Le Continent Africain, l’Afrique avec 200 millions d’habitants (âgés de 15 à 24 ans), a la population la plus jeune au monde. Le dernier rapport de Perspectives économiques en Afrique, établi notamment par la Banque africaine de développement, le Programme des Nations Unies pour le développement, la Commission économique pour l’Afrique et l’Organisation de coopération et de développement économiques des pays industrialisés, table que ce chiffre devrait doubler d’ici à 2045.
Ainsi, d’après la Banque mondiale, les jeunes représentent 60 % de l’ensemble des chômeurs africains.
La BAD a aussi pour sa part constaté que dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne et dans tous ceux de l’Afrique du Nord, qu’il est plus facile pour les hommes que pour les femmes d’obtenir un emploi, à niveau d’expérience et de compétence égales.
Selon nos sources, les statistiques du chômage en Afrique ne tiennent pas compte des emplois précaires et du sous-emploi dans le secteur informel. Car, la plupart des jeunes diplômés des Universités font de petits boulots comme le nettoyage dans les hôtels ou d’autres bureaux, la vente des cartes téléphoniques ou même servent d’ouvriers dans les usines ou les chantiers. Et c’est ce qui fait dire à cet organisme de réflexion indépendant (la Brookings Institution) basé à Washington, que le sous-emploi masque la réalité dans les pays au faible taux de chômage.
Néanmoins, l’Organisation Internationale du Travail(OIT) reconnait que le sous-emploi ne constitue pas une solution à la pauvreté et signale de ce fait que jusqu’à 82% des travailleurs africains sont des travailleurs pauvres. Ainsi, le chômage des jeunes est une bombe à retardement qui semble être dangereusement proche de l’explosion.
En effet, en 2009, les dirigeants africains avaient proclamé la « Décennie de la jeunesse africaine » (2009-2018) et décidé de mobiliser des ressources en faveur de la promotion des jeunes. Leur plan d’action insistait sur la nécessité de lutter aussi bien contre le chômage que le sous-emploi.
Quelques années plus tard, le constat est que, les impacts de ces initiatives nationales sur le taux de chômage des jeunes prouvent qu’il n’ya pas de solutions miraculeuses. Et, la Banque mondiale propose à cet effet une stratégie pour l’emploi qui accorde plus d’attention au développement rural et l’investissement dans l’agriculture, et qui tient compte également de l’exode rural et prépare les jeunes au marché du travail.
Les idées ne manquent pas et la Brookings Institution préconise de mettre l’accent sur la production industrielle car dit-elle, les programmes de travaux publics donnent aux jeunes travailleurs, en particulier à ceux des zones rurales et aux personnes peu qualifiées, l’occasion d’acquérir une première expérience professionnelle.
Quant au PNUD, il préconise d’accroître les investissements dans l’agriculture car, selon le rapport sur le développement humain en Afrique (publié en mai 2012), il est inacceptable que les gouvernements africains consacrent plus d’argent à l’armée qu’à l’agriculture.
La plupart des analystes s’accordent également sur la nécessité d’intégrer dans les programmes scolaires de l’Afrique, l’acquisition de compétences et l’entreprenariat. Ils estiment qu’il existe un décalage entre les compétences des jeunes travailleurs africains et celles requises par les employeurs.
La situation n’est cependant pas complètement sombre. Les jeunes d’Afrique, dont le nombre ne cesse de croître, sont, selon Perspectives économiques en Afrique dotés de beaucoup d’énergie, de créativité et de talents, dont dépend la prospérité future. Il reste désormais à savoir si les gouvernements africains sont prêts à s’attaquer au chômage en diversifiant les secteurs d’activités.
Dieudonné Tembely
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