Il est nécessaire de l’évoquer, le coup d’état du 22 mars 2012 n’a rien amené de bon au Mali. Il est, en effet, à la base de tous les problèmes économiques que les Maliennes et les Maliens connaissent actuellement. Le cas du secteur de l’hôtellerie est à la fois alarmant et désolant. La situation est intenable et plusieurs grands hôtels sont actuellement au bord de la faillite économique. L’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie (Omatho) estime que le monde de l’hôtellerie a fermé boutique.
La situation socio-économique devient alarmante. Depuis le coup d’Etat survenu le 22 mars dernier occasionnant ainsi une crise politique et institutionnelle grave, le parc hôtelier et les centres d’animation sont frappés de plein fouet par une crise économique sans précédent dans notre pays. Un tour suffit dans l’un des endroits indiqués pour en savoir davantage. Les milliers de Maliennes et Maliens qui vivent de l’hôtellerie se trouvent désormais dans un pénible cycle d’inactivité. A Bamako les milliers de chambres d’hôtel sont vides. Parmi les cas des hôtels auxquels nous nous sommes intéressés, se trouve celui du célèbre hôtel Laïco de l’Amitié. Ce dernier est durement affecté par les caprices de l’ex-junte, dont la seconde base se trouve juste en face, au siège de l’Ortm. Dès les premières heures de la crise que le Mali traverse, lorsque des militaires ont occupé ses toits et derniers étages, la direction de l’hôtel Laïco de l’Amitié a été obligé de transférer tous ses occupants au Kempinski Al Farouk. Ensuite, comme les choses ne s’amélioraient pas, c’est plus de deux tiers des travailleurs qui ont été mis en chômage technique. Cet hôtel, qui rapporte à l’Etat malien des centaines de millions de Fcfa par mois, se voit ainsi contraint de supporter les contrecoups du putsch. Aux dernières nouvelles, la direction aurait promis d’assurer les salaires jusqu’au 31 septembre 2012.
Le second hôtel visité se trouve au quartier Niaréla. Cet établissement familial, tenu par des Français, compte 27 employés qui ont été mis au chômage technique, suite à la crise.
Quant à l’hôtel Bouna, qui était à 50% de son chiffre d’affaires, il enregistre actuellement, seulement 10% de ces chiffres donc 40% de pertes pour le complexe. La direction a commencé à faire des licenciements pour réduire ses effectifs.
A l’hôtel Azalai Salam, un employé nous a confié que les effets de la crise n’étaient pas visibles au départ car les autorités avaient pris pour QG cet hôtel au lendemain du coup d’Etat, notamment le président de la République par intérim, certains membres du gouvernement et leurs hôtes (émissaires de la Cedeao). Mais actuellement, il y a peu d’affluence et l’hôtel a du mal à retrouver son ancienne ambiance. Là aussi, le départ de certains employés est en vue.
L’Omatho déplore la situation
Selon un responsable de l’Office malien de l’hôtellerie et du tourisme (Omatho), « le monde touristique a fermé boutique pour des raisons de sécurité et parce que les activités institutionnelles sont au ralenti. Cette situation aura pour conséquence immédiate le chômage technique de bon nombre de leur personnel pour ne pas dire le licenciement ». Il a, par ailleurs, souligné que la réticence des touristes ne date pas d’aujourd’hui. Cette méfiance des touristes remonte de la période où certains pays occidentaux ont déconseillé la destination Mali à leurs ressortissants, suite à l’enlèvement de touristes occidentaux dans le nord du Mali. Les ressortissants étrangers sont presque tous rentrés pour de bon, jusqu’à la normalisation, disons la stabilité dans le pays. Il s’agit notamment des Européens, des Américains, Asiatiques et même certains Africains. Selon lui, l’Omatho est en train de travailler dans le changement du cadre de vie des hôtels, afin que les hôtels puissent tourner même en l’absence des touristes, c’est-à-dire en les rendant accessibles aux nationaux. A la question de savoir comment l’Omatho juge la mise au chômage technique des employés des hôtels affectés par la crise, notre interlocuteur répond que dans une telle situation, il est tout fait logique, pour éviter la faillite économique, de réduire le nombre d’employés. Les responsables de l’Omatho attendent beaucoup du ministère de tutelle qui doit urgemment trouver des mesures d’accompagnement pour aider le secteur de l’hôtellerie à traverser cette pénible période.
Rokia Diabaté