La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) a organisé une conférence de presse hier jeudi. Il a été question de la politique de réparation en faveur des victimes des crises maliennes de 1960 à nos jours.
Le président de la CVJR Ousmane Oumarou Sidibé a précisé que c’est au cours d’un conseil des ministres que la politique de réparations fut validée étant accompagnée d’un projet de décret portant application de la loi de réparations.
“L’objectif général de la politique nationale de réparation est de contribuer à la construction d’un Mali juste, pacifique, uni et réconcilié à travers la restauration de la dignité des victimes par une réparation adéquate des préjudices causés aux victimes, tout en accordant une attention particulière aux femmes, aux enfants et aux personnes en situation de vulnérabilité”, a informé le président de la commission CVJR.
Selon la commission, l’orientation de la politique nationale de réparation ressort de quelques principes directeurs. Il s’agit de la centralité de la victime, la complémentarité des mesures de réparation, la non-admissibilité de la double indemnisation financière, l’effet transformateur, l’égalité d’accès, la non-discrimination dans l’attribution des réparations et la participation des victimes et de leurs communautés.
Le président Sidibé a affirmé que cette politique est inclusive car elle prend en compte l’égalité d’accès et la non-discrimination dans l’attribution des réparations. Il a donc jugé satisfaisante la politique de réparation des victimes du Mali car à son avis, l’aspect inclusif de ce projet est le meilleur moyen d’arriver au pardon et à la réconciliation.
Quelques types de violations de droits de l’homme pris en compte par cette politique sont les meurtres et exécutions arbitraires; arrestations ou détentions arbitraires; enlèvement et séquestrations; enrôlement forcés et tentatives d’enrôlement; viols et autres violences sexuelles; pillages, disparitions forcées, tortures et autres traitements cruels, inhumains etc.
Pour la réalisation proprement dite de la politique, le président Ousmane Oumarou Sidibé informe qu’une agence spéciale sera dédiée à la réparation des victimes. Cette cellule effectue son propre suivi et évaluation de la mise en œuvre. Après l’emplacement de ce cadre législatif et réglementaire, leur rôle consistera à identifier les victimes éligibles à bénéficier, déterminer et évaluer les préjudices subis et déterminer les différentes formes de réparation appropriées.
Selon toujours le président, la commission a inclus des mécanismes de référencement pour identifier des victimes présentant des besoins de soins médicaux ou psychologiques. Après ce recensement, ils sont directement confiés à un centre de santé tel que les CSRF. Dans cette prise en charge également, les victimes seront indemnisées à travers le fonds dédié à la politique de réparation. “La loi indique qu’il ne peut pas y avoir de double réparation”, précisait-il.
A ce jour la CVJR informe que 25 000 personnes ont effectué leur déposition dans leur bande de donnée et qui feront l’objet de prise en charge financière et médicale.
“Nous avons été surpris de la résilience des Maliens, car malgré avoir vécu des atrocités en période de crises, ils se disaient tous prêts à pardonner, mais à condition d’établir la vérité’’, a fait savoir Ousmane Oumarou Sidibé, président de la CVJR.
A cet effet, il a cité quelques outils que la commission possède pour étaler la vérité sur les réelles souffrances vécues par ces femmes, hommes, et enfants. Il s’agit d’une cartographie recensant les cas emblématiques de violations de droits de l’homme, les audiences publiques qui donnent ouvertement la parole aux victimes.
Il faut rappeler que la CVJR a pour missions principales d’enquêter sur les cas de violations graves des droits de l’hommes, d’établir la vérité sur ces cas de violations et atteintes aux biens culturels, de situer des responsabilités et faire des recommandations dans le domaine de la prévention des conflits.
Les dépositions ont commencé le 3 janvier 2017 dans les antennes régionales qui comptent aujourd’hui 25 000 voix recueillies.
Fatoumata Kané