De déception en déception, le peuple malien désorienté, en tout cas, c’est le moins que l’on puisse dire.
J’ai entendu dire que le jour du coup d’Etat contre le père de l’indépendance, Modibo Keita pourtant visionnaire et leader incontesté, une grande partie de la population s’est réjouie. Modibo est traité de tyran qui affame son peuple et autres. Des décennies après, le général Moussa Traoré qui mit fin à ce régime, acclamé comme héros pendant un temps a été, à son tour, renversé. Il était, à son tour, accusé de dictateur sanguinaire. Le peuple est encore descendu dans les rues pour remercier le putschiste ATT de l’avoir libéré des griffes du démon. L’habitude étant une seconde nature, il sera, à son tour, chassé comme un mal propre. Ses gloires et réalisations d’hier ont été complètement ignorées. Il est abandonné de tous et contraint à l’exil. Dans un monde d’hypocrisie, la perte de l’un engendre toujours la réussite de l’autre. Alors, un nouveau messie venait subitement de naître : Amadou Haya Sanogo. En moins de 24 h, Bamako s’est transportée à Kati. Ainsi, suivra une vague d’allégeance. A la différence des autres, son règne a été de courte durée. Il croupit présentement en prison loin de Bamako. Pendant ce temps, un homme sans histoire vient au secours de la nation en perte de vitesse, le professeur Dioncounda Traoré. Il sera humilié, tabassé et laissé pour mort. Qui pour sauver la mère patrie ? Le peuple semblait être désorienté. Ainsi, arriva IBK, le kankelentigui. Pour le peuple, le changement était proche, il était là, le changement c’est IBK. Il est élu sans surprise à la plus belle manière possible. Mais hélas! Le pou étant le meilleur ami du singe, ne tarda pas à occuper sa place. Le messie annoncé est devenu la risée de tous. Insulte, calomnie, méchanceté… Tous les moyens sont bons pour l’anéantir. Entre temps, celui qui avait été chassé comme la peste revient dans une gloire indescriptible. On regrette son départ et vante ses réalisations. Bon, on cherche toujours un sauveur. D’où viendra-t-il? C’est un mystère et le mystère, seul Dieu sait le percer. En attendant, il est bon de chercher le mal ailleurs car quand on n’a pas la solution à un problème, c’est qu’on fait partie du problème.
Amadingué Sagara