Si rien n’est rapidement fait pour circonscrire le feu qui couve entre les villages de Dico et N’goniko, dans le cercle de Baguinéda, il faudrait craindre le pire. Depuis quelques temps, ces deux villages qui ont de tout temps entretenu des relations cordiales ne soufflent plus dans la même trompette.
Certains habitants des villages de Dico et de N’goniko, enivrés par l’appât du gain facile, se sont lancés dans une course effrénée à la braderie de la réserve foncière qu’ils avaient l’obligation de gérer pour le bénéfice de leurs descendants. Mais, emballé par des riches bamakois qui ne reculent devant rien pour s’offrir des hectares démesurés de terres dans les environs de la capitale malienne, des habitants de Dico et de N’goniko sont devenus des spéculateurs fonciers d’une rare espèce.
Les prémices d’un probable conflit sont déjà perceptibles. Madou Kane, N’ko Doumbia et Youssouf Kane, tous ressortissants du village de N’goniko, sont depuis bientôt quinze jours sous mandat de dépôt à la prison de Kati pour « disposition de biens d’autrui », suite à une plainte de Ousmane Keita, Directeur général de GDCM-SA. Sory Ibrahima Diaby, jeune opérateur malien, victime de la course effrénée de la vente de terre entre des ressortissants de Dico et N’goniko, est aujourd’hui dans tous ses états. Son champ acquis en bonne et due forme auprès des villageois de N’goniko a été détruit par un autre prétendu propriétaire qui aurait acquis la même parcelle grâce à la bénédiction des ressortissants de Dico. Il s’agit de deux villages voisins, distants de seulement quelques kilomètres.
Le 12 novembre 2010, une tentative de conciliation du sous-préfet de Baguinéda n’a pas pu calmer les ardeurs des villageois de Dico qui réclament leur droit de premiers occupants sur les parcelles litigieuses. « Il n’y a pas de frontière entre Dico et N’goniko. C’est nous qui avons installé N’goniko. Ils sont de Dara. Il n’y a personne à N’goniko qui ne connait pas les limites entre nous ». Ces propos de Tiémoko Diarra, Chef de village de Dico, ont été tenus, lors de la tentative du Sous-préfet de Baguinéda de régler le différend à l’amiable. Ce jour-là, Tiécoura Doumbia, représentant du Chef de village de N’goniko, avait révélé : « Le village de Dico est en train de vendre les terres jusque dans notre village. Le samedi passé, ils ont mesuré nos champs avec des cultures, en disant que nous soyons d’accord ou pas, qu’ils vont le faire de gré ou de force.
Selon eux, ils le font en accord avec les autorités ». Avec des positions aussi tranchées, il n’y avait aucun doute, le Sous-préfet allait échouer dans sa médiation. Tiécoura Doumbia, chef de village de N’goniko, n’avait que la possibilité de saisir le Tribunal de Première instance de Kati. La décision rendue le 7 févier 2012 ne laisse place à aucun commentaire. « Attendu qu’il résulte du dossier qu’aucune des parties en cause dans le litige n’a de titre en main ; Que le village de N’goniko qui possède la parcelle étant un possesseur de bonne foi ; Qu’en revanche le village de Dico, … n’a aucun titre à faire valoir ; Que dans ces conditions, le village de N’goniko qui possède la parcelle litigieuse en pareille situation doit être maintenue dans son patrimoine et qu’il en est propriétaire », a décidé le juge de Kati. Avant d’ordonner aux ressortissants du village de Dico d’abandonner toute activité sur ladite parcelle. A la date d’aujourd’hui, cette décision du juge de Kati n’a pas été remise en cause et comme elle a été « rendue au nom du Peuple malien » tous les protagonistes devaient tirer les conséquences de droit. Et, en droit, personne ne peut vendre ce qui ne lui appartient pas. Ousmane Keita doit comprendre que les habitants de Dico n’ont pas le droit de lui vendre des terres qui appartiennent au village de N’goniko. Assane Koné