Les 26 et 27 mai derniers, un colloque sous régional sur le pastoralisme s’est tenu à Bobo Dioulasso, 2e ville du au Burkina Faso sur initiative de l’association KAWRANE. Le thème retenu était: « Le pastoralisme face aux défis de l’intégration intercommunautaire et de l’insécurité dans l’espace CEDEAO : Réflexions prospectives ». Placé sous le très haut patronage du Président du Faso, l’évènement a eu comme hôte de marque, Alpha Barry, Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’Extérieur. Ce dernier en assurait le co-parrainage avec la CEDEAO.
L’Objectif du Colloque était d’aiguiser la réflexion pour l’éclosion des idées novatrices en faveur d’une meilleure perception du pastoralisme. Pour cela, les travaux ont servi de créneau pour une appropriation plus dense des valeurs positives du pastoralisme et de la transhumance sur le plan économique. Les participants ont également discuté de l’intégration sous régionale en lien avec le pastoralisme sans oublier la prise en compte des jeunes des zones pastorales en vue lutter contre l’extrémisme violent.
Le Mali était représenté à cette importante rencontre par une forte délégation parmi lesquels le député Idrissa Sankaré, Sékou Barry DG de la Banque BCI, Me Hassane Barry ancien Ministre et ancien Ambassadeur du Mali en Guinée Conakry, Abdoul Aziz Haidara membre du bureau de l’association Tabital Pulaaku Mali, Boureima Diallo du Collectif de la jeunesse Pulaaku du Mali, l’équipe de l’artiste et griot Dinda Sarré et bien d’autres personnalités.
Pour le président de l’association KAWRANE, la rencontre de Bobo-Dioulasso avait toutes les raisons d’être. « L’élevage et le pastoralisme occupent une place de choix dans l’économie des pays de l’Afrique de l’Ouest et principalement dans les pays sahéliens où l’élevage contribue majoritairement à la satisfaction de la demande en protéine d’origine animale. Mieux, la contribution de l’élevage au PIB dans ces pays est estimée entre 10 et 30%. Dans la plupart de ces pays, ils occupent la 2ème ou la 3ème place des produits d’exportation », a-t-il justifié. A noter que le pastoralisme est caractérisé par la mobilité due à la variabilité des ressources pastorales dans le temps et l’espace qui le rend de moins en moins adapté. Il importe donc de trouver des réponses urgentes à la rareté des ressources naturelles, la récurrence des conflits intercommunautaires y liés et à la mauvaise perception de la mobilité pastorale de la part des différents acteurs. Sans oublier d’autres défis majeurs tels que l’insuffisance de services sociaux de base au niveau des populations pastorales, la non prise en compte de leur mode de vie par les pouvoirs publics et le manque d’emplois qui pousse les jeunes à l’exode, à la migration, à la radicalisation et à toutes formes de banditisme. C’est pourquoi le Ministre Alpha Barry a salué la pertinence du colloque qui met en relation mobilité des pasteurs, emplois et lutte contre la violence. « Le contexte sécuritaire actuel de notre sous-région nous oblige à un changement de comportement. C’est pourquoi j’appelle les uns et les autres à collaborer avec nos forces de défense et de sécurité. Si nous voulons des espaces de pâturages tranquilles pour nos animaux et vivre en toute quiétude dans nos villes et campagnes, il faut aider nos forces qui veillent sur nous en toute circonstance » a insisté le chef de la diplomatie du Faso.
De nos jours, les zones pastorales sont devenues l’épicentre de l’insécurité à cause de la misère et de l’ignorance et sont fortement marquées par de multiples conflits souvent armés. Les activités de groupes extrémistes dans la sous-région dont Boko Haram s’en sont allègrement nourris pour menacer la paix sociale dans plusieurs régions d’Afrique. Trois grands sujets ont animé les débats : La contribution du pastoralisme aux économies locales et sous régionales ; Pastoralisme et intégration sous régionale : atouts, défis majeurs et perspectives et Crise de la jeunesse issue de communautés pastorales et défis sécuritaires : Enseignements/leçons apprises.
Pour nombre de participants, il faut enfin aller à l’application des mesures arrêtées sur la régulation de la transhumance et la gestion préventive des conflits. Les travaux ont abouti à des recommandations qui seront transmises aux experts de la CEDEAO pour analyse et exploitation. L’activité a enregistré la présence de plusieurs personnalités avec, dans un premier temps, l’ouverture des travaux par le Ministre burkinabè des ressources animales et la clôture par le Ministre d’Etat Alpha Barry des Affaires Etrangères accompagné de collègue Ministre de la sécurité Simon Compaoré, lui aussi Ministre d’Etat. Elle s’est achevée par une soirée culturelle avec la prestation de nombreux artistes de la musique traditionnelle peule et bobo.
A. Kouma
Source : Vivanews