Après une laborieuse sortie, il y a de cela deux mois, la ministre de l’Energie, Bintou Camara, qui s’était illustrée dans un verbiage, s’est emmuré dans un silence coupable, alors que les Maliens sont toujours sevrés d’électricité.
En principe, la gouvernance vertueuse promise par cette Transition devrait rimer avec le sacro-saint principe de la redevabilité. Celui-ci s’illustre, dans les pays « normaux », par un devoir régalien de l’Etat à communiquer, mais aussi et surtout à rendre compte. A qui ? Au peuple souverain, auquel les gouvernants témoignent un minimum de respect et de considération.
En effet, depuis le début de cette crise énergétique, marquée par de longs délestages ou des coupures intempestives du courant électrique, les gouvernants brillent par leur absence à s’expliquer sur le sujet. Le contexte de la Transition met-il les règles démocratiques sous éteignoir ? Le ministre chargé du portefeuille de l’Energie ne doit –il se faire entendre dans une limpide communication sur les causes et les solutions à cette crise ? C’est seulement une seule fois que la ministre Bintou Camara est apparue à la radio-télévision publique pour d’insipides rodomontades. Lesquelles sont finalement apparues comme des contre-vérités, eu égard à l’évolution dramatique de ces coupures anarchiques du courant électrique. Comment comprendre en effet que la ministre ait pu promettre que la fourniture de l’électricité allait s’améliorer dès le lendemain de sa communication et constater qu’elle s’est plutôt empirée au jour d’aujourd’hui ? Quid des mesures de rétorsion et de redressement à prendre au niveau de la société EDM-SA pour un retour à la normale ? Et pourquoi la ministre n’est-elle pas revenue sur les médias pour répondre aux plaintes et désarroi des populations ? Pourquoi ce silence provocateur des gouvernants face aux gémissements des usagers du service public de fourniture l’électricité ? Pourquoi le chef de l’Etat ne prend-il le devant de ce dossier, qui cause tant de dégâts au peuple ? Pourquoi le CNT, le parlement de transition n’interpelle-t-il pas la ministre de l’Energie pour la contraindre à rendre compte de ses actions en vue d’améliorer la situation ?
En effet, combien de Maliens n’arrivent plus à travailler faute d’électricité ? Combien de Maliens ou des petites et moyennes entreprises sont obligés de fermer boutique faute d’électricité ? Combien d’usagers ont vu leurs appareils endommagés du fait des coupures répétées du courant électrique ? Il urge que le chef de la Transition monte au créneau pour s’adresser au peuple et trouver des pistes de solutions pour calmer le courroux des millions de Maliens, dangereusement affectés par cette crise aux conséquences inestimables.
Boubou SIDIBE /maliweb.net