C’est le constat qui a été fait par les faitières de la presse. Ils ont organisé une conférence de presse, le samedi 12 septembre 2020 à la maison de la presse pour dénoncer la marginalisation et la mise à l’écart de la presse malienne dans le processus de changement que tous les Maliens, de bonne foi, appellent de leurs vœux. Ils ont constaté que la presse n’est pas assez représentée au sein des instances alors que son rôle est fondamental dans la résolution de cette crise institutionnelle et sécuritaire. Était présent à cette conférence, le président de la maison de la presse, Dramane Aliou Koné, assisté par Bassidiki Touré de l’ASSEP et Bandjougou Danté de l’URTEL.
Quatrième pouvoir ou 4eme pied de la table sur laquelle repose la démocratie malienne, la presse malienne n’a pas eu la considération qui lui revenait de droit, lors des journées de concertations nationales pour l’adoption de l’architecture de la transition. Ce n’est pas la première fois que la presse joue le rôle de parent pauvre de la démocratie. Pour rectifier le tir, les responsables en charge de l’audio-visuel ont tapé du poing sur la table en organisant une conférence de presse. Ce rendez de la grande famille de la presse malienne était une manière pour les hommes de médias de montrer le rôle des médias dans le processus de démocratisation du Mali qui traverse la séquence la plus pénible de son histoire. Notons aussi que, un flou a été créé à travers l’annonce de la création d’une autorité de régulation malgré l’existence de la Haute Autorité de la communication (HAC). De 1991 à nos jours, s’il y a une corporation qui a bien joué son rôle, c’est la presse a fait savoir le premier responsable de toutes les faitières de la presse Dramane Aliou Koné. ‘’Si on parle de changement au Mali, c’est parce qu’il y a des journalistes qui portent le message et s’il y a eu changement de régime, c’est parce que la presse a accompagné le peuple. Les dirigeants de la presse ne sont pas là pour chercher des postes, mais plutôt pour défendre la liberté de la presse. Mais malheureusement depuis le début des événements relatifs au changement de régime la presse nationale a été mise à l’écart’’, a regretté le président de la maison de la presse promoteur du groupe Renouveau.
Aussi, les faitières ont invité les responsables des médias à plus de responsabilités même s’il y a des médias militants. ‘’L’Association des Éditeurs de presse privée au Mali (ASSEP) comme l’Union des radiodiffusions et Télévisions Libres du Mali (URTEL), se réjouissent du fait que personne ne puisse accuser la presse de compromission. Notons également que dans son intervention, le président de l’URTEL Bandjougou Danté, a déclaré ceci: « Nous qui sommes les représentants ou les responsables des organisations, avons eu à faire face à de nombreux défis : défi de l’indépendance, défi l’impartialité et défi de la neutralité. Une neutralité qui, souvent, peut être considérée par certains comme une lâcheté, mais il faut comprendre le contexte dans lequel nous évoluons. Nous sommes à un moment important de notre existence en tant que presse autonome, estime-t-il. Un moment qui se caractérise par une mutation dans le domaine de notre métier. Alors il est important de gérer les situations avec responsabilité, avec détermination, mais aussi avec honnêteté et dignités ».
Avant de poursuivre les yeux rouges de colère : le rôle de l’ASSEP comme l’URTEL, c’est de ne pas couvrir les évènements. C’est la défense des intérêts matériels, moraux stratégiques de la corporation. À ce titre, il a comparé la presse démocrate comme une table à quatre (04) pieds. C’est-à-dire le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire. Si on enlève un pied considéré comme étant la presse, la table ne va pas se tenir en équilibre. Le régime défunt a malheureusement procédé à une clochardisation de la presse. Heureusement que cette clochardisation n’a pas marché.
De son côté, le président de l’association des professionnels de la presse en ligne au Mali, Modibo Fofana a expliqué comment la presse a été marginalisée dans les différents thèmes discutés lors des concertations nationales. Parmi les cinq priorités concernant la feuille de route, nulle part on a mentionné la presse, selon M.Fofana, alors qu’on ne peut pas parler d’un Mali démocratique sans la presse. Tout ce qui intéresse les participants aux concertations, c’était de renforcer la sécurité. Comment adopter un pacte de stabilité… pendant toute une journée, sans évoquer un mot sur la presse se sont demandé les patrons des journaux ?
Seydou Diarra