La prospective est la démarche qui vise, à la fois rationnelle et holistique à se préparer aujourd’hui à demain.
Elle ne consiste pas à prévoir l’avenir (ce qui relevait de la divination et relève aujourd’hui de la futurologie) mais à élaborer des scénarios possibles et impossibles dans leurs perceptions du moment sur la base de l’analyse des données disponibles (états des lieux, tendances lourdes, phénomènes d’émergences) et de la compréhension et prise en compte des processus socio-psychologiques, car comme le rappelle Michel Godet ; «si l’histoire ne se répète pas, les comportements humains se reproduisent », la prospective doit donc aussi s’appuyer sur des intuitions liées aux Signaux faibles, des analyses rétrospectives et la mémoire du passé humain et écologique (y compris et par exemple concernant les impacts environnementaux et humains des modifications géo-climatiques passées).
Le prospectiviste se distingue ainsi du prolongateur de tendances comme du visionnaire qui élabore des scénarios à partir de révélations.
Sa fonction première est de synthétiser les risques et d’offrir des visions (scénarios) temporels en tant qu’aide à la décision stratégique, qui engage un individu ou un groupe et affecte des ressources (naturelles ou non) plus ou moins renouvelables ou coûteuses sur une longue durée. Elle acquiert ainsi après avoir pris les risques nécessaires à une double fonction de réduction des incertitudes (et donc éventuellement de certaines angoisses) face à l’avenir, et de priorisation ou légitimation des actions.
La prospective est une démarche continue, car pour être efficace, elle doit être itérative et se fonder sur des successions d’ajustements et de corrections (en boucles rétroactives) dans le temps, notamment parce que la prise en compte de la prospective par les décideurs et différents acteurs de la société modifie elle-même sans cesse le futur (la prospective ne modifie pas le futur, elle se base sur le passé et le présent pour entrevoir le futur. La prospective se nourrit d’elle même et n’a aucune accroche de coïncidence avec des scénarios préétablis des acteurs politiques, elle n’est la propriété de personne, par contre la collecte, l’analyse et l’interprétation des données la font naître.) Ce qui est tout sauf prévisible. Elle s’appuie sur des horizons ou dates-butoir (ex 2010, 2020, 2030, 2040, 2050, 2100) qui sont aussi parfois des échéances légales, et qui permettent à différents acteurs de faire coïncider leurs scénarios ou calculs de tendance.