Aujourd’hui, si un évènement social, et politique défraie la chronique et qui mérité qu’on s’y arrête et qu’on y réfléchisse très sérieusement, c’est bien la résurgence et la stigmatisation du Code malien. Et finalement, nous nous demandons au nom de quel impératif d’urgence s’imposait aujourd’hui cette levée de bouclier contre un Code déjà promulgué, applicable seulement aux Maliens et qui n’attend que son décret d’application.
C’est avec une grande surprise, une profonde affliction et consternation que la Communauté musulmane du Mali a appris la plainte de l’APDF et son partenaire IHRDA au mois de juillet 2016 devant la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples contre le Code malien des personnes et de familles, promulguées le 30 décembre 2011. Quelle provocation, quelle agression et quelle atteinte regrettable contre notre souveraineté ?
Les mobiles de cette attaque du Code devant cette juridiction continentale étaient motivés par le fait que ce document contienne plusieurs dispositions qui vont à l’encontre des normes du protocole de Maputo ratifié par notre pays en 2005.
Les argumentaires biaisés et fantaisistes utilisés par les plaignants auprès de la Cour contre le Code malien des personnes et de la famille étaient entre autres : que les lacunes du Code malien des personnes et de la famille permettent des violations généralisées contre les femmes, les filles et les enfants nés hors mariage, comme le mariage précoce et forcé des filles, le mépris de leur droit à l’héritage et le manquement de l’État à éliminer les pratiques et normes traditionnelles qui minent les droits des femmes et des enfants. Ces dispositions ne sont pas conformes au Protocole de Maputo ratifié par notre pays en 2005.
Le paradoxe de cette attaque frontale et de cette haine viscérale contre notre Code des Personnes et de la Famille, c’est ce fallacieux verdict de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples prononcé à Arusha en Tanzanie le 11 Mai dernier, reconnaissant du bien-fondé de cette fanfaronnade féministe comme une violation des dispositions du protocole de Maputo par le Code malien. Et comme arme d’intimidation et de pression, cettea Cour a ordonné au Mali de réviser ledit code pour se conformer à ses obligations internationales émanant des instruments juridiques susmentionnés… ».
En apprenant ce verdict, nous avons cru rêver, car bien que nous soyons régulièrement confronter à des cas de déculturation et de dénégation véhémentes, nous en avons rarement rencontré un aussi flagrant, pour ne pas dire scandaleux.
Ainsi, cette plainte de l’APDF contre le Code malien des Personnes et de la Famille n’est ni anecdotique, ni neutre. Elle est symbolique d’une vision de société qui se prépare à renier sa culture et sa foi pour entrer dans le moule d’une culture dominante et uniformisant. Globalisation oblige.
Sinon, quelle est donc l’importance ou l’utilité d’un protocole comme celui de Maputo qui foule de pieds toutes nos valeurs traditionnelles et religieuses jugées comme obsolètes. Notre pays, initiateur de grands textes comme la Charte de Mandingue et la Charte de Kourou Kan Fouga entre autres n’a pas à recevoir de leçon de conduite de quoi que ce soit. Le côté funeste, c’est d’ailleurs le premier procès dans lequel la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples s’est prononcée sur la violation du Protocole de Maputo : ce Coran des féministes, cette Thora des complexés, et la bible des renégats.
De ce fait, notre première réaction est la condamnation ferme et avec la dernière rigueur ce verdict irresponsable, irrespectueux, et répugnant d’une part. Mais encore, affirmer que ce verdict est une grossière provocation portant atteinte à l’honneur, à la dignité, et à la souveraineté de tout un peuple d’autre part. c’est dommage pour notre pays, lorsque des associations censées défendre les droits des femmes vont en croisade avec des partenaires étrangers contre un code voté et promulgué pour le bonheur du peuple malien. Ainsi, pour l’atteinte de ces objectifs inavoués, ces associations sataniques ont donné volontairement par malhonnête et par subordination, des informations tronquées sur notre Code où le mensonge par omission volontaire est roi. De tous petits détails sont grossies à outrance, et les données essentielles escamotées et ostracisées.
Pourquoi tant de remue ménages, d’amalgames délibérés, de stigmatisations exacerbées, de volte-face, de sorties incendiaires et frontales contre un code conçu, voté, promulgué, et accepté par tous les segments de la société malienne et applicable aux Maliens. À l’exception de quelques féministes égarées, acquises à la cause de destruction de nos valeurs sociétales et religieuses normatives et qui n’ont pas d’autres repères que le mimétisme occidental, ce Code est le grand acquit de la Société civile malienne de l’ère démocratique. Et si c’étaient les religieux qui avaient adopté ce comportement contre la loi sur le genre, récemment voté et décret d’application pris, ce serait le haro.
Depuis l’adoption de ce prestigieux document : ce Code, nous sommes tympanisés, ébahis, abasourdis et ébaubis par certaines réactions et prises de positions étonnantes.
D’abord, la France colonisatrice à travers son ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, qui au cours d’une visite au Mali a fait une déclaration qui a fait tressaillir la Société civile et spécifiquement Communauté musulmane du Mali. « Ce moment précis de l’histoire du Mali de reconstruction, un moment inédit est le moment idoine pour se renforcer en ce qui concerne la promotion des droits des femmes, a affirmé la ministre. Et donc, les temps qui vont venir vont être des temps utiles pour justement porter un certain nombre de sujets qui ont pu être considérés aujourd’hui comme insatisfaisants par les défenseurs des droits des femmes, comme le code de la famille ».
Après, ce fut une délégation suédoise en séjours au Mali et suite à une séance de travail avec les députés malien, revient sur la même chanson : la révision du Code malien.
Ensuite par le Ministre malien de la justice et des droits de l’homme Me Mamadou Ismaïla Konaté, qui dans une correspondance écrivait ceci « En vue de corriger les insuffisances révélées de la loi 2011-087 du 30 décembre 2011 portant Code des personnes et de la famille , le Ministère de la Justice et des Droit de l’Homme a initié un processus de révision des dispositions relative à l’adoption internationale, aux modalités pratique du mariage religieux et à l’acquisition de la nationalité malienne par voie de naturalisation ».
Et enfin, cette plainte de l’APDF devant une juridiction continentale : la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Cette dernière à travers un fallacieux verdict de révision du Code malien s’est engagé dans une voie de violation flagrante des règles démocratiques : l’expression de la majorité d’une part. Mais plus grave, c’est d’obligé un pays souverain à appliquer un protocole dont la population n’a jamais été associé ni en amont ni en aval. Le protocole de Maputo par son application intégrale dénaturera notre culture à coup d’emprunts, et d’influence étrangère ne relevant pas d’un processus de métissage culturel, mais d’une intention délibérée de modifier un patrimoine pour mieux imiter le modèle du colonisateur d’autre part. Chose que nous refusons catégoriquement.
Les réelles motivations sont connues. Parce que le nouveau Code de la famille, adopté le 2 décembre 2011 par notre Assemblée nationale, est perçu comme une déception pour l’occident et ses marionnettes muées en défenseurs des Droits des femmes. Le texte final du Code adopté a supprimé et modifié les articles jugés par l’Occident et ses sbires comme progressistes en faveur notamment des femmes. Dans leur entendement, le texte promulgué en 2012 a été épuré de tous les droits nouveaux qu’une première version avait d’abord envisagé d’accorder aux femmes.
Il faut aujourd’hui avec tout le courage et la ténacité d’une Société civile forte remonter le courant et, sans sombrer dans des considérations bolchéviques sauvegarder notre identité culturelle qui fait partie du patrimoine de l’humanité par le maintien de ce Code consensuel et applicables à nous Maliens. Il s’agit de valoriser autant que faire se peut par la conformité de nos législations avec nos valeurs de société. Plus question d’un Code « made in Europe » au Mali.
Quant aux soit disant organisations de droits des femmes, ces féministes complexées, nous leur dirons que le Mali n’est pas à vendre. Ce code promulgué est le fruit de la concertation et de la consultation de tout un peuple qu’aucune structure ne peut mettre en cause si la démocratie signifie la volonté du peuple. Malheureusement, quand on pense avec la tête du Maitre, il n’est pas choquant que l’on se renie.
Blaise Pascal écrivait : « Qui trop veut faire l’ange fait la bête ». Ainsi, à force de pousser les feux sur la question d’une révision forcée du Code des Personnes et de la Famille, l’APDF a franchi la ligne qui sépare la lucidité de la passion. Or, un adage malien nous interpelle en ceci : « A vouloir être de plus en plus tranchant, le couteau finit toujours par fendre son fourreau ».
Nous nous battrons avec tous les moyens légaux afin de nous libérer de l’emprise maléfique et hautement préjudiciable de l’Occident et de ses institutions marionnettes dites internationales, qui n’obéissent qu’à la pensée unique et aux valeurs identitaires et culturelles prétendument universelles.
La révision du Code des personnes et de la Famille exigée par la Cour Africaine des Droits de l’Homme est une manœuvre dilatoire et de diversion, un affront, et une insulte à nos valeurs sociétale et religieuses normative, à notre souveraineté. Il est temps pour les maliens et maliennes de se lever pour agir en vue de sauver la patrie en danger. Il importe de compter d’abord et avant tout sur nous-même dans la dignité et dans la détermination jusqu’au sacrifice ultime. « Une chèvre acculée peut mordre dangereusement », d’après un adage de chez nous. A bon entendeur ! Salut.
Mohamed KIMBIRI Président Collectif des Associations Musulmanes du Mali