Concertations nationales: La société civile s’engouffre dans la brèche

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 « Le Mali est confronté à trois crises majeures, à savoir la crise au nord du pays, la crise institutionnelle et la crise liée à la conception et l’application du changement ».

C’est en ces termes que les organisations de la société civile du Mali peignent la tragédie que vit le pays. Aussi pour apporter leur pierre à une recherche de solutions définitives, le forum des organisations de la société civile et le conseil national de la société civile ont organisé les 24 et 25 novembre 2012 derniers au gouvernorat du District de Bamako, un atelier préparatoire des concertations nationales désormais programmées du 11 au 13 décembre prochain. Prenant la parole à l’occasion, Mamoutou Diabaté, le président du forum des organisations de la société civile (FOSC), dira que pour ne pas aller en rang dispersé aux concertations nationales, les organisations de la société civile ont organisé les assises afin de définir une démarche commune et de bien définir le rôle et la place des OSC pendant la transition. Durant deux jours, plus de 150 faitières se sont penchées sur deux points à savoir  le rôle et la place des OSC et la définition des organes de la transition. Quatre thématiques de base ont été abordées. Quand faut-il organiser les élections ? Que faut- il faire comme travail en amont afin d’aller à une élection libre et transparente? Quel type de fichier ?, ainsi que les thématiques de la question sécuritaire, de la transition et enfin la communication et le partenariat.

Sur ce point Adama Diabaté, le président sortant du FOSC, soulignera qu’ « On s’est dit, est ce qu’on peut organiser les élections pendant les quatre mois restant du délai de la transition de la CEDEAO et libérer les régions du nord ? Non. Ainsi l’atelier a fixé un délai indicatif du 31 décembre 2013. Parce que l’intervention militaire ne sera pas possible avant septembre 2013. Maintenant pour ce qui est des organes de la transition, notamment le conseil consultatif, les OSC se disent favorables à y participer afin d’être au parfum de toutes les informations pour mieux apprécier, mieux suivre et se faire mieux attendre».

Qui gère le pays aujourd’hui ?

 Tentant à son tour de justifier la participation aux assises par les organisations de la société civile, Amadou Diadié Tekété de l’OMDH fera remarquer que « si aujourd’hui à Bamako on n’est pas en sécurité; et le nord, On en parle? La transition, on ne sait pas comment elle est organisée. On ne sait pas qui gère la transition, on ne sait pas qui est chef.  Sur le papier on sait qu’il y a un président de la République par intérim, un premier ministre et un Gouvernement. Mais qui gère ? Tenez-vous bien, un Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité, alors qu’il y a un premier ministre, un ministre de la défense, un chef d’état major de l’armée ». Autre point d’interrogation, la création du conseil national de transition. Aura t-il ou pas un conflit de compétence avec l’assemblée nationale, même si la réponse du président par intérim, le professeur Dioncounda Traoré, à ce sujet, est très claire; le comité de transition est tout simplement un organe consultatif. Aucune institution ne sera dissoute, encore moins  l’assemblée nationale. Comme l’a laissé entendre Mme Barry Aminata Touré, la  secrétaire générale du conseil national de la société civile: « Par rapport à la mise en cause de l’ordre constitutionnel, le Président par Intérim a rassuré que le document de base, c’est la constitution du Mali de 1992. De ce fait, tout ce qui n’est pas dans la constitution comme les organes consultatifs, c’est à l’assemblée d’en avoir la charge avec l’adoption de lois y afférentes.  Les concertations n’ont pas de caractère souverain, ce n’est qu’une rencontre de conciliation et de dialogue entre le Mali et les maliens. Les bailleurs de fonds refusent tout financement sans ces concertations ».

Ceci dit, rappelons les différents organes de transition proposés par Dioncounda Traoré. Le  Haut conseil d’Etat (HCE) constitué du président de la République et de deux vice-présidents chargés de l’assister dans l’accomplissement des missions de la transition,  le Conseil national de transition (CNT) ayant une compétence consultative et la Commission nationale aux négociations (CNN) qui sera chargée d’engager avec les mouvements armés du nord du Mali des pourparlers de paix.

Ange De VILLER

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