Commission Dialogue et Réconciliation : Le Oui Mais des sédentaires du Nord

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«Le recrutement de jeunes dans l’armée nationale, le dernier découpage territorial et la Commission Dialogue et Réconciliation», voilà les principaux sujets abordés au cours d’un point de presse que la Plateforme des sédentaires du Nord, Zasya Lasalataray, a organisé à la Maison de la Presse. Elle était animée par le Coordinateur Sadou Djibrilla Maïga.
Concernant la Commission Dialogue et Réconciliation (CDR), la Plateforme salue sa création, tout en émettant des réserves. Selon le Coordinateur, elle s’inscrit dans le cadre du programme de dialogue ad hoc, tel que prévu dans la Feuille de route pour la transition. «Elle doit permettre d’apaiser les tensions intercommunautaires et de réussir ainsi la cohabitation et le vivre ensemble entre tous les maliens. La Plate Forme salue l’initiative de sa création», a-t-il déclaré.
Avant d’ajouter que, quelques jours après, la liste nominative de ses membres est apparue et l’on ne sait pas sur la base de quels critères ils ont été choisis. Il a poursuivi en affirmant que la Plateforme se garde de porter un jugement de valeur sur les qualités individuelles des personnes qui la composent.
Cependant, Zasaya Lasaltaray se pose un certain nombre de questions, notamment sur «leur représentativité par rapport à la caution morale requise pour mener une telle mission. La nomination de Mety Ag Mohamed Rissa, fidèle ami de Iyad Ag Aghali, premier responsable d’Ansar dine, actuellement recherché pour terrorisme et par ailleurs, beau-père de Moussa Ag Assarid, porte-parole du MNLA en France, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, est elle fortuite? Avec les efforts conjugués de ces personnalités, fortement impliquées dans la rébellion, n’y a t il pas à craindre une tentative déguisée de négociation avec Ansar dine et le MNLA?».
Pour Maïga, l’importance de la mission de cette Commission est tellement grande que sa création aurait du se faire après concertation avec toutes Ies communautés, notamment celles qui ont été victimes de toutes les exactions. A ses dires, sa Plateforme prône le dialogue, mais après la libération totale des régions occupées. Ainsi, l’une de leurs convictions, c’est qu’il n’y aura pas de règlement durable et juste de la question du Nord sans les sédentaires.
Donc, bien avant la création de cette commission, la Plateforme avait déjà envisagé et préconisé le dialogue, mais sur des bases claires, notamment «pas d’impunité ni d’amnistie pour les criminels de guerre, plus d’expéditions punitives et d’actes de vengeance, plus de domination de la minorité sur la majorité, plus de traitement préférentiel pour aucune ethnie en particulier».
C’est pourquoi il a attiré l’attention de la commission sur «le danger de mépriser les victimes et de conforter les rebelles. Le dialogue national doit porter sur la justice et le pardon. Pas de négociation avec les groupes armés (Ansar dine, MIA, MNLA), et, pour éviter les erreurs du passé, ne pas mettre face à face les victimes et les bourreaux».
S’agissant du nouveau découpage administratif, le conférencier a vigoureusement contesté la manière dont il a été opéré. Selon lui, l’analyse du découpage administratif et / ou électoral né de la décentralisation, par rapport aux densités démographiques, permet de mettre en lumière les incohérences et iniquités ayant conduit à l’accumulation d’injustices et de frustrations contre la grande majorité des communautés sédentaires des régions du nord Mali.
Cette analyse a abouti aux constats suivants: «pendant qu’en milieu sédentaire, le critère population était rigoureusement appliqué dans la création des communes, en milieu nomade il était relégué au second plan, ce qui favorisa la création de plusieurs communes nomades n’atteignant pas la population d’un village moyen en milieu sédentaire. Ce découpage, complaisant, était manifestement soutenu par l’Etat à travers ses démembrements au niveau local, régional et national».
Youssouf Diallo

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