Les jeunes du Conseil national de la jeunesse (Cnj) du Mali étaient en conclave le samedi 1er mai 2021 à Bougouni pour renouveler leur instance. A l’issue de la Conférence nationale extraordinaire, c’est Habib Dakouo (candidat du bureau Cnj de la Commune V) qui a été élu président du Cnj-Mali avec 14 vice-présidents. Il va diriger le bureau pendant huit mois (une Transition de mai à décembre 2021), le temps de la mise en place par la Direction nationale de la Jeunesse (en rapport avec le Conseil national de la Jeunesse) d’une Commission de réforme pour la relecture des textes fondateurs du Cnj et la tenue d’un congrès en décembre 2021 pour la mise en place d’un nouveau bureau, conformément aux nouvelles dispositions et ce, après le renouvellement des instances communales, locales et régionales. Le film de l’événement !
La conférence nationale extraordinaire du Conseil national de la Jeunesse du Mali s’est tenue dans une atmosphère surchauffée dans la salle du complexe Siraba Togola de Bougouni. Les partisans d’Amadou Diallo (le président sortant) ont vigoureusement protesté contre la démission de leur mentor. Très bien organisés, ils ont pris la cérémonie d’ouverture en otage. Après le discours de bienvenue du maire de la Commune urbaine de Bougouni, ils ont surchauffé la salle avec des ovations, des chants interminables, empêchant ainsi Amadou Diallo de prononcer son allocution. Pour parer à des incidents, un détachement de militaires prit position dans la salle pour assurer la sécurité du ministre et du gouverneur de Bougouni, Kéba Sangaré, ébahis et impuissants à faire revenir les manifestants à la raison.
Après plus d’une heure de manifestation, le ministre eut la bonne idée de se concerter pendant une demi-heure avec Amadou Diallo afin de ramener l’accalmie. C’est ainsi qu’Amadou Diallo ordonna aux manifestants de regagner leur place. Il leur tint un discours d’apaisement. “Chers camarades, aujourd’hui, nous avons montré aux yeux du monde que si nous n’aimons pas quelque chose, nous avons la possibilité de le dire. Vous avez prouvé ce que vous n’aimez pas. Après mon élection à Koutiala le 27 et 28 novembre 2019, nous avons travaillé la main dans la main.
Aucun sacrifice n’a été de trop. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes pour l’avenir et la vie de la jeunesse malienne. Il n’y a pas eu que des solutions, il y a eu aussi des problèmes. Nous allons continuer à manifester pendant toute la journée, pour quelle fin ? Manifester est normal, mais il faut aussi accepter que la vie est souvent injuste. Aujourd’hui, aucun sacrifice n’est de trop. S’il s’agit de la personne d’Amadou, nous avons vécu avant le Cnj. Vous avez l’Etat devant vous, ayez l’amabilité de respecter l’Etat.
Il faut avoir le minimum de considération pour les autorités. […] Il faut accepter de faire des concessions pour que nous puissions nous entendre. Si vous n’acceptez pas de faire des concessions, c’est que vous avez autre chose à gagner dans lutte. Faisons preuve de maturité, de responsabilité.
Si nous acceptons qu’il y a des problèmes, il faut accepter de chercher des solutions à ces problèmes. Un problème bien posé trouve toujours une solution. Chers camarades, nous serons le présent et l’avenir du Mali. Aucun sacrifice n’est de trop pour le Mali. […] Ils ont menti sur nous. Malgré tout, nous avons pu monter la pente. […] Nous sommes rentrés dans l’histoire. La jeunesse appartient à Dieu. Acceptons nos erreurs pour avancer. Aujourd’hui, j’ai appris de mes erreurs pour avancer.
Nous n’allons plus pleurnicher, nous allons servir le Mali. Chaque chose a une fin. J’ai mis le Cnj derrière moi. J’ai démissionné depuis longtemps de mon poste de président du Cnj. Et je ne vais jamais détruire ce que j’ai construit. […]. Nous ne resterons jamais éternellement jeunes. L’avenir est le seul juge pour un être humain.
La personne d’Amadou ne sera jamais un problème. Mais j’ai combattu l’injustice, j’ai combattu pour que la jeunesse soit libre. Nous avons prouvé que la jeunesse appartient à Dieu. Acceptons de nous servir de nos faiblesses”, a-t-il déclaré. Il a ensuite promis au ministre de rester disponible pour servir le Mali. Après cette intervention d’Amadou Diallo, les choses sont rentrées dans l’ordre. Et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mossa Ag Attaher, a tenu son discours.
Une commission pour relire les textes et suivre l’application
rigoureuse de ses dispositions
Dans son intervention, le ministre de la Jeunesse et des Sports a tenu à clarifier les tenants et les aboutissants de la conférence du Cnj à Bougouni. En vue de résoudre durablement la crise structurelle du Cnj, il a engagé la Direction nationale de la jeunesse (en rapport avec le Conseil national de la jeunesse) à mettre en place une Commission de réforme qui aura pour mission fondamentale de relire les textes fondateurs du Conseil national de la Jeunesse du Mali, de suivre l’application rigoureuse de ses dispositions lors du renouvellement des instances et la tenue du prochain congrès. Pour ce faire, a-t-il précisé, cette commission mettra en place des critères d’éligibilité qui trancheront et pour toujours la problématique liée à l’âge. Le recours à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour identifier l’âge réel des éventuels candidats ne sera pas exclu. Cette commission a 3 mois, pas plus, pour présenter les conclusions de ses travaux. Un congrès sera convoqué dans 8 mois, notamment en décembre 2021, pour mettre en place un bureau conformément aux nouvelles dispositions et ce, après le renouvellement des instances communales, locales et régionales.
“Le Mali nouveau que nous chérissons tant ne peut se réaliser qu’en refondant l’Etat du Mali. Cette refondation doit toucher tous les secteurs et tous les domaines de la vie de la nation. Au ministère de la Jeunesse et des Sports, le chantier est déjà en marche. La refondation a commencé avec la refonte de la Politique nationale de la jeunesse. Elle poursuit inexorablement sa marche par l’unification des coûts. Elle se poursuivra avec celle de la Politique nationale de la citoyenneté et la Politique nationale du développement des sports ainsi que tous les domaines et aspects y afférents.
Très prochainement, la Politique nationale de la Jeunesse, l’unique cadre de référence pour les partenaires au développement, sera validée à travers un Forum national inclusif qui regroupera l’ensemble des jeunes leaders de l’intérieur et de la diaspora. Ce forum ne peut être une réussite quand les bénéficiaires, les jeunes maliens sont cloisonnés dans des clans protagonistes. Je souhaite donc compter sur votre leadership et votre sens élevé de responsabilité pour qu’ensemble, nous relevions ce défi confié à nous par les plus hautes autorités de la transition et, en tête desquelles Son Excellence Monsieur Bah N’DAW, président du Mali, chef de l’Etat”, a-t-il fait savoir.
Il a informé que la tenue de la Conférence nationale extraordinaire du Conseil national de la Jeunesse du Mali participe du respect de la disposition statutaire qui stipule que la Conférence nationale, instance délibérative entre deux congrès, peut se réunir une fois par an en session ordinaire sur convocation du Comité exécutif national. Elle peut aussi se réunir en session extraordinaire sur convocation du Comité exécutif ou à la demande des 2/3 des Conseils régionaux et ceux du district de Bamako. Elle permet aux jeunes de faire le diagnostic de la vie de l’organisation, d’échanger sur des questions spécifiques du moment et de prendre des décisions importantes intéressant la vie du Conseil.
La Conférence de Bougouni a pour objectif d’échanger sur les difficultés d’ordre structurel que traverse la structure faitière des associations, organisations et mouvements de jeunesse, une situation héritée des écueils du 6e congrès ordinaire du Cnj-Mali, tenu à Koutiala, en novembre 2019. “Il n’est un secret pour personne que le Conseil national de la jeunesse du Mali vit une réelle crise tant au niveau des organes régionaux voire communaux qu’au niveau de l’organe central.
Cette crise est exacerbée avec la création de deux entités antagonistes au sein des mêmes Comités exécutifs aux niveaux national et régional, voire communal. Ces tensions internes et externes, qui fragilisent et affectent le fonctionnement du Conseil, appellent la mise en œuvre de mesures drastiques pour les endiguer.
Dans une recherche de solution, j’avais instruit, il y a six mois, à la Direction nationale de la jeunesse et au Comité exécutif national du Cnj-Mali de travailler ensemble, sans complaisance, pour trouver une issue appropriée à la crise et rassembler les jeunes autour et au service d’un organe unitaire et consensuel en vue de faire de la devise “Unis, Nous bâtissons le Mali” une réalité en milieu-jeunes et favoriser les actions de plein épanouissement des jeunes. Telles sont les attentes de cette Conférence nationale extraordinaire qui se tient pendant ce mois béni de ramadan, avec l’accompagnement du ministère de la Jeunesse et des Sports, dans le seul but d’unifier les jeunes du Mali et les inviter à travailler la main dans la main pour l’avenir du pays”, a-t-il indiqué.
Le Ministre a aussi invité les anciens du Cnj-Mali à s’organiser de façon structurelle et formelle avec comme statut d’organe consultatif afin d’apporter leur appui-conseil à leurs cadets. “Vous avez ce rôle d’encadrement pour éviter à vos cadets, sans immixtion, les éventuelles dérives. C’est votre devoir de génération. L’histoire vous interpellera”, a-t-il préconisé.
Il a rappelé la mission du ministère en charge de la Jeunesse qui est de préparer et de mettre en œuvre la politique nationale de la promotion de la Jeunesse. A ce titre, le département a l’initiative et la responsabilité de la promotion, de l’organisation, de l’orientation et de la coordination des actions visant à assurer le plein épanouissement des jeunes et leur insertion dans le processus de développement économique, social et culturel. Il élabore et met en œuvre les mesures aptes à répondre aux attentes des jeunes et à susciter leur pleine participation aux activités d’intérêt public, notamment celles entreprises au bénéfice des communautés. “C’est l’Article 25 du Décret n°2020-0095/PT-RM du 16 octobre 2020 fixant les attributions spécifiques des membres du Gouvernement qui le dit. Je ne l’ai pas inventée”, a-t-il précisé.
Il a invité les jeunes à l’unité d’action. Il a promis de s’ériger en rempart et de travailler au retour de la paix et de l’entente. Il s’est engagé devant les jeunes à l’accomplissement de sa mission avec honneur, équité et loyauté.
Il a appelé les jeunes à faire preuve d’esprit patriotique, de transcender les égos, de mettre en œuvre les qualités de compromis et, surtout, de faire preuve de capacité de courtoisie dans les échanges et les débats.
Kéba Sangaré, le gouverneur de la région de Bougouni, s’est dit comblé de la tenue de la conférence des jeunes dans sa localité. Il a invité les jeunes à l’unité, à la fraternité, à la cohésion et à la paix car dans l’avenir, ils seront les responsables du pays.
Après ce cérémonial, les jeunes sont partis en travaux. C’est ainsi qu’ils ont élu Habib Dakouo au poste de président. Il est accompagné par14 vice-présidents.
Siaka DOUMBIA – envoyé spécial