En tant qu’actrice au développement, pilier central du foyer, la femme joue un rôle fondamental dans le processus de la pacification. C’est dans ce sens que Madame Oumou Touré, Présidente de la Coordination des Associations et ONG des Femmes du Mali (CAFO), nous explique la prépondérance de l’implication des femmes maliennes dans le processus de paix et de la situation particulière des femmes dans les conflits armés. Elle propose également des recommandations qui permettraient à la femme d’apporter sa contribution à la consolidation de la paix et à la résolution pacifique des conflits.
La guerre ne fait que dévoiler grossièrement le prolongement de la tyrannie et de la discrimination que les femmes vivent dans leurs familles et communautés en temps de paix. On ne peut pas construire une paix durable en oubliant une grande partie de la population. Si la guerre est souvent l’affaire des hommes, la paix est plutôt celle des femmes.
Madame Oumou Touré, Présidente de la CAFO s’exprime : «Dans les conflits armés, très généralement, elles (femmes) sont utilisées comme bouclier humain. Les belligérants les prennent comme appât de guerre. Leurs dignités sont bafouées à travers viols, flagellations, changement même de leurs styles vestimentaire. Suite à leur vulnérabilité, elles sont obligées de fuir ou de se déplacer par instinct, pour pouvoir préserver leur vie et celui de leurs enfants. Pour pouvoir préserver la vie des femmes en milieu des conflits l’ONU a fait la résolution 13 25 18…»
Les femmes ont un rôle décisif dans la promotion de la tolérance et de la non violence, car elles sont la première école de vie. La Présidente de la CAFO évoque la nécessité de l’implication des femmes : Quand les conflits arrivent les femmes ne sont pas consultées, elles ne sont pas aux décisions et très généralement elles sont les premières à être victimes. Quand il faut rechercher la paix, les impliquer serait nécessaire, car elles savent ce que c’est que la guerre. La présidente de la CAFO soutient fermement que quand les conflits se terminent et se négocient, il faut appeler les femmes. Victimes dans leur chair, dans leur âme et dans leur cœur, on doit leur demander quelles sont les solutions durables. La guerre affecte les hommes et les femmes, ils doivent s’unir ensemble sur les tables de négociation. Les femmes sont actrices au même titre que les hommes. Elles doivent s’armer, s’outiller pour être à la hauteur. Selon la présidente de la CAFO, les décideurs doivent le savoir « Quand on résout un problème dans un pays, ce sont les hommes et les femmes qui doivent le régler ; il faut les impliquer dans le dialogue intercommunautaire et intra-communautaire. Elles savent comment amener la paix, inculquer aux enfants l’éducation à la non-violence. Elles résorbent le chômage qui favorise la pauvreté et rend vulnérable les masses populaires à toutes formes de conflits» a-t-elle souligné
Enfin, elle souligne que la paix n’est pas un acquis naturel, mais une valeur à la fois politique et culturelle à conquérir et à consolider au quotidien. Il serait impossible de le faire sans implication de la femme.
Fatoumata Doumbia