C’est dans son bureau de Radio France International (RFI) que Claudy Siar, peu avant l’enregistrement de son émission "Couleurs Tropicales”, nous a reçu. Dans un décor fait de CD, photos de Stars afro-antillaises et de lettres d’auditeurs, le célèbre animateur, toujours pressé mais courtois, s’est excusé pour le retard, quant à l’interview qu’il devait nous accorder. En effet, l’animateur-homme de Show-biz avait beaucoup à faire et à dire, et il y est allé avec sa franchise légendaire.
Ce n’est pas facile de vous avoir pour une interview …
rnClaudy SIAR: Je ne sais pas, mais nous avons de plus en plus de travail. Tropic FM , la Radio que j’ai créée, est une belle aventure qui grandit, qui sera nationale en hertzien en France. C’est la première radio communautaire de France, en terme d’audience, qui bénéficie maintenant de la publicité nationale. C’est une belle réussite. A côté de cela, j’ai toujours mes autres activités avec RFI : je suis animateur-producteur de l’émission "Couleurs Tropicales” en quotidienne. J’ai également d’autres opérations culturelles ou de communication. C’est un autre volet de ma vie professionnelle. En télévision, par exemple, je prépare de nouvelles choses, mais en France cette fois. C’est vous dire que je travaille beaucoup. Sinon, j’essaie d’être toujours accessible, mais c’est ce travail qui nous empêche de faire tout ce que nous voudrions faire, rencontrer toutes les personnes que nous souhaitons rencontrer, etc.
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rnQue pensez-vous des Producteurs et Artistes qui trouvent que si vous avez apporté une aide appréciable à la musique africaine à travers RFI, en revanche, ce n’est pas la même chose pour votre radio Tropic FM.
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rnIl faut que chacun comprenne que "Tropic FM" c’est la radio des français d’outre-mer. C’est dire qu’elle est plus axée sur les Antilles (La Guyane, la Réunion…). Et pourtant, l’Afrique a plus de poids dans la diffusion musicale et même concernant les invités, que la Réunion par exemple, qui est un département français. C’est une question de ligne éditoriale. On m’a donné la fréquence pour créer une radio à destination des français d’outre-mer, non pas pour faire "Africa numéro 2”. Sur ”Tropic”, nous recevons tous les artistes du Continent Africain, quel que soit leur domaine. Et si vous écoutez la programmation musicale , vous verrez que nous diffusons la musique africaine. Donc, ceux qui disent cela, ont un regard juste, parce qu’en effet, ce n’est pas une radio africaine. Mais, en même temps, ils se trompent, car il y a très peu de producteurs et d’artistes africains qui, spontanément, viennent à Tropic FM. Et c’est l’une des raisons. Il faut préciser que le monde de la production africaine en France est en déliquescence. Il reste très peu de maisons de disques fiables et il n’y a plus ce travail professionnel que nous avons connu dans les années 80, au début des années 2000. Maintenant, nous assistons à des choses qui ressemblent plus à de la commercialisation, presque de l’épicerie pour certains. Le vrai travail artistique a presque "foutu le camp”.
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rnVous avez déclaré aussi que la musique ivoirienne va à la dérive.
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rnCe n’est pas du tout le propos que j’ai tenu. Je n’ai absolument pas parlé de dérive, puisque la création est personnelle et, par conséquent, l’on ne peut pas généraliser. Je voudrais préciser qu’il y avait une qualité aussi bien dans la production que dans la création, que l’on ne retrouve plus aujourd’hui. Mais la Côte d’Ivoire n’est pas seule… Cette qualité artistique est absente dans d’autres pays en Afrique, ainsi qu’aux Antilles. C’est donc une généralité. L’industrie du disque est en crise et le peu de producteurs en activité ne met plus les moyens. Nous sommes donc dans cette regression. Il y a moins de grosses maisons de disques, comme il y en avait, il y a quelques années. Souvenez-vous de ce qu’ a été Sono-disc avec Marcel Perse qui en a été l’un des fondateurs et qui nous a quittés, il n’y a pas longtemps. Aujourd’hui, nous sommes face à une situation où il n’y a plus ces structures qui permettent aux artistes de se dire " à Paris , il y a de grosses structures qui nous permettront de commercialiser nos œuvres.” Apprenons, dans tout ce que nous faisons, à être des professionnels, car c’est souvent là que nous péchons. Les ventes se sont effondrées, c’est une catastrophe et de nombreux artistes se demandent s’ils vont continuer encore à avoir un label de disques ou produire. C’est vous dire que c ‘est une réalité afro-francophone
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rnSeriez-vous en train d’attaquer le Coupé-Décalé ?
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rnNon, je n’ai pas ce sentiment-là. Ce n’est pas le Coupé Décalé que j’attaque. Nous sommes dans un Coupé Décalé qui tombe parfois dans la facilité et se caricature lui-même. Au début de la crise en Côte d’Ivoire, cette musique a réconforté et donné de l’énergie aux Ivoiriens. Aujourd’hui, nous avons le sentiment que de jeunes DJ ou jeunes artistes n’arrivent que pour remanier ce que les autres ont déjà fait. C’est un problème! Où est la créativité dans ce cas-là ? Ceux qui ont fait le socle, la force de la variété ivoirienne, je suis désolé, on ne les retrouve plus. On ne retrouve plus ces grands créateurs alors qu’il y a des talents. Je connais des jeunes à qui on ne donne pas leur chance alors qu’ils savent composer des chansons. On met malheureusement de côté cette créativité pour faire des choses qui tombent dans la facilité. Je le dis aussi pour le Zouk, parce qu’aujourd’hui, quand nous écoutons le Zouk (la musique qui passait au moment de l’interview), tout se ressemble et pour les quelques artistes qui font des choses différentes, ce sont des cartons, en termes de vente. Mais voilà, tout est dit. Il y a une vraie crise dans l’industrie du disque. Des artistes réagissent comme des producteurs. Ils se disent: "Nous allons faire des trucs pour vendre”. Ce n’est pas ce qu’on demande à un artiste. On lui demande de livrer son cœur, de s’ouvrir, de nous donner le meilleur de lui-même. Après, c’est au professionnel d’offrir la belle œuvre au public tout en espérant toujours que le public sera touché par ses chansons. C’est comme ça que ça marche. Depuis l’avènement de l’industrie du disque de la Pop, il y a encore quelques années, cela fonctionnait bien. Aujourd’hui, c’est un problème.
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rnVotre amour pour l’Afrique ne souffre d’aucune contestation, mais en Afrique, certains vous reprochent d’avoir comme amis les Chefs d’État , la Haute Bourgeoisie et non l’homme de la rue.
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rnCe n’est pas vrai, c’est une idée reçue. Quand je fais une émission comme ”Couleurs Tropicales” qui a la notoriété qu’elle a, forcément, je rencontre l’homme de la rue, des gens appartenant au monde des grands patrons, parfois des Chefs d’États. Certains m’aiment, d’autres pas. Au regard du métier que je fais, sans prétention aucune, avec la popularité qui est la mienne, c’est normal que je rencontre tout le monde. Mais, je ne suis pas ami avec des chefs d’État, je ne pars pas en vacances avec eux, je ne réside pas dans leur maison.
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rnQuelle analyse faites-vous de la situation post-électorale en Côte d’Ivoire?
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rnJe suis tellement triste, mais des gens qui n’occupent pas la fonction suprême, ont intérêt à ce que cette situation perdure.
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rn(Il est étonné). Les gens ont raison. Entre Nastou et moi, c’est le grand amour parce que, c’est une sœur et entre elle et moi, ce sont plutôt des relations platoniques. Il faut que les gens arrêtent, je n’étais pas du tout au courant. Il ne s’est jamais rien passé entre elle et moi et il ne se passera jamais rien. Elle est jolie, mais je préfère une femme qui a une petite poitrine (Rires).
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rn Africahits
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