Confrérie des chasseurs du Mali : Les chasseurs n’ont pas de patrie et ne connaissent pas de frontières

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Nombreuse et réputée dans l’Ouest Africain, la profession des chasseurs est millénaire. Les chasseurs sont regroupés en une confrérie qui obéit à des règles particulières qui leurs sont propres. Depuis le treizième siècle, au temps des grands empires médiévaux, ces chasseurs sont dépositaires des valeurs séculaires  de la société noire. Ils ont aussi un grand rôle pédagogique et moral qu’ils défendent avec bravoure au-delà de la chasse des animaux sauvages qui  constitue  leur vocation première.

Couverts d’amulettes et de talismans, armés de fusils d’un autre temps, les chasseurs sont la mémoire intacte du moyen âge Africain.           

Descendants des corps d’élite de l’empire du Mali, ils portent les mêmes tenues et obéissent aux mêmes lois que les cavaliers et  soldats du roi Soundiata Keita (1190-1255). Les chasseurs ignorent les frontières héritées de la colonisation et vivent sur la presque totalité de l’Afrique de l’Ouest dans les actuels pays que sont le Mali, Le Sénégal, la  Gambie, la  Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie et sur une partie de la Côte d’Ivoire. Ils transmettent l’histoire orale de l’empire de Soundiata Keita, qui s’étendait du Sahara jusqu’à la foret équatoriale, de l’Océan Atlantique  à la boucle du Niger.

Les chasseurs forment une confrérie initiatique où les hommes sont recrutés par corporation, sans considération de naissance, d’origine ou de classe. Vivants et légendaires à la fois, ils sont l’autorité villageoise, les dépositaires de la justice d’une tradition musicale et poétique puissante. Les maîtres de savoirs thérapeutiques, cynégétiques, géomantiques et magiques. Face à la corruption et aux chaos générés  par le néocolonialisme, face à l’oubli programmatique instillé par la mondialisation libérale, la puissance souterraine et transnationale des chasseurs traditionnels constitue l’un des socles spirituels de l’Afrique, un mythe fondateur, une active utopie.

Les chasseurs avant d’aller à leur besogne  se confient de façon rituelle à « Contron et Sanen » qui reste leurs idoles porteuses de biens et protectrices contre le mal. N’est pas chasseur qui le veut, il faut obligatoirement observer des pratiques initiatiques auprès de ses  chefs chasseurs appelés « Dozo ba ».Le Dozo Den est l’apprenti qui se met scrupuleusement à cette école avec courage, discrétion tout en incarnant toutes les valeurs qui fondent notre société depuis des millénaires.

 

A.F.Coulibaly

 

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