Dans la dynamique d’apporter sa contribution aux problèmes de migrations auxquels sont confrontés nos gouvernements respectifs, le Groupe de réflexion action sur les migrations internationales «Grami» a organisé une rencontre d’échange et d’information au Centre Djoliba, le 3 mars 2012. Le thème portait sur «les conséquences des révolutions arabes sur les migrations subsahariennes : cas du Mali ». La dite rencontre présidée, par Jean Didier Dakouo, Maître conférencier, a enregistré la présence de M. Younouss H. Dicko, représentant la société civile et les associations et ONG de défense des Droits de l’Homme
Les problèmes migratoires demeurent un réel obstacle pour le développement socio-économique d’une nation. Le Grami est un groupement des organisations et associations de la société civile intervenant dans le domaine des migrations. L’objectif du Grami est de promouvoir le dialogue Sud-Sud. Le Groupement a pour mission d’assister et de prendre en charge des immigrants pour leur retour au bercail.
Jean Didier Dakouo, directeur du Centre Djoliba, a expliqué que le Maghreb étant la porte d’entrée des migrants vers l’Europe, constitue le gendarme de la plupart des pays européens hostiles à la migration. Il s’agit du Maroc, de l’Algérie et de la Libye. Les relations entre les populations subsahariennes et maghrébines ont cessé d’être cordiales depuis plusieurs décennies. Le negro africain a toujours été perçu comme l’étranger, l’autre, celui qui est inferieur, avec souvent des sobriquets tels Bakayoko, Bougnoule, etc.
En ce qui concerne les Maliens, leur rentrée dans l’espace maghrébin n’étant pas subordonnée à l’obtention d’un visa, le choix de cette destination par nos compatriotes s’explique aisément. En plus, tenant compte du discours panafricain de l’ex-guide libyen en faveur du peuple malien, qu’il réaffirmait à chacune de ses visites au Mali, ce pays attirait beaucoup de nos migrants. Aussi, l’attirance des pièces et de la nationalité malienne et toute la mafia organisée autour (carte d’identité et passeport) est une autre explication, a-t-il martelé.
Romero Tacla, membre du Grami, d’ajouter que nombreux témoignages ont été faits sur les conditions d’emprisonnement dramatiques des migrants en Libye et que les autorités italiennes et européennes n’ont pas hésité à proposer la mise en place de patrouilles conjointes en s’associant avec les gardes-côtes libyens. Arrêtés en mer, des centaines de migrants seront envoyés dans les geôles libyennes où ils subiront torture et déportation dans le désert. L’exemple de la Libye montre à quel point le contrôle des flux migratoires est au cœur des politiques européennes en matière de gestion des migrations.
Les conséquences des révolutions arabes sur les migrations
Depuis longtemps, le migrant subsaharien a été assimilé à l’envahisseur, le sauvage et pour les plus bienveillant, au « miskîne» c’est-à-dire le nécessiteux. Il est à signaler que les medias dans ces pays ont souvent joué un mauvais rôle en diffusant des informations incitatives à la haine raciale. Des titres-chocs à l’encontre des migrants subsahariens sont monnaies courantes. Les pays du Nord, dans leurs soucis de faire obstacle à l’immigration dite clandestine, passent par le Maghreb pour le contrôle de leurs frontières, en fermant les yeux sur leurs nombreuses et différentes transgressions des droits des migrants. Alors carte blanche est donnée à ces pays pour étouffer souvent dans le sang toutes tentatives de franchir les portes de l’espace Schengen. Le débat était riche d’enseignements selon lesquels il y a eu plus de contributions d’idées pour trouver des voies et moyens à solutionner ce fléau.
Les révolutions arabes ont mis en exergue le déficit de prise en charge des pays subsahariens d’origine, pour la prise en charge de leurs ressortissants coincés sur place ou rapatriés. Les migrants subsahariens au Maghreb, notamment ceux qui reviennent de la Libye, dénoncent régulièrement leurs conditions de vie et les violences vécues. Les conséquences sur les Maliens est un flux de refoulement massif, une insécurité grandissante et une rébellion au Nord-Mali. Il faut dénoncer que la Libye est un pays clé dans le dispositif de blocage des migrants hors des frontières de l’Union européenne.
Gérard Dakouo
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