Au quartier Banconi, en commune I du district, les sinistrés de l’inondation dénoncent la mauvaise gestion et le détournement, par les agents de la mairie, des vivres qui leur sont destinés. Ces derniers jours, la tension semble monter, d’un cran, entre les sinistrés et certains conseillers municipaux de la mairie de la commune.
Selon nos sources, les sinistrés de la commune 1 crèvent de faim, en dépit des dons, en vivres et en numéraires qu’ils ont reçus. Non seulement, de la part des autorités ; mais aussi, des bonnes volontés. D’autres. Ces dons, précise nos sources, avaient été remis à des personnes, qui n’en ont pas besoin. Cette situation serait due à la mauvaise gestion des dons par les agents de la mairie de la commune I, plus soucieux de leur bien-être personnel, que celui des victimes des inondations du 28 août dernier.
Les populations de la commune I sont les plus touchées par l’inondation du 28 août dernier. Aujourd’hui, il est difficile de donner le nombre exact des victimes. Mais les sinistrés sont de deux ordres : ceux qui ont trouvé refuge chez des parents ou des amis et ceux qui sont logés dans des écoles. Mais ceux logés au Groupe scolaire Bahaben Santara de Korofina-Nord et dans les écoles de Salébougou, Flabougou et Banconi, semblent être abandonnés à leur triste sort. Les vivres, mobilisés pour eux, auraient été détournés et revendus, sur les marchés, par certains agents de la mairie. S’y ajoute l’argent qui doit leur être remis pour leurs frais de condiments.
Un des volontaires, qui s’occupent des sinistrés, affirme même qu’on assiste à un détournement systématique, de ces dons, par les agents de la mairie.
« En tant que volontaire, je supervise, discrètement, les opérations de distribution des dons aux sinistrés. A plusieurs reprises, j’ai remarqué que des gens viennent, nuitamment, charger les sacs de riz et de maïs dans un véhicule. Mais le hic est que les conseillers font toujours, croire aux sinistrés que le magasin est vide», nous confie ce volontaire, reçu jeudi dernier à notre Rédaction. Et d’ajouter, d’un air triste, que dimanche dernier, les sinistrés se sont opposés à la sortie clandestine des dons du magasin.
Lasses des mensonges et des détournements des dons, à eux destinés, les sinistrés, voulaient, ce jour-là, se servir eux-mêmes dans le magasin. N’eut été l’intervention des agents de la protection civile présents sur les lieux, la scène allait tourner au drame.
Autres difficultés auxquelles les sinistrés des inondations sont exposés : le manque de suivi médical. «On nous avait dit que nous sommes soignés, sans frais, dans les centres de santé. Mais tous ceux qui sont partis pour se faire soigner, ne sont revenus qu’avec des ordonnances. Nous ne savons plus où mettre la tête », raconte une sinistrée.
Conscients que les dons n’arrivent pas, toujours, à bon port, certains donateurs commencent à distribuer, directement, leurs dons aux sinistrés. Sans passer par la mairie.
Dans son discours d’investiture, le président de la République promettait une enquête, non seulement, sur les inondations ; mais aussi, sur la gestion des dons récoltés au profit des sinistrés. Deux promesses, restées lettres mortes. Du moins, jusqu’au moment où, nous mettons sous presse.
Pendant ce temps, les sinistrés des inondations du 28 août dernier poursuivent leur diète ; alors que, sous leur nez, les conseillers municipaux continuent de vendre leurs vivres et dilapider leurs fonds. En toute impunité.
Aboubacar Berthé
L’enfer des sinistrés des inondations
En dépit des dons, en vivres et en numéraires qu’ils ont reçus, les sinistrés des inondations du 28 août dernier vivent dans des conditions dramatiques. Pire, ils seront, bientôt, contraints d’évacuer les écoles dans lesquelles ils sont logés. Rentrée scolaire oblige.
«Nous sommes, ici, depuis 15 jours. Après l’inondation du 28 août, nous avons passé la nuit dans une famille d’accueil. Avant de rejoindre, le lendemain, cette école. J’ai tout perdu. Et j’ai trois enfants à élever. Le plus grand fait la 6e cette année, le second, la 4e et le dernier n’a qu’un an ».
Amaigrie, soucieuse et le regard vide, Monique Dembélé ne sait plus où donner de la tête. Sans le ‘’sou vaillant’’, elle doit se battre, nuit et jour, pour nourrir ses enfants, qui n’ont que la peau sur les eaux. Autre problème sans solution, du moins pour l’instant : se trouver une maison. Car, dans quelques jours, elle sera contrainte de quitter les lieux. Rentrée scolaire oblige.
Certes, les associations religieuses leur ont fait nombre de dons ; confiés aux conseillers municipaux. Mais ces dons n’arrivent pas toujours, aux destinataires : les sinistrés. Et quand ils arrivent, ils suffisent à peine à faire bouillir la marmite.
Tout comme Monique Dembélé, Houlé Camara est mère de trois enfants. Mais à la différence de Monique, elle vit, aussi dans cette école avec sa vieille mère.
« Je suis veuve depuis six ans. Je me débrouille seule pour nourrir mes trois enfants et ma mère », nous confie t –elle presqu’en sanglot. Et de poursuivre, au bord des larmes, «nous demandons aux autorités maliennes de nous venir en aide. Car, à quelques jours de la rentrée scolaire, nous ne savons pas où loger avec nos enfants ».
Daouda Coulibaly