Le gouvernement du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga a été annoncé le vendredi 11 juin 2021 sur les antennes de la télévision nationale. Les Maliens sont désormais partagés entre optimisme et prudence. S’il est composé d’hommes et de femmes compétents, il n’en demeure pas moins souffrir d’un déficit d’inclusivité. Cette tare congénitale pourrait être corrigée en permettant aux partis qui ne figurent pas dans le gouvernement de rentrer dans le CNT. Choguel Kokalla Maiga, le nouveau PM, va-t-il avoir le flair de corriger cette erreur en demandant l’élargissement du CNT ? En quoi ce gouvernement est-il différent des autres ? Aura-t-il les coudées franches pour redresser le pays ?
Après l’annonce du gouvernement, le premier constat qui se dégage est la présence massive des ministres des deux plus grands acteurs du changement à savoir le CNSP et le M5-RFP. Le Mouvement du 5 juin compte une dizaine de ministres et autant de ministres pour le CNSP, sinon plus. Très normal quand on sait le rôle que les deux entités ont joué dans l’avènement d’une nouvelle ère. Nombreux sont les Maliens à reconnaître les immenses sacrifices consentis par le M5-RFP avant que les militaires ne parachèvent la gigantesque œuvre. Donc, le M5 serait porteur d’un projet de changement qu’il soit alors mis à l’œuvre. Maintenant, le risque en cette option, celle d’exclure l’ancienne majorité, serait de permettre la création d’un front de l’opposition. Ce front s’élargira au fur et à mesure que les attentes seront déçues. Le Premier ministre, en tant que vétéran de la politique malienne, doit comprendre qu’aucune réforme n’est envisageable sans un large consensus. Il serait imprudent, dans le contexte actuel, d’ouvrir un front au risque de fragiliser le gouvernement, car dans trois ou six mois, tous les blasés de la République risquent de se donner rendez-vous à la place Tahrir malienne, pour un autre M5 RFP.
S’il faut reconnaître que le gouvernement Choguel regorge de cadres compétents et techniquement à la hauteur, il n’en demeure pas moins qu’il souffre d’un déficit énorme d’inclusivité. Donc, pour parer au plus pressé, le PM doit pouvoir convaincre le Président de la transition pour qu’il accepte l’élargissement du CNT, à défaut de le dissoudre. En acceptant cette demande, Choguel Kokalla Maiga doit pouvoir combler le déficit d’inclusivité en permettant les cadres des partis de l’ancienne majorité, celle D’IBK, de siéger au parlement de la Transition. Les réformes auxquelles le peuple aspire ne seront possibles que quand elles font l’objet d’un large consensus.
En définitive, la balle de la rectification de la Transition, afin de la rendre inclusive, est dans le camp du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga. Qu’il use de son intelligence politique pour obtenir du Président Assimi Goita l’élargissement du CNT afin de contenter tout le monde.
Youssouf Sissoko