Les récents combats et mouvements de troupes ont forcé des milliers de personnes à se déplacer dans le pays ou à se réfugier dans les pays voisins. Certaines familles commencent aujourd’hui à rentrer chez elles, mais elles sont tellement démunies que leurs conditions de vie restent extrêmement précaires. La Croix rouge malienne et le Comité international de la croix rouge (CICR) continuent de leur porter assistance en leur fournissant des vivres.
«Nous observons un début de retour des personnes déplacées, notamment dans certaines zones du Centre et du Nord du Mali», explique Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger. Ces familles qui retournent chez elles et celles qui sont encore déplacées manquent de nourriture et d’articles de première nécessité. Quant aux familles restées sur place, elles n’ont plus de ressources à partager».
Besoins urgents pour les personnes déplacées ou rentrées chez elles
«Les personnes qui avaient fui Konna en direction de Mopti et Sévaré commencent à rentrer chez elles. Mais elles sont dans une situation humanitaire précaire, et nous leur avons distribué de la nourriture le 31 janvier dernier», a fait savoir Philippe Mbonyingingo, chef de la sous-délégation du CICR à Mopti présent sur place. Au total, plus de 7 200 personnes ont pu bénéficier de l’assistance alimentaire fournie par le CICR et la Croix rouge malienne. Les 30 et 31 janvier derniers, plus de 3 300 déplacés restés à Mopti et Sévaré ont également reçu une assistance alimentaire venant de la branche locale de la Croix rouge malienne. Des déplacements de populations sont également rapportés dans la région de Kidal, dans le nord-est du pays. Le 31 janvier, une équipe du CICR s’est rendue à Tinzaouatène, près de la frontière algérienne, pour évaluer les besoins de plusieurs milliers de personnes déplacées dans cette région.
Le conflit au Mali continue de provoquer des déplacements de population. Si certaines personnes déplacées retournent actuellement chez elles, essentiellement dans le centre du pays, une grande partie préfère pour le moment observer la situation avant de rentrer. C’est le cas à Tinzaouatène (extrême Nord du pays, dans la région de Kidal) où des milliers de personnes fuyant les régions de Kidal, Gao et même Ménaka (à près de 600 km de là) ont trouvé refuge. «Les personnes déplacées veulent rester à Tinzaouatène en attendant que la situation se stabilise dans leur lieu d’origine», explique Attaher Maïga, chef de la sous-délégation du CICR à Gao. La situation de plus de 6 500 de ces déplacés et de quelque 400 familles résidentes qui partagent avec eux leurs maigres ressources est aujourd’hui préoccupante. «Les personnes déplacées de Tinzaouatène, qui ont dû tout abandonner derrières elles, vivent dans un dénuement total. Les gens vivent sous des arbres, dans des maisons abandonnées ou encore dans des carcasses de camions. Ils manquent surtout de vivres. Les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables», explique Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger. Dans cette région aride, les personnes déplacées doivent absolument être approvisionnées en eau potable. «Les femmes et les enfants ne parviennent même plus à traverser la frontière pour se ravitailler en eau et nourriture», observe Attaher Maïga. Pour leur venir en aide, le CICR et la Croix rouge malienne vont commencer à distribuer des vivres et des articles de première nécessité. Cette action servira aussi à améliorer leur accès à l’eau potable. Le CICR et la Croix rouge malienne vont continuer à suivre de près la situation humanitaire, en particulier dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou, afin d’apporter des réponses adaptées aux besoins des personnes touchées par le conflit, en accordant une attention particulière à ceux des personnes déplacées. À cause du conflit, de nombreuses familles ont été séparées et se sont dispersées à l’intérieur du Mali et au-delà des frontières du pays. La situation de ces familles dispersées a été aggravée ces derniers jours par la coupure des réseaux téléphoniques dans les principales villes du Nord. Le CICR et les sociétés nationales de la Croix Rouge et du Croissant rouge des pays limitrophes s’emploient à réunir les familles ou à les aider à rétablir le contact.
Le respect du droit international humanitaire : un impératif
Le CICR continue de rappeler à toutes les parties concernées par le conflit leurs obligations au regard du Droit international humanitaire (DIH), notamment en ce qui concerne la protection des populations civiles et des personnes qui ont cessé de se battre. «Nos équipes sur le terrain suivent la situation de près et nous prenons très au sérieux toutes les dénonciations de violations du droit international humanitaire. Lorsque les allégations que nous recevons sont confirmées. Nous soulevons ces questions au plus vite auprès des parties concernées, dans le cadre d’un dialogue strictement bilatéral et confidentiel», a conclu Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger.
Paul N’Guessan (Source : CICR)