Les camps du OUI et du NON doivent montrer leur bonne foi et donner la chance à la démarche actuelle du Président de la République de vouloir conduire le bateau Mali à bon port
Dans le double souci de mieux appréhender la vision des concitoyens et de faire mieux comprendre son projet de révision constitutionnelle, le président Ibrahim Boubacar Keïta a, depuis quelques semaines, initié une série de consultations des forces vives de la nation. Avec toutes les sensibilités, il s’agit ni plus ni moins de parvenir à un consensus sur la révision de la Constitution de 1992 qui ne vise autre chose que des réformes pour la consolidation de notre démocratie et la paix dont le processus est engagé depuis 2013 entre Maliens sous l’égide de la communauté internationale conduite par l’Algérie.
Le Président de la République est convaincu que le dialogue et la concertation demeurent la seule alternative pour résoudre les multiples crises auxquelles fait face notre pays aujourd’hui. A toutes ses rencontres de consultations, le Président ne cesse de rappeler que pour la mise en œuvre de l’Accord de paix, une révision constitutionnelle s’impose. Mais pour gagner ses réformes majeures, le Président de la République a accepté de faire des concessions et donner la chance au consensus dans le processus. À l’issue de sa rencontre avec les familles fondatrices de Bamako et les leaders religieux, le samedi 12 Août 2017, il a accepté leurs doléances de surseoir au projet de révision constitutionnelle et de continuer les concertations jusqu’à l’aboutissement d’un consensus.
C’était également pour le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, l’occasion d’expliquer aux leaders religieux et aux représentants des familles fondatrices de Bamako que la révision constitutionnelle est un impératif. Il a exposé le processus engagé et expliqué clairement que la révision de notre loi fondamentale est un passage obligé pour l’application de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger et pour la réconciliation nationale. Les religieux et les familles fondatrices, à leur tour, ne voient pas de problème au texte jusqu’à justifier un ultimatum, donc expriment leur adhésion au projet, et soutien aux actions du chef de l’Etat.
Ce qui est donc recherché, c’est le consensus mais pas l’abandon. Les arguments juridiques évoqués par les opposants au référendum, notamment l’insécurité, ne sont pas des motifs valables au point d’abandonner la révision qui est impératif voulu depuis des décennies. Le rendez-vous référendaire est légal, dit en substance l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui avait été saisi par les députés de l’opposition.
Ce qui a permis aux familles fondatrices de Bamako et les leaders religieux de rencontrer et obtenir de la Plateforme “Antè A Bana- Touche Pas à ma Constitution” le sursis de leur marche du mercredi 16 Août. En effet, apprend t-on du côté de la Plateforme”Antè A Bana- Touche Pas à ma Constitution”, qu’à l’issue de l’assemblée générale du mardi 15 Août, a, par respect pour ces autorités morales et spirituelles accepté de surseoir à la marche. Un bon présage pour ce qui est recherché par les consultations présidentielles en cours. Du coté également de la majorité présidentielle, c’est l’ouverture au dialogue.
«Oui à la concertation, mais sans menace» : C’est dans cette foulée que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta a reçu au les chefs de quartier du District de Bamako et le bureau du Réseau des communicateurs traditionnels (RECOTRADE). A cette étape également, le président Kéïta a largement exposé la nécessité d’aller au référendum, avant d’exprimer son esprit d’ouverture dit ouvert au dialogue. Toutefois, il a fait savoir que personne ne peut lui envoyer un ultimatum. «Oui à la concertation, mais sans menace», a-t-il assené.
Cette étape également a été on en peut plus fructueuse. Abondant dans le même sens que les premières notabilités, les chefs de quartiers et les membres de RECOTRADE ont demandé au président de la République de surseoir d’abord au référendum, le temps de consulter toutes les couches du pays. A en croire le coordinateur des chefs de quartier du District de Bamako, Bamoussa Touré, l’entretien a été très riche et porteur sur la situation qui prévaut dans le pays. Les légitimités traditionnelles croient aux inépuisables vertus du dialogue. «Quand les hommes s’asseyent, échangent et vident ce qu’ils ont dans le cœur et dans le ventre, généralement on trouve toujours un terrain d’entente», a conclu Bamoussa Touré.
Daniel KOURIBA