de Ballée sur la base des certificats de transhumance et le recensement des effectifs à partir des données de la vaccination). L’ONG CSPEEDA met l’accent sur le « risque de perte de 50 à 75% de ces effectifs dans les quinze (15) jours à venir, s’il n’y a pas de pluie utile dans 15 jours [note du 21 juin]. L’arrivée probable de l’hivernage pour l’installation des pâturages et le début des cultures dans la zone se situe en mi-juillet 2018 », selon la note de mission de l’ONG.
Des mesures pour l’immédiat
Selon Anthioumane Baradji, Directeur Exécutif de l’ONG-CSPEEDA, les solutions que préconise son ONG sont de « Fournir de l’aliment bétail dans l’urgence dans la semaine avant la Tombée des pluies » ; en moyen et long terme « réaliser des points d’eau dans les espaces naturels le long des parcours des animaux; restaurer la capacité de production des pâturages naturels tout en sécurisant les parcours naturels ; développer un concept d’exploitation et de gestion durable des parcours naturels tout en respectant la capacité de charge », explique le Directeur Exécutif de l’ONG-CSPEEDA, de retour de mission dans le Sahel occidental.
B. Daou