Condamnés à mort pour meurtre en Gambie :

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Deux Maliens sont parmi les 47 condamnés à mort dont le président gambien, Yaya Jammeh, a annoncé l’exécution à la mi-septembre prochaine, dans une déclaration faite à la faveur de l’Aid el Fitr, célébrée dans son pays le dimanche 19 août dernier. Ils s’appellent Amadou Diarra et Sounkalo Kanté. Ils subissent les rigueurs des geôles de la Gambie depuis un quart de siècle, après avoir écopé de la peine capitale pour meurtre entre 1985 et 1986. Selon un document de l’administration pénitentiaire gambienne, le premier cité est décrit comme un malade mental, au même titre que quatre autres, deux Gambiens, un Sénégalais et un Bissau-guinéen. Ce qui ne semble guère embarrasser le président gambien qui promet de les faire passer par les armes de la même façon que huit de ses compatriotes condamnés le 15 juillet 2010 pour une tentative de coup d’Etat perpétrée en novembre 2008 et trois autres pour attaque à main armée contre un camp militaire en 1997.

Yaya Jammeh ne fait guère de différence entre les condamnés à mort, qu’ils le soient pour motif politique ou pour crime relevant du droit commun, qu’ils jouissent de leur santé mentale ou le contraire. ” Vers le milieu du mois de septembre, tous les condamnés à mort seront exécutés. Il n’est pas question que le gouvernement permette que 99% de la population soit prise en otage par 1% de criminels. Le banditisme, le trafic de drogue ou sa consommation illicite, l’homosexualité, le terrorisme, entre autres, ne seront pas tolérés ” a-t-il proclamé pour justifier sa décision.

Celle-ci n’en a pas moins suscité un tollé en Gambie même, au Sénégal voisin, un peu partout en Afrique et ailleurs dans le monde. A Dakar, la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (LSDH), la Rencontre africaine des droits de l’Homme (RADDHO) et la Section sénégalaise d’Amnesty International sont montées au créneau pour appeler “tous les démocrates, tous les hommes épris de paix, de justice et de liberté à se joindre à elles en vue d’une grande mobilisation tendant à contraindre le président Yaya Jammeh à l’abandon de son projet funeste…”.

En visite de deux jours dans la capitale sénégalaise, la semaine dernière, le président du Nigéria, Goodluck Jonathan, a exprimé sa ferme désapprobation (deux de ses concitoyens figurent sur la liste noire de Jammeh) et demandé à tous les Etats africains d’en faire autant et de mener une action vigoureuse pour dissuader le maître de la Gambie d’aller au bout de son dessein. Le président sénégalais, Macky Sall, ne pouvait que partager ce point de vue puisque trois de ses compatriotes sont également menacés de passer de vie à trépas. La France et d’autres pays de l’Union Européenne ont, de leur côté, fait état de leur vif émoi et de leur total rejet de la déclaration du président gambien.

Toutes ces réactions inquiètes ou indignées ne pouvaient laisser indifférente l’Union Africaine dont le président en exercice, le Béninois Thomas Yayi Boni, a dépêché un émissaire à Banjul, en l’occurrence son ministre des Affaires étrangères, Nassirou Arifari Bako, pour demander à Sir Jammeh de surseoir à sa décision. “ Au nom des valeurs de promotion de l’Etat de droit et de la démocratie en Afrique “, a précisé M. Bako.

Au sortir de cette audience, l’envoyé du président de l’UA n’a pas dit clairement s’il a pu obtenir gain de cause. Toutefois, selon des informations rapportées par la presse sénégalaise qui suit de très près ce dossier, Yaya Jammeh a profité de cet entretien pour expliquer à son hôte que son message de l’Aid el Fitr a été motivé par la recrudescence des crimes de sang qui prévaut actuellement dans son pays et qu’il visait surtout à faire peur aux  criminels de tous poils.

Des propos manifestement destinés à rassurer les gouvernements et les organisations de défense des droits de l’homme protestataires. Mais ces dernières n’entendent pas baisser la garde ni jeter le manche après la cognée. Aussi promettent-elles de saisir la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Mieux, elles projettent de contester les décisions de justice ayant conduit à la condamnation à mort des 47 détenus de Banjul, arguant de ce que le système judiciaire gambien n’offre pas les conditions d’une saine distribution de la justice, qui passe par l’observance scrupuleuse des droits de la défense.

Toutefois, il y a lieu de redouter que les initiatives diplomatiques et judiciaires en cours ou à venir n’arrivent un peu tard pour certains des condamnés de Banjul. En effet, selon une information livrée par Amnesty International mais non confirmée, neuf d’entre eux ont été déjà exécutés dans la nuit du mercredi au jeudi dernier. Dans le cas où cela s’avérait, ce serait la fin du moratoire observé par la Gambie depuis 1986 sur l’application de la peine capitale.

Reste à savoir si Amadou Diarra, le malade mental et Sounkalo Kanté faisaient partie de cette première fournée. Ou si leur vie peut encore être sauvée.                              

Saouti L HAIDARA

Depuis Dakar

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3 COMMENTAIRES

  1. Bonjour à tous

    Je pense bien qu’aucun argumentaire ne s’aurait justifier l’éxécution des 09 à plus forte raison 47 personnes !!!

    Ce que l’Etat doit revoir sa politique de gouvernance. C’est aussi temoigner l’échec de l’Etat dans ce pays.

    Le plus blessant dans ce geste, est le risque de contaminer nos humbles dirigéants,à travers l’Afrique et le Monde.

    Seule la Paix dans les coeurs contribue au PLUS Grand Bonheur de tous. L’Elévation du genre humain ne permet plus de chuter dans la criminalité qu’a connue les années 1914 – 1945.

    Oui, les criminels font très mal mais l’Humanisation est une vertus fondée sur le Grand Pardon qu’est LA TOLERANCE.

    Le Monde est un seul Etat. Et chaque continent est une cellule de ce Monde.

    MERCI A TOUS

  2. ou est la cedeao ou sont les ouattara les blaise c est ici qu ils doivent parler mais non parce qu ils peurs de jammeh et au mali il n ya pas un homme à on doit avoir peur

  3. Voilà le président en exercice de la C D E A O,l’Ivoirien OUATTARA à d’autres champs à feuilleter que de s’occuper de la junte du mali,toute l’Afrique connait ce Yaya Jammeh,il est venu au pouvoir par coup d’état et entrain de terroriser les pauvres populations avec elles,les autres ressortissants des pays de la sous région,il se fait régulièrement élu à la tête de son pays sans une vraie opposition c’est de cela que Boni yayi,OUATTARA et Blaise doivent s’atteler au lieu de s’acharner sur nous,embargo,embargo…

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