Sur le plan alimentaire, les Bamakois ont-ils réellement quelque chose encore à envier aux Sikassois ? Certes, Sikasso demeure toujours la région qui produit abondamment des céréales, des fruits, des légumes… accessibles à des coûts très abordables. En fin août 2023, nous avons séjourné dans la capitale du Kénédougou. Et notre constat est que la vie n’y est pas aussi moins chère que dans la capitale.
Nous sommes arrivés à Sikasso avec l’envie de savourer des fruits et légumes qui ne sont pas toujours à notre portée à Bamako. Jadis, la ville était celle où les fruits et les légumes étaient moins chers que dans n’importe quelle autre ville ou région du Mali. En réalité, il y avait tout ce dont nous avions besoin, de la pomme de terre aux choux en passant par l’oignon, les agrumes… Tout était là ! Mais à des prix plus élevés que ceux auxquels nous nous attendions.
Pendant un moment, nous avons été déçus. Mais que faire ? Que pouvait justifier la hausse relative des prix au Kénédougou ? A Bamako si en août nous achetions le kilo de l’oignon à mille francs CFA, de la patate douce à 250 Fcfa le kilo…, nous n’avions désormais plus rien à envier aux Sikassois qui s’approvisionnent presque au même prix. Interrogée, une vendeuse nous a fait savoir que «les choses n’étaient plus comme avant et que la vie est devenue actuellement chère un peu partout». Elle n’en dira pas plus sur la vraie cause de l’augmentation considérable des prix.
Tout récemment, Adama Bakayoko (un grossiste qui se ravitaille en piments dans la région) confiait à nos confrères de la BBC-Afrique faire une bonne affaire à Sikasso. «On le transporte à Gao, Kidal, Tombouctou, au Burkina… Au Sénégal, on peut vendre le kilo entre 4 000 et 4 500 F CFA alors que le kilo se vend sur place à 1150 F CFA…». Témoin de nos échanges avec une dame, un client nous a confié que les vendeuses pensaient avoir «ouvert les yeux». Autrement, elles sont assez éveillées pour comprendre les profits qu’elles peuvent réaliser à partir de leurs marchandises. Mais était-ce pour rigoler ou pour nous donner la vraie raison en sa manière ? «L’époque où tout était moins cher ici, où on envoyait nos enfants les soirs chez les vendeuses de patate douce avec 25 F CFA est révolu», nous ont assuré des vendeuses que nous avons approchées.
Par contre une interlocutrice nous conseille de repasser pendant la période de la récolte des pommes de terre (février-mars-avril) pour pouvoir profiter des prix abordables. Selon elle, c’est la seule période où la pomme de terre locale est très abordable. Elle a également avoué ne pas être surprise que tous les autres fruits et légumes soient vendus presque au même prix à Bamako qu’à Sikasso. Par ailleurs, hormis les denrées alimentaires, s’il y a une chose que les Bamakois pouvaient envier aux Sikassois au moment de notre passage (août 2023), ce serait, entre autres, le coût de la location des maisons qui est très abordable et aussi le manque d’embouteillage que la ville ne connaît pas pour le moment.
Sory Diakité