Après la bataille judiciaire contre ses adversaires politiques (Adema, l’URD, alliance MPR-APR et ADP-Maliba) à l’issue des élections communales de 2016, le maire Abba Cheick Niaré fait face à une autre adversité au sein de sa propre famille politique, le RPM.
L’euphorie de la victoire de l’alliance RPM-Codem à l’issue des élections communales avec 19 conseillers n’a été que de courte durée. En effet, la composition du bureau communal et la répartition des mairies secondaires ont été la pomme de discorde entre les candidats de la liste victorieuse en commune II du district de Bamako.
Violation du pacte ?
Les détracteurs du maire Abba Cheick Niaré crient à la magouille, à l’affairisme et à la trahison politique. Selon eux, Abba et certains cadres de la section II du RPM ont monnayé le poste de Bounafou Sylla en faveur de la Codem. Joint par nos soins, l’actuel locataire de la mairie secondaire de Bozola, Bounafou Sylla dénonce la violation du pacte signé entre le RPM et la Codem, avant de mettre en cause la légitimité du bureau communal composé sur fond de corruption et d’achat de conscience. «La composition du bureau ne reflète pas le principe de l’alliance entre les deux formations politiques. La corruption est passée par là! On m’a proposé de l’argent pour renoncer à mon poste. Je ne m’inscris pas dans une telle logique. Tenant compte de ma position sur la liste, je devais être dans le bureau et non à une mairie secondaire où j’ai déjà occupé pendant un mandat sinon plus».
Les deux partis politiques avaient convenu de donner trois postes sur cinq au RPM dans la composition du nouveau bureau communal. Les deux postes restants devraient revenir à la Codem. Il était également convenu entre les alliés de céder la gestion de quatre (sur les 11) centres secondaires d’état civil à la Codem et le RPM gère les sept centres secondaires.
Ainsi, l’alliance avait planifié la gestion de la commune II. Malheureusement, le jeu politique a eu raison du pacte signé avec la bénédiction d’Abba Cheick Niaré et certains responsables de la section RPM de la commune II, selon nos interlocuteurs. «Les trois premières personnes en tête de liste du RPM devraient siéger automatiquement dans le bureau communal. Mais, la satisfaction des intérêts personnels passe forcément par la trahison, les magouilles et d’affairisme. Les candidats du RPM ont été sacrifiés au profit de la Codem. La corruption est parvenue à faire changer d’avis des responsables de la section de la Commune II. Nous exigeons une recomposition du bureau».
Pour mieux comprendre, les contours de cette crise qui risque d’affaiblir l’alliance RPM-Codem, nous avons joint le maire de la commune, Abba Cheick Niaré, tête de liste de l’alliance.
Contre-pied
Très serein dans son fauteuil de maire, Abba prend le contre-pied de toutes les accusations à son encontre. «Mon engagement politique ne me permet pas de trahir mes engagements avec un allié. Aucun candidat n’a été sacrifié au profit de la Codem. Après la bataille judiciaire, place au travail pour répondre aux attentes de la population de la commune», affirme-t-il.
L’occasion fut bonne pour Abba Cheick Niaré pour démentir l’information selon laquelle l’alliance RPM-Codem a perdu la mairie à l’issue de la bataille judiciaire qui l’opposait à certains partis politiques comme l’Adema, l’URD, alliance MPR-APR et ADP-Maliba.
Selon lui, conformément au jugement rendu par la section administrative de la Cour suprême, l’alliance RPM-Codem a perdu deux conseillers au profit de l’alliance Cnid-Yéléma et l’Adema. « Malgré cette décision de justice, notre alliance dispose toujours de la majorité avec 17 conseillers. Cette majorité se renforce davantage avec la démission des conseillers de certains partis pour grossir nos rangs. Notre alliance compte aujourd’hui 29 conseillers sur 41. A notre grande surprise, certains demandent la recomposition du bureau pour des intérêts personnels. Cette demande n’est pas recevable puisqu’elle est contraire à la loi. Jusqu’à preuve du contraire, l’alliance RPM-Codem dirige la mairie de la commune II. Nous sommes des républicains et nous faisons confiance à la justice de notre pays. Que les adversaires en font de même pour le confort de notre démocratie».
Notons que la configuration politique de la mairie de la commune II était composée de l’alliance RPM-Codem arrivée en tête avec 19 conseillers, l’Adema, deuxième avec 8 conseillers, alliance URD-Parena et le parti Jaama occupe la troisième place avec 6 conseillers, l’alliance MPR-APR occupe la quatrième place avec 4 conseillers et en fin l’alliance Cnid-Yéléma et le parti UDD disposent chacun de 2 conseillers.
Nouhoum DICKO