‘’La guerre de l’art contre l’argent’’, ce n’est pas le nom d’un nouvel album, ni le titre d’un long métrage, mais l’expression utilisée par M’Baye Boubacar Diarra, producteur et président de la fédération des artistes du Mali (FEDAMA), pour dépeindre la situation qui coupe le sommeil de nos jours aux artistes, littéraires et auteurs du Mali. A savoir, l’annulation du décret pris en Conseil des ministres fixant les nouveaux droits des auteurs au Mali, par la Cour Suprême sur demande du Conseil National du Patronat Malien. Une décision tombée comme un couperet sur la tête de tous les artistes du Mali, à en croire les conférenciers. En effet, aux dires de M’Baye le fond du problème se situe à un seul niveau. Il s’agit de la disposition de ce décret qui exige aux différentes sociétés de téléphonie mobile de rétribuer aux artistes (BUMDA) en guise de droits d’exploitation des œuvres musicales par leur clientèle, la modique somme de 40 F par mois et par puce vendue, soit 500 F par an et par abonné. « Comment faut-il comprendre qu’on nous refuse ce petit droit au moment ou le kilo de la banane est vendu à 500 F CFA au marché », s’interroge M’Baye Boubacar Diarra. Avant de rappeler que durant les multiples crises que notre pays a vécues récemment, notamment l’occupation jihadiste, les artistes ont été les seuls à maintenir le flambeau allumé, avec des productions pour la paix, et même un téléthon qui a rapporté 25 Millions aux autorités du pays. Malgré tous ces efforts, l’indignation du président de la FEDAMA est sans limite, lorsque selon lui, il constate qu’après le retour à l’apaisement, la haute justice du pays (Cour Suprême) accepte d’annuler un décret, dignement signé par le Président de la République, le 06 Juin 2014 à l’issue du Conseil des ministres et qui consacre les droits d’auteurs aux pauvres artistes maliens. « On va lutter jusqu’au dernier souffle contre le pouvoir de l’argent », promet le responsable des artistes maliens. Car, selon lui, ce n’est que par l’argent que le patronat a attaqué ce décret, que la Cour suprême a annulé en catimini.
« L’heure est grave, le maintien de l’annulation de ce décret serrait une absurdité. On ne sera jamais d’accord avec la justice malienne dans cette démarche » a clamé fort Kary Coulibaly, artiste-comédien, responsable de la FEDAMA, avant de demander à tous les artistes du pays à faire ce combat en commun et dans la solidarité, pour la simple raison, selon ses expressions qu’on veut les asphyxier. « La chien va aboyer et la caravane passera », a-t-il ironiquement lancé.
Dans le même regain de désapprobation d’autres artistes, non moins connus ont crié leur ras le bol. C’est le cas pour Modibo Diabaté, frère cadet d’Abdoulaye Diabaté qui estime que les cas d’injustice faits aux artistes ne datent pas d’aujourd’hui. A titre de rappel, il est revenu sur l’affaire qui l’a opposé à la société BAVARIA, qui a fait usage de son œuvre durant 1 an et 6mois sans un moindre droit, ni entre eux, encore moins devant la justice. D’autres cas ont été aussi révélés lors de cette conférence de presse, comme l’exploitation abusive faite de la chanson de Tou Diakité et de Adama Yalomba pour servir de générique au magazine de PMU-Mali sur la télévision nationale.
Le directeur général du bureau malien des droits d’auteurs (BUMDA), M.Andogoly Guindo, dans un long exposé après avoir détaillé les missions et compétences de sa structure, a fait l’historique du droit d’auteurs au Mali. Dont le tableau est sombre en termes de recouvrement des droits d’exploitation publique et à caractère commercial. Et ce, comparativement aux autres pays voisins comme le Niger ou le Burkina Faso.
Concernant le décret querellé, il dira qu’il a suivi toutes les voies normales, légales et appropriées de 2009 à sa transmission pour son adoption par le gouvernement, le 30 avril 2014 jusqu’à son insertion au journal officiel N°20 du 06 Juin 2014. « C’est après cette publication que ce décret fut attaqué par le conseil national du patronat malien au niveau de la Cour Suprême, dont l’arrêt d’annulation est tombé le 05 février 2015 » a rappelé M. Guindo. Qui n’a pas manqué d’exprimer sa stupéfaction contre cette décision. Compte tenu du fait que ce décret, loin d’être un privilège pour les artistes, tire ses origines d’un dispositif constitutionnel, à savoir l’article 13 de la Constitution du 25 Février 1992, qui garantit le droit de propriété à tous les citoyens maliens.
En tout état de cause, les artistes maliens en communion veulent mener ce combat jusqu’au bout, étant donné qu’un recours en annulation a été formulé contre l’arrêt de la Cour Suprême, mais aussi un grand meeting programmé pour le samedi 21 mars prochain dans l’après-midi à la Pyramide du Souvenir. Sans doute, les artistes maliens pour cette fois-ci sont déterminés à casser la baraque.
Moustapha Diawara
la revolution contre la justice maliennne doit être engagée à tous les niveaux ,par tous les citoyens pour faire degager ces irresponsables de juges
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