Les coups de la vie : Pauvres enfants !

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Je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi ma voisine était aussi méchante et haineuse pour son prochain. Jamais je n’avais connu de personne aussi ignoble de toute ma vie.Assetou  était ma voisine depuis quatre ans.Dans notre cour commune, elle n’avait réussi à se familiariser avec personne.Elle vivait avec sa fille de 10 ans environ et 8 autres filles qu’elle avait ramenées du village, pour vendre de l’eau glacée à la gare routière d’Adjamé. Son business était florissant. Chacune des filles faisait 7à 8.000 francs de recette  par jour. Assetou avait démissionné de son boulot de secrétaire où elle avait 150.000 francs de salaire mensuel, pour se consacrer à ce commerce.

Le hic, c’est que ces petites filles qui avaient, pour la plupart, entre 12 et 15 ans et employées par Assetou, étaient mal traitées. Elle les battait et les injuriait à longueur de journée. Elle n’avait aucun répit.Dès qu’elles revenaient du marché après avoir épuisé leur marchandise, Assetou exigeait qu’elles repartent aussitôt. Sinon elles devaient subir sa colère. Elle n’hésitait pas à se servir d’une barre de fer pour les battre. Tout le voisinage était témoin de ce que vivaient ces pauvres enfants, mais personne ne s’en mêlait. Assetou donnait l’impression de vivre seule au monde.Elle n’avait cure de ce que pensaient les autres.

Elle s’asseyait toujours au même endroit dans sa grande chaise en bois, à attendre que ses employées reviennent. Chacune des filles avait droit à 100 francs par jour pour se nourrir. Les soirs, elles mangeaient toujours du riz à la sauce d’aubergine. Elle cuisinait cette sauce, une fois par semaine. Lorsque la sauce tenait à finir avant la semaine, elle ajoutait de l’eau et du sel. Toutes les affaires personnelles des filles étaient rangées dans la cuisine.

Elles n’avaient pas le droit  d’entrer dans son salon, pour regarder la télé, encore moins, dans sa chambre. Toutes les nuits, Assetou s’asseyait dans sa chaise, sa barre de fer en main. Elle surveillait ainsi le travail des filles. Celles-ci mettaient l’eau dans les sachets plastiques, qu’elles attachaient et mettaient dans les congélateurs, pour les vendre le lendemain. Assetou veillaient à ce qu’elles ne somnolent pas .Celles-ci qui avaient le malheur de le faire, étaient ramenées à l’ordre par la barre de fer de la patronne. Sa propre fille n’appréciait pas le traitement que sa mère infligeait à ses employées. Elle a fini par la quitter pour aller vivre avec son père, car sa mère ne voulait pas qu’elle communique avec ses filles.

Lorsqu’elle s’absentait, certains voisins donnaient soit à manger, soit de l’argent aux filles, par compassion. C’est ainsi qu’un jour, l’une d’elles a été surprise par la patronne alors qu’elle attachait 500 francs au bout de sa pagne. Elle les avait reçus d’un des voisins.Parce qu’elle refusait de dire la provenance de cet argent, Assetou en a conclu qu’elle l’avait volé. Elle lui a badigeonné le corps avec du gingembre et du piment qu’elle avait pris le soin d’écraser. Ensuite elle l’a enfermée dans les toilettes. Pendant plusieurs heures, la petite pleura. C’était insupportable. Nous avons fait bloc ce jour-là, puis nous avons interpellé le propriétaire de la cour. Il devait agir et ne pas laisser cette dame continuer de maltraiter ainsi ces enfants. L’une d’elles nous a confié qu’elle était du même village et qu’Assetou avait promis à leurs différentes familles qu’elle les mettrait à l’école. Elle est allée jusqu’à verser la bouillie chaude sur l’une d’elle sous prétexte qu’elle avait tardé au marché. Il m’arrivait de pleurer lorsque je voyais ma grosse voisine traiter ainsi ces innocentes. Surtout que je n’avais pas d’enfant.

J’ai essayé une fois de lui faire entendre raison. Nous avons failli en venir aux mains.

Elle m’a simplement demandé de m’occuper de mes affaires en cherchant plutôt à me faire engrosser par mon mari. J’ai eu très  mal, mais il faut reconnaitre aussi que je l’avais bien cherché.

Un soir, les filles n’étaient pas rentrées à la maison. Elles avaient toutes disparu avec leurs recettes journalières et leurs glacières. Assetou les attendait de pied ferme devant la cour, convaincue qu’elles reviendraient et qu’elle leur donnerait une correction méritée. Jusqu’au matin, aucune d’elle n’est revenue. Elle a donc compris qu’elle était victime d’un complot. Furieuse, elle est allée porter plainte pour vol et abus de confiance. Plusieurs jours sont passés sans que les filles ne refassent surface. Nous étions tous heureux qu’elles soient enfin parties.

Deux semaines plus tard, Assetou a ramené trois autres filles. Celles-ci n’ont tenu que cinq jours. Elles n’ont pas supporté le traitement d’Assetou.Elle en recruté 4 autres. Dès qu’elle est sortie le matin, de commun accord, nous les habitants de la cour commune, leur avons fait part de ce qui les attendait. A son tour, elles étaient toutes parties. Nous avons décidé de ne laisser aucune adolescente subir les maltraitances de cette mégère.

Après plusieurs mois sans adolescentes à exploiter Assetou à commencer à perdre du poids. Elle ne mangeait plus du poulet et autres gourmandises, qu’elle s’offrait grâce au travail des filles. Elle n’arrivait plus à payer son loyer. Isolée sans argent, elle rasait désormais les murs. Après un sursis d’une année, le propriétaire de la cour a fini par l’expulser. Personne n’a compati car elle avait été trop cruelle avec ces enfants. Elle est partie en pleurs, au grand soulagement de tous.

Il y’a quelques temps, nous avons appris qu’elle était retournée en famille où personne ne la supporte  d’ailleurs. En ce moment, elle se serait lancée dans la vente d’éponges au marché d’Adjouffou. Elle  serait très malheureuse…

Diane

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