* Harouna Maïga, maire d’Ansongo / «Il est temps qu’on prenne une décision de sortie de crise »
Ce qui se passe aujourd’hui est inacceptable, incroyable, du jamais vu. Le Mali est un grand pays. C’est à nous de prendre nos responsabilités. Certains se considèrent comme des ressortissants du nord alors qu’ils ne le sont pas. La situation est avant tout un problème malien. L’aide extérieure est normale mais qu’est ce que nous avions fait ? Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) occupe Ansongo et la première amputation a commencé à Ansongo. Il est temps qu’on se retrouve pour prendre une décision de sortie de crise.
Oumar Mahamane Touré, conseiller national, élu Bara dans le cercle d’Ansongo
« Six mois de palabre et rien »
Dans cette situation, on a beaucoup parlé : six mois de palabre et on ne fait rien. On se pose la question quand est-ce que ces gens vont partir. Nous préconisons une solution militaire.
Abdoulaye Amadou Diallo, membre du conseil économique et social du Mali, élu de la commune de Watagouna / « Je préconise que la CEDEAO intervienne et la négociation après »
Depuis la première invasion faite par le Mnla, la première chose a été la destruction de la sous préfecture, de la mairie et du domicile du maire. La population souffre énormément avec les amputions. Personne n’est en sécurité. Ni la population ni les biens. Vous m’excusez je ne suis pas rationaliste, je suis pragmatique et je dis la vérité. C’est la population tamasheq qui nous embête. Ils nous ont trahis. Nos parents et nos grands parents étaient ensemble et personne n’a attaqué personne. Donc la solution que je préconise est que la CEDEAO intervienne et après ça sera la négociation. L’armée du Mali n’a plus les moyens de rebondir.
L’honorable Ould Moctar Ly de Bourem / « Il y a des communautés qui font ce qu’elles veulent au nord et c’est impardonnable »
J’ai vécu ce qui se passe au nord car je suis resté jusqu’au mois de juillet. Le problème est national car une partie du pays souffre sous occupation. On doit se dire la vérité et chercher la paix à tout prix. Je serais très heureux qu’on organise ce genre de réunion au nord pour que tout le monde ait le courage de reconnaître son tort. Il y a des communautés qui font ce qu’elles veulent au nord et c’est impardonnable. Il est temps d’arrêter tout ça. La société civile n’a pas été associée lors des différents accords de paix traités par le Mali.
Mohamed Lamine, représentant du chef de village de Bourem / « Le Mnla n’épargne personne ni les biens »
Nul n’ignore ce qui ce passe au nord du Mali. Les exactions de toutes sortes sont commises au nord. Nous regrettons la débandade de l’armée et des autorités qui ont laissé les populations à leur propre sort. Au lieu de trouver une solution à Bamako, certains se donnent les moyens de l’aggraver et c’est dommage. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) n’épargne personne ni les biens. En dehors de l’application stricte de la Charia, il n’y a pas grand problème. Je profite de dire que nos animaux sont sécurisés cette année par rapport aux précédentes années. Comme tous les musulmans, nous privilégions la voix du dialogue et la guerre sera le dernier recours.
Zoulka Laïchedé, Imam de Bourem, représentante des notables de Bourem / « J’ai pitié de ceux qui ont pu commettre de telles exactions au nord du Mali »
Je suis très heureux aujourd’hui d’être dans cette réunion faite en notre faveur. J’ai pitié de ceux qui ont osé faire ces exactions au nord du Mali.
Boubacar Mahamane, représentants des jeunes de Bourem / « Nous préconisons un forum de sortie de crise au nord du Mali »
Bourem est occupé par le Mujao. Depuis l’occupation jusqu’à nos jours, tous les services de l’État ont été pillés. Nous sommes privés de toutes sortes de jouissance telles que fumer, jouer, écouter la musique. Il y a des Maliens qui ont déjà intégré les rangs de Mujao. A cet effet, nous préconisons un forum de sortie de crise au nord du Mali.
Mme Haïdara Aïssata Cissé, député de Bourem / « Le sentimentalisme ne marche plus… je préconise haut et fort la guerre »
Je ne suis pas d’accord qu’on fasse attention parce qu’il y a des ressortissants locaux qui ont intégré les rangs de Mujao, car si mon fils rejoint les rangs du Mujao, pour moi il est un traître et doit être traité comme tel. Le sentimentalisme ne marche plus. En tant que musulmans, on parlera toujours de négociation alors qu’on a dépassé le stade de la négociation. Pour négocier, il faut être en position de force. C’est le Mnla qui a déclenché tout ce problème. On ne peut pas appliquer la charia au Mali parce que c’est un pays laïc. En tant que politique, je préconise haut et fort la guerre. On doit encourager la communauté internationale à venir nous aider. Même les États Unis d’Amérique n’ont pas pu totalement vaincre Aqmi à plus forte raison nous maliens. On est obligé de sortir les armes pour que les occupants fassent le dialogue ou de faire la guerre contre eux.
Salim Ibrahim Maïga, représentant des jeunes du cercle de Gao / « Dès qu’il y a dialogue l’espoir est permis… nous ne sommes pas favorables à l’option militaire »
L’école est l’unique symbole à Gao. Cette école va mal. Plus de 3000 candidats risquent de faire une année blanche. Il y’a d’autres élèves qui risquent de ne pas aller à l’école. Le nord est abandonné. Malgré l’occupation, la population de Gao a su relever certains défis. Il n’est pas normal que les élections soient organisées au sud seulement, car en laissant la partie septentrionale du pays, nous cautionnons la partition de l’État. Le Mali est un et indivisible. Nos cousins Guinna Dogon ont fait un travail remarquable car ils ont été à Gao, Tombouctou et Kidal. Pour une sortie de crise, toute négociation ou toute décision doit impliquer les populations qui sont restées sur place. Dès qu’il y’a dialogue l’espoir est permis. Nous ne sommes pas favorables à l’option militaire.
Ibrahim Touré, président de l’Association malienne des droits de l’homme (Amdh) de Gao / « Le vrai coupable de la crise, c’est l’État malien »
Le vrai coupable de la crise, c’est l’État malien. Soyons sincères, il n’ya pas de vérité sur la table. Chaque année l’Amdh de Gao produit les différentes violations des droits de l’homme. Tous les droits sont violés à Gao. Il faut un État fort avec des institutions fortes. La société civile a pleinement joué son rôle surtout à Gao. L’État n’a rien fait. L’État a donné des moyens à Iyad Agali au détriment de certaines populations. Le gouvernement doit envoyer une mission à Gao pour une sortie de crise rapide.
Mme Touré Oulematou Maïga, Directrice du centre d’Animation pédagogique de Gao / Les Droits des femmes sont violés… on n’a pas le droit de parler à un homme »
Les Droits des femmes sont violés. Les femmes sont forcées au mariage à Gao. Elles n’ont pas droit de parler à la radio ni se divertir. On n’a pas le droit de parler à un homme même si c’est son propre fils. Il faut faire revenir l’État à Gao en particulier l’administration scolaire. Il faut faire venir tout de suite nos enseignants qui ont été redéployés. Si nous sommes des maliens, il faut que l’école s’ouvre comme c’est le cas dans les autres localités. Il faut que l’État bouge soit par la négociation soit par la guerre.
Abdrahamane Maïga, représentant des cadres sédentaires de Gao / « Le Mali ne peut pas se passer de l’aide fraternelle de l’Afrique »
La culture Songhoï a pu empêcher beaucoup de choses mais pas tout, tels que l’amputation, les viols. C’est le Mnla qui occupe Ménaka. Nous ne pouvons pas abandonner notre terre ancestrale. Nous sommes loin d’être des rebelles. Le Mali ne peut pas se passer de l’aide fraternelle de l’Afrique. Je ne peux pas accuser l’armée malienne car la chaîne de commandement était rompue. Nous déplorons seulement le fait que l’armée ait laissé nos matériels entre les mains des bandits armées.
Amidou Boubacar Touré, porte parole des jeunes patriotes de Gao / « Aujourd’hui nous sommes à 251 jours de l’occupation »
Nous faisons des patrouilles pour sécuriser les personnes et les biens à Gao. Nous avons mené des marches de protestations contre les occupants à l’issue desquelles nous avons eu des pertes en vies humaines. Nous sommes des hommes de terrain. Aujourd’hui nous sommes à 251 jours de l’occupation. On en a marre. La solution est de les mater.
Sadou H Diallo, maire de Gao / « J’avais accusé la France mais aujourd’hui je félicite le président Français »
Je félicite la coalition pour le Mali qui a organisé cette réunion pour que la population du nord puisse s’exprimer et je souhaite que cette assise soit la dernière et après que l’État prenne ses responsabilités. Élus que nous sommes, nous n’avons jamais abandonné le nord. J’avais accusé la France mais aujourd’hui je félicite le président Français car c’est un homme digne. Il n’a pas tenu compte des six français qui sont pris en otages parce qu’il accorde beaucoup d’importance au Mali. Je félicite la jeunesse de Gao pour la résistance contre l’occupant. Je demande la sagesse des sages qui font les concertations. Je les invite à rejeter la négociation. L’heure de la négociation est finie à partir de ce forum. Il faut négocier mais en position de force. J’invite les Maliens et les Maliennes à accompagner le gouvernement. On ne peut respecter un État qu’à travers son gouvernement. Quand la Cedeao et l’Onu appellent, elles font appel au gouvernement. Je veux une intervention militaire. Des gens qui sont rentrés par les armes doivent sortir par des armes.
Mohamoud Dicko, président du Haut conseil islamique de Bamako / « Si la négociation et le dialogue n’aboutissent pas, le pays ne peut pas rester éternellement occupé »
Le Haut conseil islamique n’a pas été à Gao pour négocier mais pour écouter ce qui a été dit. A la date d’aujourd’hui, il n’y’a pas eu de négociation. Nous sommes favorables au dialogue mais si la négociation et le dialogue n’aboutissent pas, le pays ne peut pas rester éternellement occupé.
Malick Aliou Maïga, journaliste agressé à Gao / « Les occupants m’ont agressé car je suis un journaliste qui dénonce »
Les gens souffrent au nord car leur dignité est bafouée. L’État nous a abandonné. L’armée est partie. Les gens sont restés malgré eux dans la difficulté. Les occupants m’ont agressé car je suis un journaliste qui dénonce. Il faut faire dégager ces gens par les armes.
Ould Idrissa, président du conseil régional de Gao / « S’il y’a une solution, c’est la négociation »
Les premières semaines de l’occupation étaient très difficiles. C’est à travers les dons que les gens survivent au nord. Je le dis haut et fort que je suis contre la guerre. S’il y’a une solution, c’est la négociation.
Mohamed Baye, élu à Ménaka / « Les populations craignent une guerre qu’on ne pourra pas contrôler »
En dépit de la situation, nous avons pu maintenir les services de base tels que la santé, l’eau, l’électricité. Nous remercions beaucoup les personnes de bonnes volontés qui ont beaucoup fait en notre faveur tels que le Cicr, Médecins sans frontières et beaucoup d’autres. Les populations s’inquiètent d’une guerre qu’on ne pourra pas contrôler. On doit privilégier la négociation comme l’a dit le président Dioncounda Traoré.
Fati Soumeylou, présidente régionale des femmes pour l’éducation et la paix à Gao / « Avec la charia, comment va-t-on négocier ?»
Nous craignons l’école maintenant. Il est grand temps que l’État et l’armée interviennent. Avec la charia comment on va négocier. La dernière personne amputée l’a été sur la place publique.
Dr Akory Iknane de Kidal / « La présence d’Aqmi a été signalée il y a des décennies »
La santé des populations est très précaire. La circulation n’est pas effective. La présence d’Aqmi a été signalée il ya des décennies. La prise en charge des élèves par l’État doit être effective et l’assistance au profit des déplacés. Il est nécessaire de développer la négociation avec les groupes armés et l’implication des pays du champ. Il est impératif d’assigner une bonne gouvernance et d’assurer une gestion équitable car Kidal engendre des populations nomades et semi nomades.
Ag Erlaf, ancien ministre du Mali / « La présence d’Aqmi a été signalée il y a des décennies. »
Le problème du Mali est un problème de gouvernance. Il n’y avait pas de justice au nord bien avant la rébellion. Aucune émission sur les touaregs ne sort à la télévision nationale les mardi soir. Pour moi, la solution passe par l’identification des problèmes. La violence n’a jamais résolu un problème. La Charia au nord justifie l’absence de justice nationale. La présence d’Aqmi a été signalée il y a des décennies. Pour moi, la solution passe par la négociation car la guerre justifie les moyens et la nécessité. Tous les musulmans ne sont pas des rebelles.
Mme Aïcha Belco Maïga, vice présidente de la Coalition pour le Mali et présidente du conseil de cercle de Tessalit. / « Le Mali a été suffisamment mordu, s’il a des dents il doit aussi réagir »
La ville de Tessalit compte 386 familles mais les groupes armés ont menacé tout le monde de quitter les lieux. C’est ce jour là que j’ai vu des véhicules rouler qui n’avaient pas de batterie. Nous avons vécu des exactions dans notre corps et dans notre âme. Aujourd’hui c’est Tombouctou, Kidal, Gao et une partie de Mopti, qui sait un jour si ça sera Bamako ? Le Mali a été suffisamment mordu, s’il a des dents il doit aussi réagir.
Fama Wallet Idal, représentante des femmes de Kidal / « Je préfère la négociation parce que le jour où on va faire la guerre, on ne trouvera personne là-bas »
Les femmes sont en train de résister. La coalition pour le Mali doit penser aux déplacés du nord car la vie coûte très chère. Je préfère la négociation parce que le jour où on va faire la guerre, on ne trouvera personne là-bas. Donc ce sont les populations qui seront tuées.
Homeyni Belco Maïga, président de l’Assemblée régionale de Kidal / « Il y a un poète qui dit que seul le silence est grand tout le reste est faiblesse »
Il y’a un problème d’intégration et il faut que cela s’arrête. Sinon les Maliens eux même vont créer la division. Un poète dit que seul le silence est grand tout le reste est faiblesse.
Alhousseyni Coulibaly, historien et pédagogue / « Au lieu d’un ministère de l’unité nationale, on nous bombarde d’un ministère des affaires religieuses et du Culte »
Le grand Mali nous appartient. Je suis Bambara, mon père est de Kayes et ma mère est d’Aguelhok. Malgré tous ces déchirements, nous allons nous ressaisir. On a beaucoup parlé maintenant les plus hautes autorités doivent agir. Au lieu de créer un ministère pour l’unité nationale, on nous bombarde par un ministère des affaires religieuses et du Culte.
Atala Ag Bilal, représentant des jeunes de Kidal / «C’est la pauvreté qui pousse les jeunes à aller dans les rangs des groupes armés »
Le problème au Mali est le sous développement et l’injustice. C’est la pauvreté qui pousse les jeunes à aller dans les rangs des groupes armés comme Ansardine.
Abdoulaye Albadia Dicko, Secrétaire général du Coren et président des ressortissants de Tomboutou à Bamako / « S’aligner au coté du gouvernement du Mali »
En tant citoyen, tous les Maliens doivent s’aligner au coté du gouvernement du Mali pour avoir une sortie de crise rapide.
Propos recueillis par Aguibou Sogodogo