Coordination malienne des organisations démocratiques (COMODE) : Ali Nouhou Diallo tire sa révérence dans la retenue

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Pr Aly Nouhoum Diallo

Le Pr. Ali Nouhou Diallo n’est plus le président de la COMODE. Il a rendu le tablier de cette sentinelle démocratique, Samedi, à l’ouverture de l’assemblée de renouvellement de son instance dirigeante. Le processus, selon nos sources, n’est pas arrivé à son terme car les animateurs du mouvement se sont quittés sur la décision de le laisser décapité le temps de dénicher une personnalité consensuelle de trempe du Pr A N Diallo. Celui-ci s’est illustré par un discours d’adieu très pathétique qui rappelle les péripéties du combat de la COMODE contre les injustices sociales, l’occupation du pays, la présence biaisée de la communauté internationale, le putsch du 22 Mars 2012, puis la tentative de révision de la constitution par Amadou Toumani Touré. L’ancien président de l’Assemblée nationale, connu pour le courage de ses opinions à toute épreuve, aura été muet sur cet autre projet de révision constitutionnelle engagée dans la procédure législative. La retenue inhabituelle du président démissionnaire de la COMODE sur une question aussi sensible s’expliquerait-elle par les soupçons de son appartenance aux mouvements  velléitaires du centre du pays. Nous vous proposons in extenso le contenu de son adresse d’adieu.

 

Camarades militantes et militants de la COMODE ;

Avant de commencer mon propos, je pense à tous ceux qui nous ont quitté après de rudes combats pour la libération des peuples africains, à l’instauration de la démocratie, l’unité africaine, la cohésion sociale, la paix en Afrique et dans le reste du monde, où se déroule, par ci, par là des guerres tragiques, fratricides, suscitées par les mêmes causes que depuis toujours.

A tous ceux qui sont tombés en Martyrs pour ces causes ci-dessus, je vous demande de leur rendre hommage, débout, dans le silence, en priant pour le repos de leurs âmes, selon la croyance de chacun et de chacune.

A la fin de l’année 2009, les démocrates maliens décidèrent, sur proposition d’un de leur jeune militant Mohamed THIAM, de commémorer désormais la Marche Unitaire du 30 décembre 1990. Pour ce faire, il est apparu nécessaire de ranimer la Coordination des associations et organisations démocratiques qui, par la mobilisation de leurs militants, eurent raison de la dictature militaro-politique du CMLN/UDPM. Cette dictature prit fin grâce à l’insurrection populaire entamée les mains nues, en janvier février et parachevée le 26 mars 1991 par l’intervention de l’aille républicaine et démocratique des forces armées et de sécurité. A la fin de l’année 2009, les démocrates maliens ont pris conscience du risque de graves dérives démocratiques et décidèrent de mettre en place un instrument d’éveil de conscience, de sentinelle de la démocratie gardienne du temple. C’est ainsi que le 10 janvier 2010 fut portée sur les fonds baptismaux la Coordination Malienne des Organisations Démocratiques (COMODE), qui finit par regrouper 18 associations avec comme noyau l’AJDP, le CNID, l’ADEMA, l’ADIDE, la JLD, l’ADVR, le COFEM, l’AMS-UNEEM, l’ADJ, le CRS, l’OED, l’AFJM.

Sept années se sont depuis écoulées, la COMODE s’est efforcée de suivre avec beaucoup d’attention, beaucoup de vigilance les différentes gouvernances que le Mali a connues. Elle s’est attachée à féliciter les dirigeants de la république du Mali quand ils le méritaient, à se démarquer voire à condamner des actes anti-démocratiques posés par les gouvernants. Elle s’est souciée aussi de la démocratie sociale et à épouser la cause des déguerpis, des délogés etc. Ce qui a renforcé les rangs de la COMODE. La situation économique et sociale que vit le peuple malien a préoccupé la COMODE, qui a souvent dénoncé la vie chère connue par toutes les ménagères du Mali. La COMODE a été mise à rude épreuve par certaines crises et notamment celle qualifiée de multi-dimensionnelle. En effet, la COMODE s’est élevée vigoureusement contre le texte de révision constitutionnelle initiée par le président Amadou Toumani TOURE bien qu’il soit issu du mouvement démocratique malien.

 

La COMODE durant ses sept années par des meetings, des marches, des conférences-débats, s’est élevée contre les constitutions autocratiques, contre la partition du pays, contre la politique de deux poids deux mesures des occupants du pays la MINUSMA et Barkhane. Toutefois, certaines associations membres ont cru devoir se démarquer de la position d’ensemble de la Coordination, pour soutenir la constitution initiée par le président Amadou Toumani TOURE. Cette prise de position contre celle de la Coordination a entrainé des secousses non seulement au sein des associations membres de la Coordination, mais aussi a entrainé des demandes même d’exclusion des ces associations. La crise a été surmontée par la sagesse des uns et des autres, par la prise de conscience de la nature réelle de la Coordination qui n’est pas un mouvement unitaire, encore moins un parti politique. La COMODE a connu aussi des moments difficiles lors du coup d’état du 21 mars 2012 proclamé officiellement le 22 mars. Car, certaines associations membres ont eu de grandes difficultés à condamner ce coup d’état qui est pourtant reconnu comme un crime imprescriptible selon la constitution du 25 février 1992. Mais encore une fois, l’expérience, la combativité, l’héroïsme même des militants des associations membres de la COMODE ont triomphé et la crise a été surmontée. C’est ainsi que des militants des associations de la Coordination se sont retrouvés le 22 mars 2012 à 08 h devant l’Hôpital Gabriel TOURE pour effectuer la marche funèbre en direction du Carré des Martyrs où reposent pour l’éternité les combattants de la liberté tombés lors des folles journées des 22, 23, 24, 25 mars 1991, pour y déposer une gerbe de fleurs sans la présence des autorités du jour. Après le dépôt de la gerbe de fleurs, les marcheurs se sont rendus à la Pyramide du Souvenir pour y rédiger et adopter une déclaration condamnant fermement le coup d’état perpétré par l’équipe du capitaine Amadou Aya SANOGO, signifiant ainsi que le 22 mars 1991 ne mourra jamais. Le 26 mars 2012, encore une fois, seuls les militants des associations membres de la COMODE se sont retrouvés au Monument des Martyrs renforcés par l’AEEM pour y déposer la gerbe de fleurs en hommage à tous les Martyrs tombés au Mali pour qu’il soit indépendant, pour qu’il se démocratise, pour qu’il connaisse le progrès social. Au demeurant la COMODE a coordonné durant ces sept années les activités de  commémoration de la semaine des Martyrs. Il est seulement regrettable qu’il n’ait pas été possible durant les sept années de se mettre d’accord sur le contenu des discours tenus lors du dépôt des gerbes de fleurs au Carré des Martyrs et au Monument Cabral. Il faut aussi regretter que la vie des associations membres soit réduite aux activités de commémoration de la Semaine des Martyrs pour la plupart des associations membres. Toutefois, la COMODE a justifié durant ces sept années la nécessité de son existence pour qu’il y ait toujours des sentinelles de la démocratie, des gardiens du temple de la démocratie. Pour que ces gardiens du temple se perpétuent, il est nécessaire que l’éducation, la formation au sain de la COMODE soit renforcée. Il est nécessaire que la direction de la COMODE soit composée de patriotes ardents, d’hommes intègres dédiés au peuple malien et résistant aux différentes sirènes carriéristes.

Camarades membres de la COMODE, je terminerai cette allocution en parlant de la situation sécuritaire qui prévaut à l’Est, nord Est, sud Est et dans le centre de notre pays. Malgré l’Accord de paix signé le 15 Mai et le 20 Juin 2015, le sang coule toujours dans notre pays. A ce jour, le drapeau malien ne flotte toujours pas à Kidal.

Il importe donc et il urge, comme en décembre 1990, que le Mouvement Démocratique Malien trouve les voies et moyens de sortir le Mali de l’impasse dans laquelle il se trouve dans la mise en œuvre de l’Accord de Bamako pour la Paix et la réconciliation nationale, issu du processus de Ouagadougou et d’Alger.

Camarades, au moment où j’ai acquis votre autorisation de diminuer mes tâches en ne présidant plus aux destinées de la COMODE, j’exprime la joie immense que j’ai eue à travailler avec chacun et chacune d’entre vous, en dépit des moments difficiles que nous avons connus. Je vous remercie tous et toutes pour le respect que vous avez eu pur moi, pour l’affection dont vous m’avez entouré. Je vous exhorte à davantage de tolérance les uns envers les autres, à beaucoup de capacité d’écoutes de l’autre, à la certitude que la COMODE sera justement riche de vos différences, pourvu que le souci de chacun d’entre vous, de chacune d’entre vous soit le Mali. Pardonnez-moi d’avoir été parfois rude avec les uns et les autres. C’est rudesse procède à n’en pas douter de l’affection profonde que j’ai pour chacun et chacune d’entre vous, du souci de vous transmettre ce que la vie m’a appris. Je souhaite beaucoup de courage à la nouvelle équipe et je suis confiant dans la certitude que la capacité de s’indigner, de s’insurger ne mourra jamais au Mali. Je serais toujours disponible si cela s’avérait nécessaire.

Merci pour votre écoute et je déclare ouverte, l’Assemblée Générale de renouvellement du bureau de la Coordination Malienne des Organisations Démocratiques (COMODE).

 

Pr. Ali Nouhoum DIALLO.  

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Tout mon respect pour cet homme d’Etat. Ali restera à jamais une référence pour beaucoup de maliens.

  2. Ce journaliste n est pas serieux. En lisant le titre, j ai eu l impression que le vieux n etait plus…

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