Ils doivent être particulièrement contents, les « amis » de l’ancien président, Amadou Toumani Touré, réfugié à Dakar depuis avril 2012 après une fuite peu glorieuse. En effet, la commission parlementaire ad hoc chargée d’examiner le cas du président déchu n’a trouvé aucune preuve de sa responsabilité dans le délitement des forces armées et de sécurité. Ils sont d’autant plus contents que quelques jours plus tôt, avant même la fuite parlementaire qui leur a permis de savoir que si ATT n’est pas innocenté il n’y a cependant aucune preuve contre lui, ces « amis » avaient animé une conférence de presse pour demander aux autorités d’organiser le retour au bercail de l’enfant prodigue. Ils étaient tous là ces curieux amis, ceux qui, craignant des représailles ont rejoint les pires adversaires d’ATT avant de se raviser, ceux qui, comme des rats, ont abandonné le navire Pdes aux premières bourrasques et vagues, ceux qui avaient perdu tout espoir de revoir un jour le mentor. Ce jour, la Maison de presse qui a servi de cadre à la conférence, dans le lot, il y avait les serpents (crotales, vipères, python, etc.). Mais aussi les aigrefins (charlatan, sorcier, magicien, etc.) Bref, tous ceux qui ont intérêt à un retour d’ATT et qui ont compris que l’exil ne pourrait pas durer. Mais quel intérêt ? Celui de voir un ancien chef d’Etat rentrer dans ses droits, celui de voir un citoyen malien savourer sa retraite, celui de voir ATT retrouver les siens? Pas sûr, ces « amis » se soucient très peu de telles considérations. En réalité, leur amitié est guidée par la fortune de l’infortuné exilé qui, tout au long de ses deux mandats, est parvenu à créer ou à entretenir d’importants réseaux politico-financiers dont profitaient ces amis. Si ATT a fui, l’argent et les coffres sont restés et ces amis le savent, il faut que l’ancien chef d’Etat revienne pour que chacun en profite.
Ils ne sont pas les seuls à savoir qu’ATT a encore du blé. Le Grand pansu penseur (GPP) et ses amis aussi le savent, et plus que jamais ont besoin du magot d’ATT. Ce n’est pas pour rien que le serpent a demandé à GPP de s’investir personnellement afin que le fugitif revienne, c’est parce qu’il en avait discuté ensemble auparavant avec de grands Tisserands. ATT, pendant des années, a été généreux et charitable envers GPP, il l’a assisté pendant la période des vaches maigres l’a écouté prêcher dans le désert. Pourquoi ne le ferait-il pas maintenant que Bretton Woods et les PTF contrôlent les moindres dépenses publiques ? Pourquoi ne le ferait-il pas maintenant que même le container privé qui vient chaque mois d’Europe est inspecté soigneusement pour savoir s’il n’y a pas importation excessive de toutes ces petites choses à consommer avec modération et que lui envie Lance ? Non, ils ne sont pas les seuls à savoir, ils sont juste les dindons de la farce, trop pressés de se refaire une santé financière afin d’affronter les prochaines élections. Mais ATT est-il facile à déplumer comme auparavant ?
Cheick Tandina