Commerce : A quoi sert le contrôle des prix ?

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Les Maliens sont majoritairement déçus par les autorités. Ils en veulent singulièrement au ministère du Commerce qui semble avoir renoncé à ses sorties, parfois médiatiques, pour contrôler les prix des denrées de première nécessité.

Rien  n’a changé dans le panier de la ménagère, et la baisse de l’intensité des activités a été suivie d’une tendance à la hausse des prix de certains produits comme le riz et le sucre. Dans des quartiers de Bamako, la population commence à se plaindre de la hausse du prix du sucre. Or, le gouvernement, à travers le ministre du Commerce, avait été clair sur le fait que les prix des produits subventionnés ne devraient plus être fixés n’importe comment.

En réalité, les autorités ne prennent pas au sérieux le contrôle des prix dans les boutiques qui sont situées dans les quartiers. Les gens se sont félicités de l’ouverture forcée des magasins de certains grossistes qui avaient voulu profiter de la subvention pour acheter et stocker du sucre en attendant le bon moment. Cette pratique vise à utiliser les facilités accordées par les autorités pour importer beaucoup de sucre, de riz et autres denrées de première nécessité. Mais de l’autre côté, les marchandises achetées au prix subventionné ne sont pas mises en vente chez les détaillants.

Les contrôleurs auraient dû continuer dans les quartiers de Bamako où des petits malins continuent de vendre du sucre à un prix plus élevé. Il ne fallait pas attendre la cherté pour que des unités de contrôle soient mises en service. Le contrôle doit être permanent, comme c’était le cas dans le passé. Par ailleurs, les contrôleurs ne devraient pas se focaliser sur les prix seulement. Il y a aussi les produits périmés qui doivent être débarqués des boutiques pour préserver la santé de la population qui achète les produits sans souvent se soucier de la date de péremption.

La vie chère est en réalité entretenue par une poignée de commerçants qui profitent des failles du ministère du Commerce pour faire grimper les prix. Les mêmes commerçants sont en train d’acheter du riz à 250 FCFA le kilo auprès des paysans de l’Office du Niger. Au même moment, à Bamako les citoyens continuent de se plaindre de la vie chère. Il est maintenant clair que les commerçants entretiennent la vie chère dans les grandes villes sans craindre la moindre représailles.

Les autorités refusent d’assister les paysans qui auraient voulu que les prix ne chutent pas dans les villages. Beaucoup de membres des coopératives paysannes assistent impuissantes à l’effondrement de leur pouvoir d’achat, alors qu’ils veulent vendre directement leur production dans les villes. Les coopératives ne sont pas malheureusement soutenues par le gouvernement qui continue de faire semblant d’aider les consommateurs.

L’huile alimentaire produite par les unités industrielles est malheureusement resté chère. En dépit des mesures prises par le gouvernement, le prix de l’huile n’a pas baissé. A Bamako, certains boutiquiers ont finalement choisi de ne plus vendre de l’huile depuis plus de six mois à cause de la cherté du prix du bidon que les détaillants achètent. Pourtant, le gouvernement avait pris des mesures, notamment la mise à disposition de la graine de coton dont l’exportation a été interdite en 2022.

Cette année, les commerçants n’ont pas été autorisés à exporter les graines de coton. Cette mesure aurait pu faciliter la production locale d’huile en mettant à la disposition des huileries une matière première abondante et bon marché, surtout que la production de coton avait donné de bons résultats lors de la campagne agricole dernière au Mali. Il n’y avait donc pas un problème de matière première en principe, mais les huileries ont été incapables d’inonder le marché local.

Selon des experts, l’une des causes de la cherté est que le niveau de la production locale est assez faible pour satisfaire le besoin national. Ces petites unités de production se trouvant en grande partie dans la région de Sikasso ne peuvent pas couvrir le besoin des Maliens. Elles ont en effet de la peine à combler le vide créé par la fermeture de l’Huilerie cotonnière du Mali (Huicoma), une usine dont la réouverture est encore attendue en vain par la population de Koulikoro.

L’urgence pour le Mali est de remettre sur les rails l’Huicoma qui a une capacité de production beaucoup plus importante. Aliou Tomota, le repreneur de la société, a pris l’engagement de la remettre en marche en rencontrant le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Mais on est encore loi de la remise en service de l’usine dont la production pourrait compléter celle des petites unités qui se battent.

Seydou SANGARE

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