Cohésion sociale: une conférence-débat pour « déconstruire » des préjugés entre le Nord et le Sud du Mali

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A l’initiative de Benbéré, un projet de la Communauté des Blogueurs du Mali (DONIBLOG), le Mémorial Modibo Keita a abrité, ce vendredi soir, une conférence-débat pour «déconstruire les préjugés entre les différents communautés au Mali ».Cette conférence était le couronnement d’une campagne de sensibilisation, à travers la publication d’articles de presse, sur le sujet.

«Les Peulhs sont djihadistes», «les dogons sont des dozos», tueurs de Peulhs. Au Mali, les stéréotypes du genre se font de plus en plus entendre. Malheureusement, ces stéréotypes contribuent, inconsciemment, à la crispation du climat social surtout dans le centre du pays où les affrontements intercommunautaires sont de plus en plus courants. Yaya Togo, est membre de la jeunesse de l’association Guina Dogon. Pour lui, le conflit intercommunautaire est aujourd’hui une réalité dans le centre du pays. «Mais, ce n’est pas un conflit entre Peulh et Dogon. C’est un conflit importé, colporté et entretenu par des mercenaires qui bénéficient de ces tensions».

Souvent, explique Yaya Togo, les populations ne savent pas pourquoi elles s’entretuent. Pour mettre fin à cette situation, il faut aller au dialogue et à la concertation entre les communautés. Pour Insubdar AlassaneDicko, les conflits dans le centre du Mali se nourrissent de préjugés.Car, à force d’entendre certains propos désobligeants sur l’autre, on finit par se méfier de lui. Aller au-delà des clivages ethniques, de patronymes, de régions, de langues pour un «Mali uni et fort».C’est le principal message véhiculé par les différents intervenants aussi bien Dogon que Peulh.

L’Etat doit s’assumer…

Invité à la conférence-débat, l’ancien Premier ministre Moussa Mara trouve l’initiative méritoire et salutaire. Pour lui, jusqu’à un passé récent, ces « préjugés » étaientun facteur de cohésion, un moyen de règlement des différends par le mécanisme de cousinage à plaisanterie. Selon Moussa Mara, le vrai problème dans le centre du Mali est un problème de dysfonctionnement étatique qui date de plusieurs décennies. «Le problème dans le centre n’est pas homogène», indique Mara. Et d’ajouter: « Cependant, le dénominateur commun est le dysfonctionnement de l’Etat». «La solution à la crise au centre et au nord est politique et étatique», tranche l’ancien Premier ministre. En attendant le réveilde l’Etat, la société doit jouer son rôle. En ce sens, Mara invite les jeunes à plus d’actions sur le terrain.Les problèmes locaux se règlent avec les initiatives locales.

Selon Amadou Konaré, chargé des Finances à Bembéré, cette conférence-débat se situe dans le cadre de la Campagne mondiale « Speaking with (parler avec)» dont l’objectif est de faire tomber les barrières pour établir des connections entre les communautés. Bembéré, a rappelé Konaré, est un projet de Doniblog mis en œuvre avec l’ONG Néerlandaise RNW et le Réseau Alliance Mondiale pour la participation citoyenne.

Mamadou TOGOLA/Maliweb.net

 

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