Ce matin du jeudi 17 avril 2014, dans le brouhaha d’un bouchon à l’abordage du pont Fahd, mes oreilles ont eu la prouesse de capter une info qui m’a laissé pantois. Une émission de santé sur RFI recevait comme invité, tenez-vous bien…le seul pédiatre de Centrafrique (la Centrafrique, pays de 5 166 510 hbts et 622 984 km2). Oui ce pays déchiqueté par une crise jusque là mal expliquée et qui a tous les signes de crise artificielle, étale toutes ses…tristes réalités. Par la suite dans l’émission je saurai que le pays compte en réalité…deux pédiatres. L’invité du jour est le seul opérationnel. Le second pédiatre du pays, lui, est président d‘université et donc hors circuit. N’imaginez pas le sort des enfants centrafricains, même en temps de paix.
Vous me demanderez qu’est ce qui fonde mon incompréhension face à ce chiffre et quels sont mes éléments de comparaison face à la situation du Mali dans ce domaine. Avant qu’on ne me demande de balayer devant ma propre porte, je le fais avec empressement. J’ai eu le temps de composer le numéro d’un pédiatre pour savoir la situation du Mali. Me laissant comprendre que je lui faisais une colle sur le nombre exact de pratiquants de sa spécialité, il a eu la délicatesse de me rappeler pour me dire que le Mali (1.240 192 km2 pour 14 517 176 hbts) ne compte qu’une vingtaine de pédiatres. Dans l’après-midi, il me rappela pour m’annoncer le chiffre de 40. Du simple au double. On ne passera pas sous silence cette absence de chiffres jusqu’entre les mains des acteurs du secteur eux-mêmes.
A vouloir repartir ce nombre entre structures et aires sanitaires du pays, on se retrouve très rapidement avec de la poussière ou du vent.
Voici selon wikipedia la définition de pédiatrie : « La pédiatrie est une branche spécialisée de la médecine qui étudie le développement psychomoteur et physiologique normal de l’enfant, ainsi que toute la pathologie qui y a trait (maladies infantiles), de la naissance à la période post pubertaire où il devient adulte ; c’est la médecine des enfants».
En faisant le ratio population/pédiatre, les centrafricains et leurs 2 pédiatres (1 pédiatre pour 2.583.255) ont de quoi envier les maliens et leurs 40 spécialistes (1 pédiatre pour 362 929,4 hbts, soit 1 et demi pour les 575 253 hbts du cercle de Koutiala), le résultat donne le tournis et frise le SCANDALE. En passant nous évoquons le taux de natalité au Mali qui est de 45,15 naissances/1.000 habitants (estimation 201, index mundi).
Dans un reportage réalisé en 2013, le site d’information en ligne www.journaldumali.com écrivait : « A l’Hôpital Gabriel Touré, le service de pédiatrie est débordé. Les lits d’hospitalisation ne suffisent plus et c’est dans les couloirs que le médecin ausculte les enfants… Selon le directeur, Lanceni Konaté, le taux d’occupation global des lits est de 76%, il peut atteindre 111% en pédiatrie ».
Le récent accord maliano-marocain de construction d’un hôpital pédiatrique à Sébénicoro à Bamako est une réponse mais une portion de début de réponse à ces difficultés.
Laisser moi vous glisser cet autre chiffre dans l’éducation : le Ratio élèves / maître dans les écoles primaires publiques est de 58,6/1 en 2008-2009 et est projeté à 50/1 en 2014-2015.
Ces maigres statistiques soulèvent toutes les interrogations sur nos systèmes éducatifs et sanitaires en Afrique. On peut comprendre ces petits chiffres pour des spécialités comme l’hématologie, la néphrologie, etc. (qui du reste ont toute leur place) mais pas pour la pédiatrie qui concerne le début et la fin de notre développement à la fois individuel et sociétal. J’avoue que cette cécité de nos gouvernants en Afrique depuis 50 est effarante.
Du coup l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement en 2015 ressemble à de l’utopie. Au même moment le Rwanda, en dépit d’un génocide qui l’a marqué il y a juste vingt ans, est crédité de pourvoir la réussir à terme dû.
BOUGEONS-NOUS! Finalement quelle guerre faut-il réussir en ce 21è siècle des crises répétitives, des invasions sournoises, des envahissements sauvages, des exploitations cyniques ? Ca restera toujours pour nous la guerre du développement avec l’homme, l’enfant donc, au cœur de toutes les politiques.
Pour balayer devant ma porte, je partage une anecdote me concernant. En 2001, je fus associé à une équipe britannique de télévision qui tournait un sujet sur le Mali à l’orée de sa CAN 2002. Dans le programme, une interview du président Alpha Oumar Konaré. Après l’enregistrement de l’interview, alors que le président prenait congé de nous, je courus après lui en l’interpellant. « M. le président, j’ai juste une préoccupation à partager avec vous ». Le président s’arrêta pour m’écouter et je m’empressai de lui confier ceci : « je suis étudiant malien au CESTI de Dakar (Ecole de journalisme de l’université Cheick Anta Diop). J’ai fait le concours national d’entrée en 1997 et je suis en terminale. Monsieur le président, nous étions deux à passer au compte du Mali. Depuis 1997 le Mali n’organise plus de concours et nous allons quitter cette école et rien n’est fait pour que d’autres maliens puissent avoir la chance de s’y former ». Le président, après m’avoir écouté, a juste redemandé la précision sur la dernière année d’organisation du concours et me promit de s’enquérir de la question auprès de ses conseillers.
Ce que je retiens, c’est que le concours n’a repris qu’une décennie après au Mali et pendant ce temps la chance que j’ai eue n’a pas été donnée à d’autres de mes compatriotes. Le dépérissement de créneaux viables de formation est aussi une explication des difficultés que notre presse traverse. Et tout cela concourt à freiner le développement global et harmonieux de nos pays.
Nous n’avons pas les bons taux, ni les bons chiffres qui puissent nous rendre fiers de l’évolution de nos pays. Entre mauvaise gouvernance et calamités naturelles, nous n’avons jamais su, en Afrique, où mettre le pied pour avoir la tête haute.
Je ferai un clin d’œil à la récente formation du gouvernement au Mali. Je mettrai de coté les implications politiques au regard des différences politiques des acteurs choisis ; cela pour que ‘’la politique politicienne’’ soit aussi mise de coté afin de faire face aux défis qui se posent à notre pays. Des défis comme nous n’avons jamais connus depuis 1960. L’intégrité de notre pays est menacée avec face à nous des intérêts aussi hétéroclites que puissants entretenus par des lobbies de toutes sortes. L’unité des Maliens est la première des forces que le pays doit compter. Et cette unité ne peut se forger sans un certain délaissement des « égos individuels, politiques et sociaux ».
Si dans cinq ans, nous parvenons à doubler le nombre de pédiatres (de 40 à 80)- je l’espère pour nos frères centrafricains aussi- cela voudrait dire qu’on aura réussi à mettre en place des politiques viables développements et qu’au même moment nous avons enregistré un nombre élevés de techniciens, d’ingénieurs, de médecins, de journalistes, d’enseignants…Ne me dites pas que c’est trop visé ! Pendant ce temps, il nous faudrait de bons maçons, menuisiers, carreleurs, tailleurs. Dans ces corps, allez savoir d’où nous viennent les meilleurs !
Les défis nous n’en manquons pas au Mali. Qu’on nous dise à haute et intelligible voix : maliens de tout le pays, bougez-vous !
Alassane SOULEYMANE
Journaliste
Merci mon frere pour cette contribution. La raison, vous l`avez evoque.c`est l`Egoisme. Je me demande a quoi ces annees de democratie ont servi si on fait le ratio dettes_Dons_subventions/realisations pour le bien etre des maliens. On nous avait promis la sante pour tous en l`An 2000.
Ce article est très édifiant. Il est vrai que le ratio pédiatres/enfants (moins de 15 ans au plan médical)devrait être considéré. Au delà de cette remarque, les chiffres dans notre pays n’ont aucune valeur aux yeux de nos dirigeants.Les chargés du système d’information sanitaire sont de loin les parents pauvres du système. Au lieu de production des statistiques sanitaires, les agents sont peu ou pas formés à la production des rapports. Même le Master de Santé Publique ouvert chez est financièrement inaccessible. Sans formation, rien ne marche.
Journaliste professionnel!!!!!
Très bonne contribution, mais n’en voulez pas au pédiatre qui ignore le nombre exact de ses camarades exerçant au Mali. Il en est peut être de même pour vous. Ce n’est parce que je suis informaticien, journaliste, économistes que je sais le nombre des informaticiens, d’économistes etc.
Tout ce prouve à suffisance que nos pays manquent de statistiques et dans les domaines les plus sensibles.
Aussi, le ratio pédiatre/Population n’est pas un bon indicateur dans cette analyse car toute la population n’est pas enfant. De même que vous avez fait ratio Maître/Élèves, il fallait faire pédiatre/enfant. On allait savoir combien d’enfants seraient pris en charge par un pédiatre.
Très bon article, jeune homme. Tu as tout vrai, il manque de qualité dans tout dans ce pays. Nous sommes du reste devenu l’incarnation même de la médiocrité dans tous les sens.Et tout cela émane simplement du “bradage” de notre système éducatif.Mais cela est sciemment entretenu par nos dirigeants qui veulent réduire la grande majorité à la médiocrité, en créant les meilleures conditions pour juste leurs seules progénitures.Le résultat est déjà là aujourd’hui après 20 ans, le pire est à venir si nous nous ne retournions pas vers les vrais problèmes. Et à mon sens, les vrais problèmes, ce sont ceux de l’éducation, de la santé, de l’alimentation (y compris l’accès à une eau de qualité)cependant,le nœud de tout cela reste la formation de qualité et de masse (du moins la masse critique). S’il faut dédier l’essentiel des ressources du pays à cela, je n’y voit aucun inconvénient car notre devenir en dépend inexorablement. Merci Cher Alassane de susciter souvent de tel débat de qualité.
Bonne contribution,toutefois n’oublie pas que le meilleur a un prix.Avec le favoritisme,la corruption et le bas salaire qui gangrènent notre cher Mali il y sera difficile de fixer ses meilleurs fils et filles aussi patriotes qu’ils (elles) soient.
Très bon article M. Allassane SOULEYMANE, merci pour ces informations et la qualité de cet article, on sent vraiment que vous etes sortis d’une bonne école de journalisme
C’est bien de le souligner mais, les chiffres sont faux, Est ce que toute la population centrafricaine , c’est uniquement c’est des enfants, il a juste fait un ration de la population par rapport au deux médecins!
MERCI…POUR L’INFO TRES BON ARTICLE CONTINUER A NOUS INFORMER SUR LES REALITEES DU MALI…ENCORE BRAVO.
Merci M.Alassane SOULEYMANE.Vous avez tout à fait raison.Même cette année encore, c’est la crème des bacheliers maliens qui se verra octroyer des bourses d’étude pour la France!Parmi eux, il y aura des pédiatres mais qui ne retourneront plus au pays!Mon Korokè-KING, aujourd’hui medecin sans frontière a été formé au frais du contribuable malien à l’ENMP de Bamako: aujourd’hui il exerce entre le Nigéria et les Bahamas…C’est l’immigration choisie.En Afrique, nous sommes tous victimes du manque de fibre patriotique, des gouvernants au dernier des citoyens.Tout le monde parle du Mali, mais personne ne veut se sacrifier pour le pays.Que dieu bénisse le Mali & le général 4* Amadou Aya SANOGO. 😉
C’est ça qui t’a scandalise ? N’importe quoi! Au lieu de conseiller tes confrères de la presse pour publication du nimporte quoi , tu nous scandalise avec ton n’importe quoi.
Tu veux être chargé de mission à la communication au ministre de la santé ?
Bon au cas ou cela se réaliserait , prends le soin de regarder dans le Document du PRODESS, le budget alloué par les PTF à la formation pendant les dix ans du programme. Le problème du Mali, c’est le malien lui même. Un pays égoïste et menteur ne peut que reculer tous les jours. Aujourd’hui, nous sommes dans l’incapacité de nous gouverner.
Alassane Merci et encore merci.Voila pourquoi la population de Hamdallaye se bat pour la sauvegarde de leur maternité Réne Cisse et la construction d’un service de pédiatrie au lieu d’un siège pour la télémedecine (ANTIM)
Slt mon frère Roumans, comment tu vas ? Tu avais disparu toi 😆 😆 Par rapport à ton post relatif au soutien de Alassane à la junte, tu cherches encore à comprendre quoi ??? 😆 😆 😆 le juge Karembe qui avait déménagé de Bougouni à Kati, qu’ est ce que tu lui diras ??? 😆 Dans ce pays, ce que tu vois, tu observes et tu continues à ta route 😆
Enfin quelqu’un qui ose dire qu’il y a une épine au pied des maliens.
C’est malheureux mais c’est comme çà.
Le cas de ce pays frère est peu compréhensible au regard des moyens dont il peut se mettre à disposition.
Mais le Mali lui même est un cas d’espèce; pour ce qui est de la pédiatrie la formation de bons théoriciens est en cours au Mali ,mais il ne s’agit pas d’aller vers le nombre mais vers surtout et aussi la qualité avec les moyens adéquats et la ferme volonté de faire rayonner le nom du pays.
Quant à d’autres spécialités, parce que qu’il faudrait que tout passe par eux, nos maîtres n’ont pas hésité à cadenasser les secteurs quitte à ceux qui auront encore la force de se payer la spécialisation de leurs poches d’y aller et bien sûr ils seront ensuite supplier de revenir au pays pour mieux les desservir. Dans ces conditions , comment cultiver l’esprit patriotique? Quels exemples devront nous montrer aux générations futures? le ministre de la jeunesse doit avoir beaucoup à se dire mais aura t’il été un exemple à suivre?
Moi qui pensais que la Mali ne regorgeait plus des journalists au vrai sens du mot en voila un!Mr Alassane merci pour cette contribution avec des chiffres a l’appui.
Alassane Merci pour la contribution. Seulement moi, je n’ai jamais compris, pour tavoir entendu le dire, pourquoi, tu soutenais le coup d’etat de la bande de Kati. la situation que tu deplores, n’aurait pas pris la diemsion actuelle sans le coup d’etat du 22 mars que tu soutenais. Pour le reste Merci pour ta contribution de qualite.
Enfin combien de journalistes faut-il pour un pays comme le Mali.
Je vous attends M. Alassane
Franchement merci Alassane… C’est ça qu’ on appelle une contribution et une belle… ça nous sort de ces contributions merdiques de chercheurs de place, qui chantent les louanges d’un homme en oubliant les réalités et les maux d’un pays comme le notre. Bravo Mr.. 😯
Merci jeune frère Alassane pour ce plaidoyer citoyen. Bougeons- nous pour changer notre cadre de vie et partant notre Maliba a nous toutes et a nous tous. Hier la fierté, aujourd’hui, c’est avec gène que on se pressente comme malien a l’extérieur. Je n’ai pas honte d’être malien, mais j’ai honte de nos dirigeants, qui une fois élus, n’apprennent rien du passé. Il est certes trop tôt de faire le bilan du Président IBK, mais c’est tout comme. La déception est a la grandeur de l’espoir suscite au lendemain de son élection. Comme ça ne coute rien de rêver et que personne ne peut me l’empêcher, je continuerai de croire que mon pays va changer et changera. Les défis sont énormes mais non insurmontables. Nous n’avons qu’a juste regarder autour de nous , pour nous rendre compte que seul le travail paie. Alors travaillons , mais pour ce faire , chers dirigeants ayez pitié de ce peuple qui vous a tout donne et qui souffre encore par votre faute. Agissez et nous , nous bougerons. N’est-ce pas excellent jeune frère journaliste Alassane. Merci de susciter le débat en nous dormant. Au boulot dirigeants et citoyens lambda.
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