Crise multidimensionnelle et intervention française au Mali : « Après l’attaque de Konna, c’est Alassane Ouattara qui a approché le président français François Hollande pour qu’il intervienne », a dit Cheacka Abdou Touré

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D’habitude peu bavard dans les rencontres, c’est un Cheacka Abdou Touré très relaxé qui a pris la parole ce jeudi matin dans la salle de conférence du conseil économique social et culturel à la faveur d’une conférence débat sur le thème «l’architecture de la  paix et la sécurité  de la CEDEAO »

Témoin privilégié de la crise que notre pays a traversée et qu’il sort lentement, le représentant spécial de la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) a jugé nécessaire ce jour de donner sa part de vérité sur les faits, une version un peu différente de celle dite jusqu’ici par les protagonistes de l’histoire récente du Mali.

Dans son intervention très explicite, M. Touré a tenu à enlever toute équivoque sur la responsabilité de son organisation.

Devoir de prévention de la CEDEAO avant que la crise n’éclate

Selon le diplomate,  la CEDEAO a informé les autorités (ATT et son gouvernement) que la situation politique et sécuritaire était critique et même le coup d’Etat, la CEDEAO avait donné l’alerte aussi du risque qui planait sur le nord du Mali bien avant les évènements tragiques d’Aguelhok. Pour M. Touré, c’était un devoir pour la CEDEAO d’intervenir au Mali. Si elle ne l’avait pas fait, le Mali pouvait  la poursuivre devant les juridictions internationales pour non-assistance à un Etat membre en danger. Chéacka Abdou Touré estime que la question de la légitimité d’une intervention militaire de la CEDEAO au Mali ne devrait même pas se poser, au passage il a déploré  les  réactions mitigées d’une frange de la population qui a dû interpréter cette présence comme une atteinte à la souveraineté nationale.

Du coté des autorités de l’époque, Chéacka Abdou, dévoile qu’elles répondaient les alertes de la CEDEAO par des propos rassurant «la situation politique est  sous contrôle et  en ce qui concerne le problème du nord la situation serait résolue par le dialogue car ce sont des fils  du pays rentrés de la Libye qui ont pris les armes », disaient  ATT et son gouvernement.

Le coup d’Etat

Parlant du coup d’Etat et de la sanction prise par la CEDEAO, le représentant de la CEDEAO dira que c’est grâce aux sanctions prises  que les putschistes sont revenus à la raison et ont compris tout le danger de l’acte qu’ils venaient de poser et d’ailleurs,  il a profité de l’occasion pour attirer l’attention sur la particularité de la situation qui a prévalu chez nous : imaginez un coup d’Etat pendant que 2/3 du pays sont en train d’être mis sous le joug des djihadistes et narco trafiquants ,il fallait mettre la pression sur le capitaine Amadou Haya et ses hommes et c’est ce que la CEDEAO a fait, sans ces sanctions le pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Et comme résultat, le diplomate estime que  c’est la première fois en Afrique qu’un coup  d’Etat a pu être stoppé en l’espace de dix jours.

Sur l’intervention française à travers  l’opération serval : au cours de son intervention, M. Touré n’a pas que donné des précisions, il a aussi fait des révélations ,des révélations différentes de celles déjà dites officiellement comme par exemple, le président François Hollande qui déclare de partout qu’il a été invité par le président de la république par intérim de l’époque le Pr Dioncounda Traoré pour venir intervenir sur le sol malien, Cheacka Abdou donne une version outre que cela. Selon M. Touré, «  lorsque Konna a été attaquée, c’est Alassane Ouattara président en exercice de la CEDEAO de l’époque qui avait approché le président français François Hollande  pour qu’il intervienne au Mali, C’est après l’intervention de ADO que  le président de la transition Professeur Dioncounda Traoré a écrit officiellement  à Hollande pour demander une intervention militaire française ». Cette affirmation du point de vu de beaucoup de personnes vient démentir cette démarche célèbre du président français qui avait légitimé son intervention par la demande officielle du Pr Traoré. S’agissant du rôle prépondérant de son organisation dans la résolution de la crise malienne, il a noté que l’organisation régionale s’était préparée à intervenir quand elle a compris que la communauté internationale (puissances occidentales) n’était pas prête à faire la guerre, le Nigéria s’était engagé à offrir quatre avions, Et  la majorité des troupes des pays contributeurs avaient déjà rallié le Mali par la route à la demande du président en exercice de la CEDEAO Alassane Ouattara. Toujours est-il que suivant les tractations de la CEDEAO, la France s’était engagée à apporter son assistance en cas d’une offensive djihadiste. « Nous avons été au conseil de sécurité des Nations Unies demandé la guerre à trois reprises. Mais le conseil disait à chaque fois que c’était une question de dialogue.» a ajouté le diplomate pour donner vigueur à ses propos.

Pour terminer ses propos, M. Cheacka Abdou Touré tire la conclusion que les africains doivent compter sur eux-mêmes à travers la solidarité agissante et la mutualisation des moyens, revoir les parts de responsabilité entre l’ONU, l’UA, et les organisations économiques régionales en matière de gestion de la paix et de la sécurité.

Durant une heure et trente minutes, le diplomate n’a laissé aucune tâche dans la crise malienne. De sa manière et ses vérités à lui, il a passé au peigne fin tous les contours au plaisir d’une assistance acquise à ses propos.

Issa Kaba

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2 COMMENTAIRES

  1. Donc, Alassane Ouattara est aussi responsable au même titre que Dioncounda Traoré de cette situation de conflit poste libération, qui fait plus de victimes qu’avant et pendant l’occupation. Parce que tout simplement à l’époque, la france a été complaisante (voire complice)vis à vis du mnla.

    Les djihadistes prétendus chassés du Nord du Mali, sont presque tous en réalité sous la bannière du mnla et la france démontre par ses faits et gestes qu’ils n’ont rien à craindre tant sont avec le mnla !

    l’appel à la france a été une erreur monumentale. Ils auraient dû appeler une autre puissance qui aurait traité le mnla comme tous les autres bandits du Nord. Car c’est le mnla la graine du mal !

    Si eux (Alassane et Dioncounda) se disputent cette responsabilité pensant que c’est une gloire, le réveil sera brutal !

  2. Le President de la CEDEAO n’a pas competence a demander une intervention militaire d’une quelconque Puissance au Mali.Seul le Chef d’Etat du Mali pouvait introduire une telle demande sur la base
    des Accords de Defense entre la France et le Mali.M.Alassane Ouattara
    en qualite de President de la Cedeao et du Traite de la Cedeao est venu seconder cette requete.Je tiens a souligner que le Mali trangresse les termes de ce Traite en confiant la Mediation du reglement de cette crise a un membre exterieur a la CEDEAO.La Mediation en cas de crise a l’interieur de la CEDEAO est reglee par un Organe Constitutif de la Communaute Economique.Une raison supplementaire ,Cette crise affecte directement d’autres Etats membres de la CEDEAO et meme des Etats en dehors de la CEDEAO,tels que le Tchad et l’Algerie.A moins que l’Algerie intervienne a la demande de l’UNION AFRICAINe,C’est le Mediateur de la CEDEAO qui aurait du etre choisi pour superviser le dialogue Inclusif.Pas necessairement Burkina-FASO!

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