Assises sur les artères, aux abords du fleuve de Mopti pour attendre les clients, les vendeuses de canaris sont aujourd’hui dépassées par l’embarras du marché. Ce commerce est vu comme leur quotidien depuis des années. Ces fabrications artisanales sont connues pour être utilisées par bon nombre de personnes dans les ménages pour garder l’eau au frais. De nos jours, avec la situation actuelle du pays, cette activité artisanale est devenue moins rentable pour ces femmes qui ne reçoivent plus les clients qu’en compte goute. Nous sommes allés à la rencontre de ces femmes. Ci-dessous, elles nous ont expliqué leurs difficultés.
ARKIA NIENTA, VENDEUSE
« Avec la crise, le marché est très ardu»
« Je suis dans ce commerce depuis des années, c’est ma mère qui m’a initiée depuis mon enfance. Nous achetons des mains des producteurs et nous les vendons aux clients venus de partout. Nos produits proviennent de différentes localités de la ville de Mopti, notamment, Wagna, Tongoroko, Djibitaga, Gomi mon village natal. Aujourd’hui, avec la crise, le marché est très ardu, les clients viennent en compte goute et le prix varie entre 4000 F CFA et 5000 F CFA. Cette difficulté est causée par la crise sécuritaire qui sévie sur notre pays. On prie chaque jour pour que cette crise puisse prendre fin. Et nous sollicitons par la même occasion nos autorités pour qu’elles viennent à notre secours. J’ai quatre filles à ma charge et leur papa est actuellement à Gao, donc je vie de ce commerce ».
MME KONIPO FATOUMATA DIADIE SAMASSEKOU, VENDEUSE
« Les touristes ne viennent plus à cause de l’insécurité »
« J’ai connu ce commerce grâce à ma maman qui est décédée. Je vie bien de ce commerce, on achète ces produits et puis on les vent. Avant c’était le bateau qui transitait nos marchandises, mais aujourd’hui, il est à l’arrêt. Nous avons des clients à Bamako qui prennent nos marchandises en crédit, mais finalement on a dû mettre fin à cela à cause des impayés. Les touristes ne viennent plus à cause de l’insécurité. On ne voit que les visiteurs venus de Bamako qui viennent acheter. Nous les vendeurs de jarre, nous n’avons pas encore bénéficié de l’accompagnement comme les autres. Nous n’avons jamais reçu d’aide venant de qui que ce soit et nous n’avons même pas de place. Nous avions à un moment constitué un bureau à notre nom mais finalement cela n’a abouti à rien.
AWA BA DIAKITE, UNE CLIENTE
« Je ne suis pas étonnée par la hausse du prix
« Je suis venue acheter cette jarre parce que j’en ai besoin pour bouillir mes médicaments traditionnels. Je sais que certains l’utilisent pour mettre de l’eau, mais moi je veux mettre mes médicaments. La jarre est plus pratique, elle peut être lavée à tout moment. Aujourd’hui, je constate une hausse du prix, la vendeuse m’a expliqué les raisons et elle m’a convaincue. Les temps sont durs avec l’insécurité actuelle. Ces jarres proviennent des endroits trop risqués du coup, je ne suis pas étonnée par la hausse du prix. Mon seul souhait est de voir le prix en baisse ».
Ibrahima Ndiaye
(Envoyé spécial à Mopti)