Dans le but de justifier son second coup d’Etat, le colonel AssimiGoïta, vice-président de la transition, a produit un communiqué au lendemain du putsch. Sans hésiter, il met en cause le président de la transition Bah N’Daw. « Suite à une crise de plusieurs mois au plan national prenant en compte des grèves et manifestations diverses des acteurs sociaux et politiques, le gouvernement dirigé par Moctar Ouane s’est montré incapable de constituer un interlocuteur fiable, susceptible de mobiliser la confiance des partenaires sociaux », souligne le communiqué.
Ensuite, l’auteur du coup d’Etat a indiqué que dans la foulée et de façon unilatérale, le président de la transition a accepté la démission du gouvernement et reconduit immédiatement le Premier ministre avec pour mandat d’aller à la formation d’un nouveau gouvernement. La conséquence a été une consternation générale marquée par la persistance des grèves de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), dont l’issue est finalement une grève illimitée. Cet état de fait constitue une véritable asphyxie de l’économique malienne et partant, la garantie d’une instabilité aux conséquences incommensurables.
La crise de confiance va se compliquer davantage avec la constitution d’un nouveau gouvernement par le Premier ministre nouvellement reconduit. Assimi n’a pas digéré que Moctar Ouane ait établi une liste des membres du gouvernement en accord avec le président de la Transition sans concertation avec le vice-président, en charge des prérogatives à lui conférées par la charte, à savoir la Défense et la Sécurité. « Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la transition et du premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition, contrairement au serment prêté lors de son investiture le 25 septembre 2020 », ajoute le communiqué.
Selon le communiqué, Assimi a fait diverses interpellations et négociations auprès des chefs d’Etat de la sous-région et de certaines chancelleries présentes au Mali en vue d’amener le Président de la transition et le Premier ministre à respecter les prescriptions de la Charte de la transition. Le vice-président de la transition s’est vu dans l’obligation d’agir pour préserver la Charte de transition et défendre la République en mettant fin aux prérogatives le Président et son Premier ministre ainsi que toutes les personnes impliquées dans la situation.
Le problème, c’est que Assimi lui-même a délibérément violé la Charte de la transition en s’arrogeant le droit d’arrêter le président Bah N’Daw et Moctar Ouane. Beaucoup de citoyens ont reproché cette méthode musclée de la part du vice-président. En réalité, il y avait une crise de confiance au sommet de l’Etat entre les auteurs du coup d’Etat du 18 août 2020 et les autorités civiles de la transition.
Le moins qu’on puisse dire est que le peu de crédit qu’avait la transition s’est volatilisé le 24 mai avec l’arrestation du président Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane. Les causes immédiates, c’est l’éviction des colonels Sadio Camara et Modibo Koné du nouveau gouvernement formé par Moctar Ouane ce jour-là. Au-delà des principes, il apparait clair que l’armée malienne est devenue aux yeux de beaucoup une milice dont les membres s’autorisent tout ce qu’ils veulent au détriment de la loi et du pays.
Nampaga KONE