Conférence d’entente nationale: Des chercheurs maliens mettent en garde le gouvernement

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Dans une tribune publiée sur le site du journal français Le Monde, deux chercheurs maliens, Kamissa Camara, analyste politique affiliée au Centre d’études africaines de l’Université de Harvard et au National Endowment for Democracy à Washington, et Mahamadou Konaté, professeur et analyste politique dans plusieurs écoles d’élite du Mali, notamment l’Ecole d’état-major nationale et l’Ecole de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye, mettent en garde contre la tenue d’une conférence bâclée.

“En théorie, la Conférence d’entente nationale pourrait bien être la fondation du règlement définitif de ce conflit séparatiste, ainsi que le suggère l’accord d’Alger. Mais il faut pour cela que la conférence soit précédée par le retour de la confiance entre les différentes parties signataires et par un dialogue constructif au sein de la classe politique malienne. Une conférence d’une telle envergure mérite plus de préparation, d’engagement, de sensibilisation. Entre entente et mésentente, il n’y a que trois lettres que l’Histoire devrait nous faire méditer. Trois lettres qui présagent de l’avenir du pays”, décrivent-ils.

Pour eux, l’impréparation “présage d’une conférence nationale où le débat approfondi préconisé par l’accord sera plutôt superficiel, dans lequel certains acteurs surferont sur les vrais problèmes et tenteront de gagner du temps pour mieux marchander leurs doléances face au pouvoir. Cette posture ne manquera pas de mettre le gouvernement face à un dilemme : passer en force ou risquer l’immobilisme, tout en désolidarisant les acteurs principaux de la conférence”.

“Si la conférence d’entente nationale devait se tenir en mars, comme prévu, elle manquerait de poser les véritables jalons de la paix en réglant définitivement la brûlante question de l’existence d’un Azawad, un Etat presque indépendant qui s’étendrait sur plus de 1000 km au-delà de Mopti. Elle pourrait également manquer de tirer avantage de l’élasticité de la thématique “causes profondes du conflit”, en traitant notamment des questions de la gouvernance du Mali, depuis l’indépendance à nos jours. Soyons clairs : le manque d’adhésion des forces vives du pays au projet le rend caduque”, concluent-ils.

M. D.

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