Un imam modéré qui a l’habitude de circuler entre la ville de Koulikoro et son village non loin du cercle de Banamba a décidé de ne plus se déplacer à bord de son vieux véhicule depuis décembre dernier. Les raisons de sa méfiance: les agissements de ceux qu’il appelle «les porteurs d’habits noirs ». Ces derniers, a-t-il révélé, ont flagellé des femmes rurales parce que ces dernières n’avaient pas respecté la recommandation de porter le hijab, l’habit islamique noir des femmes qui couvre de la tête aux pieds.
Selon le témoin, les malheureuses femmes ont été sévèrement frappées à tel point que l’une d’elles qui étaient enceinte a fait une fausse couche. Les hommes qui ont ainsi agit circulaient en moto entre les villages de la localité de Toubacoro dans le cercle de Banamba. Ces faits se sont déroulés avant les ratissages de l’armée nationale en fin décembre dans la localité ainsi que dans la forêt du Wagadou vers la frontière mauritanienne.
Selon des ressortissants de certaines localités de la région de Koulikoro, les agissements des terroristes ont fait fuir les représentants locaux de l’Etat. Les enseignants qui ont fui sous la menace de ces djihadistes ne sont toujours pas revenus et les écoles n’ont pas été rouvertes. A en croire des enseignants ayant pris la fuite, les seuls enseignements tolérés dans ces villages sont ceux de l’islam.
C’est dire que la menace terroriste est aux portes de la capitale malienne qui est à moins de 2 heures de route du cercle de Banamba. Pis, des prêches appelant à l’application de la charia, la loi islamique étaient entendus vendredi dernier (18 janvier 2019) dans certaines mosquées de Bamako où la confusion est à son comble. Ainsi, Bamako et environs deviennent ce qu’étaient les villages du Delta central en 2017 : Un terreau de pro-djihadistes.
Les inconditionnels de la loi islamique ne se cachent plus dans plusieurs mosquées de Bamako, invoquant dans leurs prêches l’application de la charia. Ces appels visent à combattre l’alcoolisme, la prostitution et les crimes crapuleux. Ce sont généralement des mosquées wahhabites qui tiennent ces discours puritains ayant du vent en poupe depuis la révélation d’un projet d’éducation sexuelle complète par Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique du Mali(HCIM).
Pour ne rien arranger à la situation, l’assassinant d’Abdoul Aziz Yattabaré, un des imams lanceurs d’alerte du HCIM, vient d’être revendiqué par un jeune homme. Ce dernier accuse le défunt de l’avoir traité d’homosexuel. Cette version qui fait couler beaucoup de salive est mise en cause par plusieurs citoyens, mais elle pose déjà le problème de la montée du conservatisme religieux dans la capitale malienne.
A.D