Cour d’Assises de Bamako : Poursuivis d’association de malfaiteurs, vol qualifié, assassinat, coups mortels et recel de malfaiteurs : Soungalo Diarra, Drissa Konaté, Moussa Diarra acquittés par la Cour – Kasse, Mamadou Kéïta, Famakan Keïta, Diakaridia Camara dit Dia et Mohamed Djiguiba condamnés à 10 de réclusion criminelle

0

La deuxième session de la Cour d’assises de Bamako, en son audience du lundi 11 décembre 2017, s’est prononcée sur l’affaire du ministère public contre Abdoul Karim Coulibaly et autres, poursuivis pour association de malfaiteurs, vol qualifié, assassinat, de coups mortels, recel de malfaiteurs, complicité d’association de malfaiteurs, complicité de vol qualifié, complicité d’assassinat et complicité de coups mortels.

Il ressort de l’arrêt de renvoi que dans la journée du 17 mai 2015, aux environs de 6 heures du matin sur la route de Diatoula, l’équipe de patrouille du Commissariat de police du 10ème arrondissement de Bamako a interpellé Abdoul Karim Coulibaly dit Kasse et Famakan Kéïta. Ainsi, les fouilles corporelles ont permis de retrouver sur eux un flacon de gaz lacrymogène, un pistolet de fabrication artisanale améliorée et une casquette militaire. Des perquisitions effectuées au domicile de Abdoul Karim Coulibaly sis à Sirakoro-Méguétana ont également permis de retrouver une moto volée de marque Djakarta et un sac noir contenant des pièces d’argent.

Interrogé sur des cas récents de braquage, de vol à main armée, d’agression et d’homicide, Abdoul Karim Coulibaly avouera que sa bande a commis plusieurs cas de braquages à travers différents quartiers de la commune VI du district de Bamako. Aussitôt, des recherches engagées par la police en vue de démanteler la bande permettront l’interpellation de Diakaridia Camara alias Dia et Mohamed Djguiba.

Les produits des activités écoulés sur le marché Dibida de Bamako

Par la suite, ces derniers ont déclaré que les produits de leurs opérations étaient écoulés sur le marché par deux receleurs, notamment Moussa Diarra dit Moussa Djougouni, un vendeur de motos au marché Dibida de Bamako et Samba Traoré. Avec ces aveux, la police a tendu un piège à Moussa Diarra en lui annonçant la mise en vente d’une moto volée. Il a mordu à l’hameçon car il s’est présenté au rendez-vous accompagné d’un certain Makan Coulibaly pour passer à la transaction prévue. Pris la main dans le sac, ils ont été arrêtés sur-le-champ et conduits à la police à des fins d’enquête.

Poursuivant les recherches, une descente a été effectuée par les éléments du commissariat de police du 10ème arrondissement renforcés par d’autres services de police au marché Dibida de Bamako, au niveau du parc à motos et de la boutique de Moussa Diarra. Ladite opération aboutira à la saisie de 55 motos, dont 44 de marque Djakarta et 11 de marque Sanili qui ont été toutes acheminées audit commissariat de police.

La perspicacité des limiers a permis de mettre la main sur Samba Traoré, dans la journée du 23 mai 2015, à son domicile sis au quartier Sirako-Méguétana. Selon l’arrêt de renvoi, ce dernier se trouvait être tant un receleur de la bande desdits braqueurs qu’un proxénète.

14 personnes inculpées pour différents chefs d’accusation

Ensuite, le 22 mai 2015, le Commissariat de police du 13ème arrondissement a conduit à celui du 10ème arrondissement Soungalo Diarra et Mamadou Keïta alias Tiken, tous membres de la bande de Abdoula Karim Coulibaly, lesquels étaient d’ailleurs activement recherchés pour les mêmes causes. Interrogés sur la provenance de l’arme à feu de fabrication artisanale améliorée retrouvée entre les mains du chef de la bande, Abdoul Karim Coulibaly, ils ont déclaré qu’ils sont ravitaillés par le soldat de première classe Lamine Keïta, de l’escadron de Kati, en détachement à la Dirpa, non moins grand frère de Famakan Keïta.

L’enquête aboutira au total à l’inculpation de 14 personnes pour, entre autres chefs d’accusation, recel de malfaiteurs, association de malfaiteurs, vol qualifié, assassinat et complicité d’assassinat, coups mortels et complicité de coups mortels.

À la barre, les accusés ont nié les faits à eux reprochés. Aussi, les deux premières personnes arrêtées par la police, à savoir Abdoul Karim Coulibaly et Famakan Kéïta, ont affirmé qu’ils ne se sont jamais connus auparavant.

Les méthodes d’interrogatoire de la police mises en cause

Dans son réquisitoire, le parquet a retracé les faits tels que décrits dans l’arrêt de renvoi. Et de montrer l’évidence que les deux inculpés, Abdoul Karim Coulibaly et Famakan Keïta, se connaissaient bel et bien avant cette opération. Cependant, il a estimé que la police a joué un spectacle en embarquant Moussa Diarra ainsi que 55 motos. À ce titre, il a demandé à la Cour de déclarer Moussa Diarra et Drissa Konaté non coupables des faits de recel et de complicité de recel. Aussi, il a plaidé auprès de la Cour d’abandonner les charges de coups mortels et de complicité de coups mortels retenues contre les accusés. En outre, il a demandé à la Cour de déclarer coupables les accusés des faits d’association de malfaiteurs et de vol qualifié.

Quant à la défense, elle a déploré qu’à la police les accusés aient connu toutes sortes de tortures. Selon elle, c’est sous l’emprise de la torture que les accusés ont avoué les faits. De son point de vue, dans ce dossier, aucune des infractions n’est établie. “Peut-on parler d’association de malfaiteurs entre des personnes qui ne se sont jamais vues ?”, s’est-elle interrogée.

Dossier mal monté et truffé d’embûches

Elle ajoutera que les accusés sont tous sous mandat de dépôt depuis juillet 2015 donc les cas de vol de décembre 2015 ne les concernent pas. “Monsieur le Président, vous constatez avec moi que dans ce dossier il y a trop de zones d’ombre, trop de doutes. Veuillez les acquitter purement et simplement. C’est un dossier mal monté, truffé d’embûches et bâclé. Dans un procès pénal, l’infraction définitive est à la barre. Dans ce dossier, qui a volé quoi ? Les magistrats ne font pas d’investigations poussées, c’est pourquoi ce dossier manque forcément de preuves”, ont conclu les avocats de la défense.

Ainsi, à l’issue des débats contradictoires, Soungalo Diarra, Drissa Konaté, Moussa Diarra ont été acquittés. Quant au chef de la bande, Abdoul Karim Coulibaly alias Kasse, Mamadou Keïta, Famakan Keïta, Diakaridia Camara dit Dia et Mohamed Djuguiba, ils ont été condamnés à 10 ans de réclusion criminelle.               

  Boubacar PAÏTAO

 

Accusés d’association de malfaiteurs, vol qualifié et détention illégale d’arme à feu.

Mohamed Touré dit Chineden et Sériba Traoré dit ” Bah la tête ” condamnés à 10 ans de réclusion criminelle

La Cour d’assises de Bamako en son audience du mardi 12 décembre 2017 s’est penchée sur l’affaire du ministère public contre Mohamed Touré dit Chineden, Bassékou Traoré et Sériba Traoré dit Bah la tête, tous accusés d’association de malfaiteurs, de vol qualifié et complicité, de détention illégale d’arme à feu.

Les faits tels que décrits dans l’arrêt de renvoi, il ressort que courant juillet 2014, après la prière du soir à la mosquée Babani sise à l’Hippodrome, en commune II du district de Bamako, Amadou Sacko a pris sa moto Djakarta pour se rendre à son domicile. En cours de route, précisément au niveau du Lycée Luc Sangaré, il a été intercepté par deux individus à moto. Ces derniers ont aspergé Amadou Sacko de gaz lacrymogène en le sommant de leur remettre sa moto Djakarta sous la menace d’une arme à feu. Pour sauver sa vie, la victime a remis son engin et immédiatement les deux malfrats ont pris la fuite. Malheureusement pour eux, dans leur fuite, le téléphone portable de marque Samsung E 2222 appartenant à l’un des malfrats est tombé sur les lieux de l’agression. Lequel a été ramassé par Bakoroba Coulibaly qui, à son tour, a déposé ledit téléphone au Commissariat de police du 3ème arrondissement pour les besoins de l’enquête. Suite aux investigations menées par les limiers et à partir des différentes communications passées sur le téléphone ramassé sur les lieux de l’agression, Mohamed Touré alias Chineden et Bassékou Traoré ont été interpellés par la police.

Bassékou Traoré se disculpe

À l’enquête préliminaire aussi bien qu’à l’instruction, Mohamed Touré dit Chineden a reconnu avoir été en contact avec Sériba Traoré dit Bah la tête au moment des faits car ils se sont retrouvés à la discothèque Tempo à deux reprises, munis d’un pistolet automatique (PA) et d’un pied de biche. A l’occasion, ils se faisaient accompagner de Bassékou Traoré. Tandis que Sériba Traoré a nié entièrement les faits. Quant à Bassékou Traoré, il s’est réfugié derrière son âge relativement jeune pour se disculper.

Il ressort de l’audition de la partie civile que Sériba Traoré dit Bah la tête et Mohamed Touré dit Chineden étaient sur la même moto. Au moment où l’un l’agressait pour lui retirer sa moto, l’autre l’aspergeait de gaz lacrymogène. Il s’agit donc d’une action commune des coauteurs pour arriver à leurs fins.

À la barre, les deux inculpés ont nié les faits. Toutefois, Mohamed Touré a reconnu être en possession d’une arme à feu et d’un pied de biche au moment de son interpellation. Selon lui, ces outils appartiendraient à un certain Bah la tête qui serait différent de Sériba Traoré en train de comparaître avec lui. Quant à Sériba Traoré dit Bah la tête, il a affirmé ne jamais rencontrer Mohamed Touré, son coaccusé dans cette affaire. À le croire, au moment des faits, il était en prison pour des cas de vol de téléphones portables.

Le ministère public, dans son réquisitoire, a balayé d’un revers de main toutes les argumentations avancées par les deux accusés. Selon lui, ces deux personnes étaient bel et bien en contact au moment des faits. Et de demander à la Cour de les retenir dans les liens de l’accusation en les condamnant à 20 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs, vol qualifié et de détention illégale d’arme à feu.

Bassékou Traoré condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité

La défense a plaidé pour l’abandon des charges relatives à l’association de malfaiteurs et de vol qualifié contre Mohamed Touré pour insuffisance de preuves. Mais a tout de même plaidé coupable pour la détention illégale d’arme à feu. Cependant, il a demandé à la Cour de lui accorder les circonstances atténuantes. Dans son plaidoyer, elle a exhorté la Cour de libérer purement et simplement Sériba Traoré dit Bah la tête car, selon elle, à la lumière des débats, Mohamed Touré qui était en possession du PA et du pied de biche dit n’avoir aucun lien avec son coaccusé. Après les débats contradictoires, la Cour les a retenus coupables des chefs d’accusation en les condamnant à 10 ans de réclusion criminelle. Quant à Bassékou Traoré, il a été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité.

                                                                                       

Boubacar PAÏTAO

Commentaires via Facebook :