Circuler à Bamako, à certaines heures, est un véritable parcours du combattant. Face à cette situation, le Commissaire principal de la Compagnie de la Circulation Routière (CCR), Abdoulaye Coulibaly, un homme de terrain, est en train de mettre les bouchées doubles pour permettre aux usagers de la route de rouler librement à Bamako, la ville des trois Caïmans. Au cours d’un entretien, vendredi 10 février 2017 dans son bureau, Abdoulaye Coulibaly, ébauche les défis et les mesures pour y faire face.
Le Commissaire principal Abdoulaye Coulibaly, nommé trois semaines avant le Sommet Afrique-France à la tête de la Compagnie de la Circulation Routière, a à son actif la réussite de l’organisation du Sommet Afrique-France qui était un défi à relever. « C’était un honneur pour le Mali de relever ce défi et il n’était pas évident que le Mali pouvait gagner ce pari. Dieu merci, aujourd’hui c’est une réalité et le Mali a bel et bien gagné le pari. La Compagnie de la Circulation Routière a joué un role majeur sinon déterminant dans l’organisation de ce Sommet. Nous avons d’ailleurs reçu plusieurs messages de félicitation venant des plus hautes autorités par rapport à la bonne organisation et à la bonne tenue de ce Sommet Afrique-France », se réjouit-il.
En plus de ce premier défi gagné, le responsable de la CCR évoque un second défi qu’il est en passe de relever pour donner une bonne image aux hommes sur le terrain. Il s’agit de la tenue vestimentaire des agents de la circulation. « Aujourd’hui c’est une réalité, la plupart des agents que vous voyez dans les carrefours de la circulation sont propres dans leurs tenues. Ils sont dans une tenue descente et bien habillés. Ils inspirent le respect et la crainte et c’est une réalité ».
Autre fait non des moindres, c’est le maillage du district de Bamako. « Vous avez vu, partout où nous avons constaté qu’il peut y avoir des bouchons, que la fluidité peut être nécessaire, nous avons déployé des agents dans les carrefours de ces intersections pour que les Bamakois et les villes environnantes puissent circuler librement. Et aujourd’hui c’est vrai qu’il ya une forte densité de trafic dans le district de Bamako liée au nombre d’engins qui augmentent de manière exponentielle. Mais les policiers font ce qu’ils peuvent dans les carrefours notamment aux heures de pointe, pour réguler la circulation », explique le Commissaire principal.
Homme de terrain
Il n’a pas manqué de signaler sa présence sur le terrain. « Tous les jours je suis moi-même au niveau du monument de la nation de 06h 20 jusqu’à 08h45 sauf en cas de force majeure. Dans l’après-midi, je suis présent au niveau du Foyer de l’Air parce c’est l’axe principal du district de Bamako où tout se passe. C’est dans le souci de voir dans la circulation comment ça se passe, s’il ya un problème afin d’y faire face et en même temps de rester sur le réseau, voir dans les autres carrefours. Il s’agit pour moi de rester à l’écoute permanente pour voir s’il ya des problèmes et palier ces difficultés-là. Je fais tout ça pour que les usagers puissent circuler librement ».
Une autre épine que le patron de la CCR tente d’enlever des pieds de sa structure, c’est la perte des documents administratifs. « Tout agent qui se permet à tout bout de champ de saisir un permis de conduire ou une carte grise et après vérification qu’on se rende compte que ces pièces ne sont pas déposées au niveau des postes de police ou que ce sont des commissariats qui détiennent ces pièces, au lieu de les déposer au niveau de la CCR, écopera de sanction. Désormais au niveau de la CCR, c’est une réalité, aucun agent ne peut pour l’instant garder un document sur lui sans le déposer au poste de police et sans que le document ne soit répertorié et vérifié pour permettre au contrevenant, quand il va se présenter au poste de police, d’être en possession de sa pièce. Il a été clairement notifié aux agents dans quelle condition il faut retirer le permis de conduire et juste après cette mission, il faut remettre le permis de conduire à son titulaire ».
Autre défi à relever c’est le trafic entre Kati et Samè. Selon le Commissaire principal, compte tenu du nombre d’accidents très élevés au niveau de ce tronçon, des démarches ont été entamées en amont pour rencontrer les transporteurs afin d’attirer leur attention par rapport au cadre légal de la circulation. « Normalement c’est aux environs de 23 heures que ces camions circulent jusqu’à 6 heures du matin. A partir de 10 heures, le trafic reprend jusqu’à 13 heures. A partir de 13 heures, ces camions doivent s’arrêter sauf en cas d’autorisation express ou en cas d’urgence. Pour les camions citernes, il n’y a pas d’heure fixe, ces camions circulent librement pourvu qu’ils puissent approvisionner nos stations et pour que les centrales thermiques puissent être approvisionnées en temps réel ».
Des patrouilles mobiles motorisées pour traquer les contrevenants
L’incivisme dans la circulation routière a atteint son paroxysme. Le patron de la CCR promet de mettre des motards munis de quittances pour traquer les contrevenants. « Nous allons aussi faire en sorte que nous puissions avoir des patrouilles mobiles motorisées avec les grosses motos pour traquer les contrevenants par rapport aux infractions comme les écoutes téléphoniques, les chargements volumineux, les stationnements anarchiques et d’autres infractions similaires pour les réprimer. Ces motards sont minus de quittances qui peuvent verbaliser les usagers sur le champ sans que ces usagers ne perdent leur temps pour venir au niveau de la CCR et se faire délivrer un reçu en fonction des contraventions. Les usagers peuvent payer sur place moyennant un reçu pour continuer calmement leur chemin ».
Toujours dans la logique d’amoindrir les accidents dans la circulation, il est prévu la traque prochaine des supports à trois et le non respect des conditions de travail dans le transport notamment les transporteurs de viande à moto et de pain sans respect des règles de conditionnement.
Les véhicules qui ne sont pas en règle, à savoir les véhicules CH et les véhicules à plaque ardoise qui sont source d’insécurité dans la lutte contre le terrorisme sont aussi dans le viseur des éléments de la CCR.
« Nous sommes en train de traquer ces conducteurs, garder ces véhicules en fourrière afin qu’ils puissent se mettre en règle. Nous allons faire en sorte que les pistes cyclables puissent être respectées en réprimandant les usagers à quatre roues qui malheureusement, empiètent de jour en jour la piste cyclable et les conducteurs de sotrama qui ne respectent pas la chaussée. Aujourd’hui nous avons une technologie de pointe. Nous avons des caméras de surveillance à travers les grandes artères, nous pouvons travailler avec notre salle de commandement pour voir quel véhicule a fait quelle contravention, l’identifier, le rechercher puis le mettre en fourrière. Je pense qu’il y a autant de défis qui nous attendent et nous allons trouver des solutions au bonheur de la population du district de Bamako pour que la police puisse rehausser son image, travailler dans la sincérité, dans le professionnalisme et dans l’honnêteté.
Bourama Camara