A l’initiative de l’opposition républicaine et démocratique, une rencontre quadripartite (majorité-opposition-Société civile-groupes armés) s’est tenue hier dimanche 28 février 2016 dans la salle Wa Kamissoko du Centre international de conférence de Bamako (Cicb). Placée sous le signe de la paix au Mali, cette rencontre historique, première du genre, a regroupé l’ensemble des forces vives de la nation malienne. Les échanges qui ont duré deux tours d’horloges, ont porté sur les questions de sécurité, de paix, d’éducation, de la réunification du pays, de la sous représentativité de certaines communautés au sein du comité de suivi de l’accord, du redéploiement des forces armées et de sécurité, de l’administration malienne sur toute l’étendue du territoire national… A l’issue de la rencontre, il a été décidé de pérenniser ce genre de rencontre et de la tenir surtout dans la région de Kidal. Par ailleurs la prochaine réunion entre la majorité et l’opposition est prévue pour le 19 mars prochain.
Plusieurs personnalités ont pris part à cette rencontre de grande envergure. Parmi lesquelles, on peut citer le président de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle, Boulkassoum Haïdara, du représentant du chef de file de l’opposition, Tiébilé Dramé, président du parti pour la renaissance nationale (Parena), Algabass Ag Intalla et Ould Sidatti de la Cma (Coordination des mouvements de l’Azawad), Me Harouna Toureh de la Plateforme, Mamoutou Diabaté de la société civile, Maouloud Ben Kattra de l’Untm (Union nationale des travailleurs du Mali) etc. « je rend grâce à Allah, le tout puissant, par la volonté duquel nous nous retrouvons aujourd’hui pour parler de notre pays, de ce qui ne peut jamais nous diviser à savoir le Mali. Je remercie les présidents du collectif des partis politiques de l’opposition pour avoir initier cette rencontre historique. Ce qui montre à suffisance que toutes les filles et tous les fils de ce pays ont un seul souci, celui de l’existence même du Mali. Nous sommes tous d’accord pour l’existence du Mali, pour le mieux vivre ensemble dans la paix et dans la sécurité », c’est par ces mots que le président de la convention des partis politique de la majorité présidentielle, Boulkassoum Haïdara a commencé son allocution. Avant d’ajouter que le processus de paix, signé le 15 mai et le 20 juin 2015 a sauvegardé l’essentiel, à savoir : l’intégrité territoriale du pays, l’unité nationale, la forme républicaine et démocratique et sa laïcité. « Je profiterai de l’occasion pour demander à nos frères leur appréciation de la mise en œuvre de l’accord que nous avons signé et également leur analyse de la situation sécuritaire actuellement dans notre pays et enfin quel est le rôle qu’ils souhaiteraient jouer pour que la stabilité soit établit en République du Mali », a-t-il dit. Selon lui, depuis le 3 novembre 2015, la majorité et l’opposition se concertent et la prochaine rencontre est prévue pour le 19 mars prochain. A sa suite, le représentant du chef de file de l’opposition, Tiébilé Dramé, président du parti pour la renaissance nationale (Parena), a souligné que cette réunion est la démonstration de l’ardent désir de paix des forces vives de notre pays. « Au delà de nos divergences, ce qui nous parait important aujourd’hui, c’est avancer main dans la main, œuvrer main dans la main pour la restauration de la sécurité et de la stabilité au Mali qui nous parait extrêmement important de préserver notre pays dans un monde troublé et tourmenté et que nous conjuguons ensemble nos efforts pour préserver notre pays. Ensemble pour la paix, ensemble pour le Mali, c’est les signes sous lesquels nous concevons cette réunion avec nos frères et nos camarades de la majorité présidentielle. Au delà de nos divergences, nous pensons aujourd’hui, qu’il est urgent de nous donner la main, de conjuguer nos efforts pour stabiliser le Mali », a-t-il dit. Avant d’inviter les uns et les autres à prendre la mesure de danger qui guette le Mali. A l’en croire, bien qu’un accord de paix et de réconciliation ait été signé il y a de cela 8 à 9 mois, la situation sécuritaire dans le pays a continué à se dégrader. « Que pouvons-nous faire ensemble ? Quelle est l’appréciation des uns et des autres de cette situation? Pourquoi nous sommes à nouveau inquiets pour notre pays ? Que pouvons-nous faire pour enrayer le cycle de la violence et de l’insécurité? Quel est le rôle que les uns et les autres peuvent jouer ? Que devons nous faire ensemble pour la mise en œuvre de cet accord pour la paix et la réconciliation nationale ? A partir d’aujourd’hui, nous devons imaginer ensemble que ce cadre quadripartie puisse être préservé, puisse être initié pour que chacun apporte sa contribution dans la restauration de la paix et de la sécurité dans notre pays. Il est important qu’un dialogue s’instaure entre la classe politique, les acteurs économiques, la société civile et nos frères du mouvement du nord. Il est extrêmement important qu’ensemble nous œuvrions à cela afin que la réunification de notre pays puisse se faire très vite, que le redéploiement des forces armées et de sécurité, de l’administration puisse se faire comme cela est entendu conformément à la signature des uns et des autres. Je crois que cela nous parait important et nous devons examiner ensemble le rôle que nous allons apporter », a dit l’opposant Dramé. Par ailleurs, il a réitéré son appel pour la tenue d’une conférence d’entente nationale.
Vaincre la violence ensemble
Selon le Professeur Sidi Hamed, secrétaire général du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), la seule réclamation des groupes armés reste la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. « Ce que nous réclamons, c’est d’aller le plus vite possible à la paix. Le temps presse », a-t- il fait constater. Et pour réaliser ce vœu commun, il est impératif pour lui, que tous les acteurs du processus de paix optent totalement pour la paix dans la fraternité et dans la franchise. « Nous demandons à tous les acteurs de faire preuve de sincérité pour faire face à la priorité qui est aujourd’hui la paix », a conclu le secrétaire général du Mouvement Arabe de l’Azawad.
Pour Azaz Ag Dag-dag, membre de la Plateforme, la quête de cette paix explique aujourd’hui la retrouvaille entre la Plateforme et la CMA qui cohabitent actuellement à Kidal. Selon lui en aucun cas, ce rapprochement entre les frères ne doit être interprété. « Au contraire nous devons positiver ce qui se passe aujourd’hui. Nous sommes ensemble pour préserver le Mali de tous les maux qui le guettent. La Plateforme et la CMA sont aujourd’hui dans la même logique en témoignent nos communiqués conjoints à Kidal. Il ne faut pas voir du mal en notre unité. Il faut plutôt nous aider à nous retrouver », a prêché Azaz Ag Dag-dag.
Pour soutenir cette vision de Azaz Ag Dag-dag, Me Harouna Toureh de la Plateforme dira tout simplement que le Mali a de la chance. Selon lui, il urge que cette chance soit démultipliée. « C’est le premier du genre que toute la société malienne, civile, politique, économique, se retrouve pour parler de la paix. Nos frères Dramé et Haïdara viennent de nous donner l’exemple de fraternité. Et nous sommes tous engagés pour que la sécurité revienne. Cet engagement est pris et je peux vous assurer qu’il sera respecté. Nous sommes des frères, c’est pourquoi, il nous est très facile de nous battre et très facile de nous rapprocher », a noté avec fierté Me Toureh de la Plateforme.
Un plan Malien à l’image du plan Marshall
Pour réconforter tous les efforts de paix et de réconciliation, le député Mohamed Oul Mataly a recommandé que le nord ne soit plus vu comme une charge. « Comme il a été fait en Europe avec le plan Marshall, il faut aussi au Mali un plan Malien. Il faut aujourd’hui oser aller au nord », a-t-il martelé.
A en croire Mohamed Ould Sidatti de la CMA, la paix ne se construit pas avec des mots mais avec des actes. Et pour lui, ces actes viendront avec l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Mais, selon lui, l’accord connaît aujourd’hui une difficulté d’application. « Pourtant c’est dans sa mise en œuvre que l’accord crée l’engouement d’acceptation. Nous sommes convaincus que l’accord offre l’opportunité de pouvoir aller de l’avant. Et notre engagement dans la guerre est aussi fort que notre engagement dans la paix », a dit avec fermeté le signataire de l’accord de paix pour la CMA.
Selon Algabass Ag Intalla, cette rencontre, qui regroupe toutes les sensibilités du pays, est la preuve que le Mali retrouve aujourd’hui le chemin de la paix.
Pour Amadou Koïta de l’opposition démocratique et républicaine, tous les Maliens du nord comme du sud se sentent aujourd’hui soulager. « Tous ceux qui sont dans cette salle sont des partisans de la paix. Et faisons en sorte pour que la prochaine rencontre se passe à Kidal », a souhaité le Président du PS Yélén coura.
Parlant de la nécessité du caractère inclusif des organes de la mise en œuvre de l’accord pour sa bonne application, Mohamed Attaher Sidibé du groupe d’autodéfense Ganda Izo a appelé à réparer une injustice. Selon lui, les communautés peuhls, Bella et songhoï non moins minoritaire au nord ne sont pas bien représentées dans le comité de suivi de l’accord. « Pourtant ces communautés sont morts pour l’accord et ont signé l’accord. Lorsqu’on ferme les portes de la paix à des communautés entières, on ne peut pas espérer construire la paix». Pour sa part, Sina Damba du parti Cnid Fyt a déploré la faible représentativité des femmes à cette rencontre de grande envergure.
Aguibou Sogodogo/ Youssouf Z KEITA
Du n’importe quoi, il est temps que l’on arrête de trop parler, au risque de se répéter éternellement tous les jours. Il faut que nous apprenons à prendre au sérieux la situation sécuritaire au Mali. Quelle plus value pour cette rencontre. Rien de nouveau dans les discours. Surtout ne pas faire l’amalgame en parlant toujours de réconciliation. Faites la part des choses. Il n’a pas de guerre entre le Nord et le Sud du Mali. Il y a juste un problème de mauvaise gouvernance que ce soit au Sud ou au Nord. La preuve est que les déplacements des populations se ont senties plus à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur du pays. C’est dire que les populations du pays n’ont rien à voir avec ce problème de rébellion. Les autorités politiques et administratives ont failli, ils doivent se ressaisir. Rien de plus.
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