La célébration de la journée internationale du livre et du droit d’auteur a consacré la réflexion sur le rôle des auteurs dans la prévention de la crise que travers notre pays, et leur rôle pour une sortie de crise. L’ancien ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko, qui s’étonne que les évènements intervenus au Mali n’aient pas suscité une œuvre littéraire chez aucun des auteurs, pense que le livre doit transcrire l’Afrique afin de produire des contenus.
Au total trois panels étaient inscrits à l’ordre du jour des débats de ce lundi 23 avril. Initiés par l’Association pour la défense de la liberté d’expression et la promotion de la littérature « PEN –Mali », ces espaces de débats et d’échanges ont eu lieu aux éditions « La Sahélienne ». Ils ont enregistré la présence de nombreux chercheurs, écrivains, étudiants et hommes de culture.
D’entrée de jeu, le président de « PEN-Mali » précise que son organisation défend le principe de libre circulation des idées entre toutes les nations et, dit-il, chacun de ses membres a le devoir de s’opposer à toute restriction de la liberté d’expression à tous les niveaux.
Le livre comme vecteur essentiel de l’éducation et de la culture, le Mali et ses patrimoines face aux risques de violation, le Mali comme réservoir d’expériences et laboratoire d’idées, etc. Voici de problématiques inscrites à l’ordre du jour de ces panels, et qui ont engendré des débats houleux entre les participants.
Dans un contexte de crise au Mali
La célébration de cette édition 2012 de la Journée internationale du livre et du droit d’auteur au Mali intervient dans un contexte particulier, marqué par la crise que traverse notre pays. L’ancien ministre de la Culture de s’interroger sur la responsabilité des écrivains dans la prévention de cette crise, et le rôle joué pour la sortie de crise. L’enjeu de cette rencontre, explique Cheick Oumar Sissoko, est de poser le débat autour de cette part de responsabilité des auteurs. Car, ajoute le cinéaste, avec cette crise c’est une partie importante de notre patrimoine culturel qui est fortement affectée. Les évènements intervenus au Mali (le 17 janvier, début de la rébellion, et le coup d’Etat du 22 mars dernier), n’ont suscité une œuvre littéraire chez aucun des auteurs, s’étonne Cheick Oumar Sissoko. Pour qui, le livre, plus jamais, doit transcrire l’Afrique afin de produire des contenus.
Abondant dans le même sens, le président de « PEN-Mali », lui, s’interroge sur la nécessaire réflexion critique visant à rebâtir notre pays. « Dans un pays comme le nôtre, les pères fondateurs, les pionniers ont mis en place un modèle de gouvernement pilotés par des partis transnationaux et fédérateurs, à l’image du RDA, présents dans la plupart des Etats de l’Afrique occidentale française. Aujourd’hui qu’en est-il de cet héritage ? S’interroge Ismaila Samba Traoré. Qui constate que notre pays traverse la plus grave crise de son histoire.
Passeurs de savoir
« Nous écrivains, nous sommes de ceux qui vont aider à rétablir le Mali. Car, nous serons de toutes les polémiques pour porter la contradiction aux nombreux lobbies (universitaire et média), qui se nourrissent de nos divisions », dénoncent le président de « PEN-Mali », non moins directeur général des éditions « La Sahélienne ». Les écrivains, poursuit-il, doivent être en première ligne pour transcrire la mémoire des faits et des évènements que vit notre pays afin que ce soit des analystes maliens qui soient invités à éclairer les opinions, nationales et internationales. Après Jean Paul Sartre et Jacques Rabemananjara, c’est quoi un écrivain ? S’interroge Ismail Samba Traoré. Qui révèle que pour l’Afrique, l’écrivain demeure tout à la fois un transcripteur des mémoires menacées de disparition, un passeur des savoirs, de la singularité et de l’inter culturalité, un penseur qui dresse l’Afrique, qui l’aide à réfléchir, etc.
Issa Fakaba Sissoko