La 102 session de la Conférence internationale du travail s’est tenue à Genève du 5 au 20 juin 2013. Le ministre du Travail, de la Fonction publique chargé des Relations avec les institutions, Mamadou Namory Traoré, à la tête d’une forte délégation, a pris part à cette session. Le thème retenu s’articulait autour de “Construire l’avenir avec le travail décent”.
Organisée chaque année par l’Organisation internationale du travail, cette session regroupe les représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs des Etats membres, d’où la participation chaque année de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et du Conseil national du patronat du Mali (CNPM).
Le Mali a participé à cette conférence en tant qu’Etat membre de l’OIT. Pour la circonstance, le ministre du Travail était accompagné de son collègue de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Dr. Diallo Dédia Mahamane Ben Kattra. La Conférence internationale du travail est un forum où sont débattus librement les problèmes sociaux et du travail. Le thème choisi cette année était : “Construire l’avenir avec le travail décent”.
Les sujets évoqués ont été, entre autres, l’emploi et la protection sociale dans le nouveau contexte démographique, le développement durable, le travail décent et les emplois verts. Il y a eu également une discussion récurrente sur l’objectif stratégique du dialogue social dans le cadre du suivi de la déclaration de l’OIT de 2008 sur la justice sociale pour une mondialisation équitable.
Le ministre du Travail, de la Fonction publique, chargé des Relations avec les institutions, Mamadou Namory Traoré y a prononcé le discours ci-dessous :
“Monsieur le président de la Conférence
Mesdames et Messieurs les membres du bureau
Honorables délégués
Je voudrais tout d’abord m’associer aux félicitations qui ont été adressées à Monsieur le président de notre conférence, pour sa brillante élection.
Mes félicitations vont également aux autres membres du bureau pour la confiance placée en eux.
Monsieur le président,
Honorables délégués,
Le Mali a vécu ces deux dernières années les pires moments de son histoire. L’occupation conjointe des régions du Nord de notre pays par des mouvements rebelles, des groupes terroristes et autres narcotrafiquants, a eu des conséquences humaines, économiques et sociales incalculables.
Au nom de la charia, des jihadistes salafistes ont commis des mois durant, toutes sortes d’exactions sur de paisibles populations : amputations de mains, abus sexuels, emprisonnements arbitraires, exécutions extrajudiciaires, destructions d’édifices religieux classés au patrimoine mondial.
Pour fuir cette barbarie, environ 480 000 personnes ont quitté leur domicile dans les régions du Nord. Sur ce total, 292 000 sont devenus des refugiés dans leur propre pays, 177 000 autres se sont exilés dans les pays voisins. Ceux qui ont décidé de rester ou qui n’avaient tout simplement nulle part où aller, ont connu la faim, la soif et les humiliations.
Autre conséquence et non des moindres, la crise politico-institutionnelle née de cette agression terroriste, a entraîné la suspension de la quasi-totalité de l’aide publique au développement et provoqué un recul notable de l’activité économique. Des secteurs entiers de l’économie nationale comme le tourisme, l’hôtellerie et les BTP, ont subi de plein fouet les effets de cette crise, entrainant la fermeture de nombreuses petites entreprises, et la mise en chômage technique, voire le licenciement de leurs travailleurs.
Enfin, dans les régions du Nord occupées jusqu’à cette intervention si salvatrice de la communauté internationale, que je remercie une fois de plus, au nom du gouvernement et de l’ensemble de notre peuple, tous les efforts fournis antérieurement pour rendre disponibles des services sociaux de base de qualité, ont été annihilés par la destruction des centres de soins, le pillage systématique des dépôts pharmaceutiques, la fermeture des écoles, l’arrêt des services de fourniture d’eau et d’électricité etc.
Monsieur le président,
Si j’ai tenu à revenir sur ces évènements douloureux, c’est pour mieux mettre en évidence les défis économiques et sociaux auxquels mon pays est aujourd’hui confronté, et qui ont pour noms chômage, sous emploi, détérioration des conditions de travail, baisse du pouvoir d’achat. Du fait des déplacements de populations, faut-il ajouter que le travail des enfants s’est accru de manière significative au moment même où la lutte contre ce phénomène enregistrait des résultats encourageants, grâce à l’appui technique et financier du BIT.
Cependant, la récente conférence des donateurs pour le Mali qui s’est tenue à Bruxelles, reste pour nous, un réel motif d’espoir. Je profite de l’occasion qui m’est ainsi donnée pour réitérer les remerciements du Gouvernement à l’endroit de tous les pays qui ont manifesté en cette circonstance, leur générosité et leur solidarité à notre endroit.
Monsieur le président,
S’agissant maintenant du rapport que le directeur général du BIT nous a présenté cette année et dont nous partageons pour l’essentiel, les constats et les conclusions, je voudrai surtout saluer les efforts déployés par le Bureau, pour amener les Etats membres de l’OIT à mettre le travail décent au cœur de leurs politiques, programmes et projets de développement.
Cette approche est et demeure le moyen privilégié qui s’offre à tous les Etats, pour construire véritablement l’avenir des peuples, à travers la mise en œuvre de politiques plus intégrées susceptibles de créer des emplois de qualité et de briser le cercle vicieux de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Plus particulièrement, dans les pays sortant de conflit, comme le Mali, c’est aussi sans nul doute, la voie pour renouer avec la croissance économique.
C’est pourquoi, le gouvernement envisage très bientôt de signer avec le BIT, un Programme pays de promotion du travail décent (PPTD), qui constituera le cadre de référence national pour toutes les actions visant la réalisation du travail décent.
Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les membres du bureau
Au-delà du rapport du Directeur général, ma délégation se réjouit de l’inscription à l’ordre du jour de notre conférence d’une ‘Discussion récurrente sur le dialogue social’.
Notre satisfaction est d’autant plus grande que ce dialogue constitue aujourd’hui le credo du gouvernement pour sortir de la crise politique et sécuritaire que nous connaissons.
Par ailleurs, dans un monde en pleine mutation, caractérisée par la globalisation de l’économie, la division croissante du marché du travail et la diversification des acteurs du monde du travail, le dialogue social apparait également comme un moyen privilégié pour accélérer l’intégration économique, promouvoir la coopération et des relations professionnelles équitables sur le lieu de travail.
Monsieur le président,
Ma délégation a enfin lu avec un intérêt tout particulier, le rapport du Bureau intitulé “Développement durable, travail décent et emplois verts”
L’environnement, les changements climatiques, la lutte contre la désertification et la préservation de la diversité biologique sont des enjeux de plus en plus importants pour le bien être des populations. Ils peuvent aussi être un facteur de création de plus d’emplois de qualité, pour sortir les gens de la pauvreté et promouvoir l’inclusion sociale
Le capital naturel du Mali contribue en tous cas, de manière critique, à la production nationale et à l’amélioration des conditions de vie des familles.
Aussi, le gouvernement du Mali a élaboré un cadre stratégique pour une économie verte et résiliente aux changements climatiques, de même qu’une politique nationale des changements climatiques, assortie d’un plan d’actions et mis en place les mesures institutionnelles nécessaires.
Je vous remercie de votre attention”.