Commémoration du 54ème anniversaire de l’indépendance du Mali : Des Bamakois se prononcent

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Des officiels devant la Monument de l'Indépendance lors d'une cérémonie célébrant le 52e anniversaire de l'indépendance du Mali, le 22 septembre 2012, à Bamako  © AFP
Des officiels devant la Monument de l’Indépendance lors d’une cérémonie célébrant le 52e anniversaire de l’indépendance du Mali, le 22 septembre 2012, à Bamako
© AFP

A en croire les Bamakois que nous avons interrogés, avec l’indépendance il y a eu, certes, quelques avancées -notamment dans le domaine des libertés collectives et individuelles-mais force est de reconnaître que le pays peine à se libérer totalement du joug colonial et que, en fait de décollage économique, le pays n’a pas encore terminé avec les manœuvres au sol.  

 

Toumani Bakayoko, jeune diplômé, employé de commerce

Que le président IBK lance un message fort en direction des groupes armés

Certes, il y a eu beaucoup de changements grâce à l’indépendance. Aussi voudrions-nous célébrer, cette année, notre accession à la souveraineté nationale et internationale comme cela a toujours été le cas. Malheureusement, cette 54ème édition sera fêtée dans la douleur car une partie du territoire national est occupée par des groupes armés. Comble de malheur, il n’y a pas d’argent. Mes amis et moi, nous allons rester calmement au « grin » autour du thé.

 

Je souhaiterais donc que le président de la République lance un message fort en direction des groupes armés, pour leur dire que nous ne voulons pas de fédéralisme, encore moins une quelconque autonomie au nord de notre pays. Tout ce que nous souhaitons c’est le développement de tout le Mali.

 

Pour ce qui concerne nous les jeunes, depuis notre accession à l’indépendance, les chefs d’Etat qui se sont succédé ont toujours parlé de l’emploi des jeunes. Il faut qu’on passe à la vitesse supérieure car il y a inadéquation entre la formation et l’emploi. Conséquence, le chômage ne fait que prendre l’ascenseur.

 

 

Lamani Toumani, juriste, agent dans une école agro-pastorale

Pour moi, notre indépendance n’est pas encore acquise, pour la simple raison qu’on ne décide de rien

C’est l’Occident qui décide de tout, en lieu et place de nos dirigeants. Pour la célébration du 54ème anniversaire de notre indépendance, il faut qu’on choisisse pour thème : «l’éveil de la conscience nationale», afin que tout le monde se mobilise pour la reconstruction de ce grand Mali que nous avions connu dans le temps. Il faut qu’on revoie l’organisation des finances de notre pays, qu’on mette les opérateurs économiques en confiance pour la création d’emplois. Faute d’emplois, des juristes se retrouvent aujourd’hui sur des sites d’orpaillage.

Et c’est cette même situation qui favorise la montée de la criminalité, pire des diplômés sans emploi n’hésiteraient plus à aller grossir les rangs des jihadistes à cause du chômage.

 

Touré Mohamed, Professeur de Lycée à la retraite.

Aujourd’hui, on est en train de subir une autre forme de colonisation.

L’indépendance suppose qu’on n’est plus sous le joug colonial, qu’on n’est plus dépendant du colonisateur, Malheureusement, on n’a pas cette liberté, on est en train de subir. Pour preuve, avec la rébellion, ce que nous constatons c’est que la France est en train de souffler le chaud et le froid. Grâce à l’intervention de la France, on a cru que c’en était fini de la rébellion au Mali. Mais aujourd’hui, on est en train de subir une autre forme de colonisation.

 

Quant à la célébration du 54ème anniversaire de notre pays, malgré le fait que je sois un membre du RPM, je dois avouer que je suis vraiment déçu. Nous fêtons le 22 septembre complètement « désargentés ». Car le pays est sur cale et dans deux semaines, ce sera la fête de Tabaski. Mon message au président du parti, président de la République, est de se ressaisir. Le bateau tangue, mais ne chavirera pas.

 

Victor Kéita, Officier de police à la retraite  

Nous sommes nostalgiques du passage des Migs qui faisaient la fierté de la fête du 22 septembre

J’ai la pleine conviction que tout peut changer sauf la loi du changement. C’est la triste réalité que nous vivons en cette journée du 22 septembre. Avec l’intervention des forces françaises et africaines, tout le monde croyait que les choses allaient changer. Il fallait faire un réajustement, mais avec l’intrusion des militaires, il y a eu un désordre. Malheureusement, les politiciens n’ont pas su analyser la situation. Dans la précipitation, il y a eu un choix du peuple, alors que celui-ci n’a pas eu le temps de jauger la vraie situation du pays. Aussi, tout le monde croyait-il que le pays allait changer.

Aujourd’hui, nous devons célébrer notre indépendance dans la communion mais pas dans l’allégresse. Car  une partie du pays est occupée par les groupes armés, les gens sont pauvres, les gens ont peur et sont inquiets.

Rien n’indique que c’est ce même 22 septembre qu’on célébrait avec faste dans le temps qu’on est en train de fêter aujourd’hui. Nous sommes nostalgiques du passage des Migs qui faisaient la fierté de la fête du 22 septembre. Notre grand malheur aujourd’hui, c’est l’armée, la police et la gendarmerie. Les gens ne portent plus la tenue pour l’amour du pays, mais parce qu’ils sont sans emploi. En politique, les gens ne viennent plus par conviction, mais plutôt pour s’en mettre plein les poches.

 

 

Amadou Koita, président du parti socialiste Yelen-Koura

Notre génération doit s’inspirer du patriotisme et de la clairvoyance des pères de l’indépendance

 

Cette journée du 22 septembre a été pour nous un grand jour, un jour d’affirmation de notre personnalité, un jour où les Maliens ont cessé d’être des sujets, un jour où le Mali a retrouvé sa dignité, son honneur, surtout son devenir. « Je salue les pères de l’indépendance en ce jour du 54ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance. Je salue notamment Mamadou Konaté, Fily Dabo Sissoko et Modibo Keita. » Notre génération doit s’inspirer de leur patriotisme, de leur clairvoyance et surtout de leur sens de responsabilité. Cinquante quatre ans après, le Mali dont la devise est «Un Peuple-Un But-Une Foi » traverse, aujourd’hui, un moment extrêmement difficile, car l’intégrité territoriale et l’unité nationale se trouvent être menacées par certains qui n’ont pas compris le sens de l’histoire et de la bravoure de ceux qui n’ont ménagé aucun effort pour l’unité, la souveraineté, la cohésion. A ces hommes égarés, il s’agit des groupes armés-qui sévissent au nord du Mali et qui ont des velléités d’indépendance-je voudrais dire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Je les invite surtout à saisir l’opportunité que les négociations leur offrent à être les acteurs d’un Mali un et indivisible, car le peuple malien, comme un seul homme derrière son Excellence Ibrahim Boubacar Keita et son gouvernement, défendra chaque centimètre carré de notre territoire au prix du sang, car quand il s’agit du Mali, aucun sacrifice n’est et ne sera de trop. Bonne fête pour le Mali…

 

 

Mme Sanogo Gnagna Sène, membre de l’Association des Femmes leadership et Développement durable

 De son accession à l’indépendance à ce jour, je ne suis pas satisfaite de l’évolution économique et politique de notre pays.

 

Quand nous avons opté pour la décolonisation, nous devrions chercher à progresser, nous devrions nous prendre nous-mêmes en charge, c’est-à-dire prendre notre destin en main. Je peux dire que nous ne sommes pas indépendants, car jusqu’à preuve du contraire, nous sommes au service des Blancs, autrement dit, on se réfère toujours au système français. Il est maintenant temps de réfléchir sur nos propres réalités afin de les mettre en valeur, afin de s’adapter à quelque chose de convenable.

 

S’agissant de la crise qu’on a vécue au nord du Mali, au lieu de procéder aux différentes signatures d’accords, nous devrions chercher à connaître les causes qui l’ont entrainée.

 

Le Mali a perdu ses valeurs culturelles ancestrales pour s’acculturer, ce qui constitue un obstacle à notre évolution économique, politique et socio culturelle.

En tout cas, de son accession à l’indépendance à ce jour je ne suis pas satisfaite de l’évolution économique et politique de notre pays.

Autre avis, nos autorités ne doivent jamais mettre en arrière-plan l’éducation, qui est le socle de tout développement. Une mention doit aussi être faite de l’entrepreneuriat jeune, qui n’est pas développé chez nous, alors qu’il constitue un levier efficace dans la lutte contre le chômage.

Propos recueillis par Pierre Fo’o Medjo et Adama Bamba

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1 commentaire

  1. Moi j’ai voté IBK mais je suis déçu de sa gestion du pays, certes il y a le problème du nord qui demande de la patience je reconnais, ce qui me fais mal c’est la gestion de Bamako il faut reconnaitre que Bamako c’est l’enfer sur terre, la circulation à Bamako, l’incivisme, le comportement certains policiers. Beaucoup de malien viennent à Bamako pour se “chercher” mais les honnêtes hommes risquent tous les jours leurs vie en allant travailler, chaque matin qu’on se rend au travaille on prie Allah de ne pas être tuer par les fous de la circulation. Quand on voit des dépenses de millions d’argent inutiles qu’on aurait pu utiliser pour mettre des feux de signalisation sur les grandes artères de Bamako surtout la grande artère qui longe les quartiers de Faladiè, Banankabougou, Missabougou, Yirimadio etc. il faut passer par labas pour se rendre compte de la follie des gens. Il ya des maliens qui ne demande rien à IBK, juste leur sécurité. Tout ce qu’on demande à IBK c’est la gestion de Bamak

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