Animant une conférence sur la paix et la sécurité, l’ex Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani a apporté ses propositions de solution. Selon lui, la paix et la réconciliation riment avec la sécurité et le développement. Il ajoutera que la réconciliation peut-être sincère, solide, ou superficielle et fragile, qu’elle peut être de courte durée ou de longue durée. Tout dépend en vérité d’un certain nombre de conditions cruciales.
Placée sous le thème «La Paix et la réconciliation nationale», la troisième édition du Festival International de Sélingué a offert un cadre idéal de débats et d’échanges sur la problématique de la réconciliation nationale, qui demeure une priorité nationale pour les plus hautes autorités du pays.
C’est pourquoi, en plus du caractère festif qui permet à la jeunesse de se distraire et aux artistes et artisans d’exprimer et d’exposer leur savoir-faire, le Festival de Sélingué s’inscrit en droite ligne des actions du gouvernement de la République du Mali, déterminé à accompagner toutes les initiatives de développement, comme l’a déclaré l’Administrateur du Festival, Ibrahim Coulibaly dit IC.
L’ex Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, animant un exposé sur la paix et la réconciliation, a salué les initiateurs pour avoir placé le Festival sous le signe de la paix et de la réconciliation, deux mots qui sont dans la bouche et hantent le sommeil de chaque Malien, qu’il soit du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest ou du Centre, tellement ils constituent le rêve de chacun et de tous.
Selon lui, suivant que la réconciliation est sincère et solide ou superficielle et fragile, elle peut être de courte durée ou de longue durée. Tout dépend en vérité d’un certain de conditions cruciales , qui sont, entre autres, une situation, un état dans lesquels les personnes ne sont pas exposées au danger, la bonne foi des protagonistes, la présence effective de l’administration, disposant de ressources lui permettant d’assurer correctement ses missions et de mériter la confiance de la population, la pratique d’une justice impartiale, donc pas d’impunité, pas de citoyens spéciaux ou de citoyens de seconde zone.
Il s’agit aussi de l’éradication de la corruption et du népotisme. Il est malheureusement triste de constater que, malgré les multiples mesures et actes préventifs et répressifs pris au Mali, la corruption persiste. Elle a préoccupé tous les régimes qui se sont succédé. S’y ajoutent le retour sécurisé et diligent des déplacés et des réfugiés dans leurs sites habituels et enfin la remise en place rapide des circuits de développement de tout le pays et des zones conflictogènes en particulier, pour assurer les différents types de sécurité, de l’emploi, alimentaire, sociale, etc.
Pour l’ex Premier ministre, on parle de réconciliation nationale, insinuant qu’il y a un conflit entre les différentes ethnies du Mali, Tamasheq – Bambara, Tamasheq – Songhoï ou bien encore Tamasheq – Peulh ou Arabes etc.
«Personnellement, je me demande si ce n’est pas une façon de faire des raccourcis et de refuser la vérité, car il y a plutôt un conflit entre l’Etat malien et des groupes armées qui ne représentent pas du tout les Touareg, même s’ils s’en réclament. Je ne vais pas épiloguer sur leur provenance et sur leurs revendications. Tout le monde sait au Mali aujourd’hui que leurs actions sont plus néfastes pour les communautés touareg que pour n’importe quelle autre communauté nationale, à cause des préjugés et des stéréotypes dont elles sont victimes».
Par ailleurs, il a estimé que, pour restaurer la paix et promouvoir la réconciliation, le vivre ensemble, il faut d’abord trouver un terrain d’entente avec ces gens armés, à travers accords, pactes ou autres… Cela permettra de les cantonner, de les désarmer et de les occuper. Tant qu’il y aura des armes qui circulent partout dans le pays, sans contrôle, il n’y aura pas de paix.
Il faut ensuite se réconcilier avec tous les citoyens maliens, en divorçant irrémédiablement avec les pratiques de mauvaise gouvernance qui ont fait s’effondrer l’Etat comme un château de cartes. Il faut se remettre en cause à tous les échelons, réformer le système dans son ensemble. C’est à cela que doit se dédier l’action gouvernementale.
Enfin, les rencontres, les fora, les conférences, qui se tiennent sur la crise au Mali sous l’égide de l’Etat et de la communauté internationale n’auront leurs véritables impacts en termes de réconciliation qu’après la signature d’accords de paix et l’engagement irréversible dans des réformes prenant en compte la dimension importante du développement durable, car la paix et la réconciliation riment avec la sécurité et le développement.
Il convient de rappeler encore une fois que ce Festival vient à point nommé, car la culture est un levier efficace pour la réconciliation et la paix. Avec une jeunesse engagée, motivée et préoccupée par son avenir, le pluralisme culturel qui fait la richesse du Mali doit être utilisé pour consolider l’unité nationale et promouvoir des stratégies de gestion efficace des crises.
Bandiougou Diabaté