Lors de l’atelier sur ” Le rôle et la place des institutions et des organisations de la Société civile dans la consolidation de la démocratie et d’un Etat de droit au Mali ” organisé par le Forum des Organisations de la Société Civile, la semaine dernière au Gofernorat du District de Bamako, le Dr. Abdoulaye Sall, Président de Cri -2002 et ancien ministre des relations avec les Institutions a fait une communication très instructive. Ainsi, le Dr. Sall a présenté le thème sur la démocratie au Mali en insistant sur le rôle et pouvoir des Institutions dans la consolidation et l’approfondissement du processus démocratique d’une part et d’autre part sur les forces et faiblesses des institutions depuis l’avènement de la démocratie.
Comme un formateur devant des apprenants, l’expert s’est efforcé de faire une mise à niveau des participants afin de faciliter la compréhension par rapport au concept de démocratie. En fait, qu’est-ce que la démocratie ?,s’est-il interrogé avant de répondre qu’on nous dira très certainement que la démocratie est le ” pouvoir ou le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple “, sans pour autant vous édifier sur les contours réels et pratiques du concept, ses défis, ses enjeux, ses menaces et opportunités porteuses d’espérances, ses perspectives, sans vous révéler qu’œuvre de l’homme, elle est à la fois ” désirable et redoutable “, ” représentative et participative “, “toujours imparfaite “. En un mot, comme le dit si bien l’homme politique anglais Winston Churchill selon qui la démocratie ” n’était pas toujours un bon système “mais, ajoutait-il, ” on n’en a pas encore trouvé de meilleur”.
Pour le Dr. Abdoulaye Sall, les organisations de la société civile doivent avoir conscience que la 1ère institution est le citoyen, même si sur la base de la loi fondamentale, le Président de la République est la 1ère Institution constitutionnelle. Dans une société démocratique, la 1ère institution est le citoyen. En cela, il a donné l’exemple des pays développés où la valeur du citoyen est bien reconnue. ” Si on touche à un citoyen américain, français ou belge, il y aura beaucoup de réactions “, a-t-il relevé.
Par ailleurs, le Président de Cri-2002 a souligné l’importance des Organisations de la Société Civile dans la restauration de la démocratie au Mali après les événements de mars 2012. En témoignent les actes posés par les deux centrales syndicales UNTM et la CSTM qui se sont retrouvés avec les partis politiques pour défendre une cause.
Abordant les leçons à tirer, il s’est appesanti sur la nécessité de maîtriser le concept Institution et la typologie d’Institution. Et qu’on doit considérer la famille comme une Institution. Pour ce faire, il a rappelé les actions d’information, de sensibilisation et d’éducation qui ont été menées au niveau de l’espace d’expression démocratique ” Carrefour d’opinions “.Le Dr Sall a estimé qu’on doit éduquer les enfants et même les adultes à cet effet. Et qu’un Etat c’est d’abord ses citoyens qui ont la conviction et la qualité requise. Pour lui, cela est extrêmement important. Au-delà de tout, il pense qu’il est urgent d’aller à l’élection présidentielle. Et l’enjeu est de dépasser les 38% de vote.
En guise de perspectives, l’expert a souligné qu’on gouverne de loin mais on administre avec les compétences. Il a conseillé qu’on ne doit pas confondre la démocratie, un idéal à atteindre et la gouvernance axée sur le concret.
En tous les cas, le Dr. Sall a estimé que la construction et la légitimité démocratiques sont toujours lourdes à assumer d’autant plus que ” si le peuple est la source de tout pouvoir démocratique ” comme l’affirme le politologue français Pierre Rosanvallon, ” mais l’élection ne garantit pas qu’un gouvernement soit au service de l’intérêt général, ni qu’il reste…Le verdict des urnes ne peut donc être le seul étalon de la légitimité.
Les citoyens en ont de plus en plus conscience…Un pouvoir n’est désormais considéré comme pleinement démocratique que s’il est soumis à des épreuves de contrôle et de validation à la fois concurrentes et complémentaires de l’expression majoritaire…Il doit se plier à un triple impératif de mise à distance des positions partisanes et des intérêts particuliers (légitimité d’impartialité), de prise en compte des expressions plurielles du bien commun (légitimité de réflexion), et de reconnaissance de toutes les singularités (légitimité de proximité) “.
Saurons-nous nous assumer, nous des OSC pour bâtir un Etat du Mali ” capable, réceptif et comptable ” ? Comment ? S’est interrogé longuement l’expert citoyen.
Modibo S. Keïta
– M. Maïga