Une nouvelle sordide a défrayé la chronique la semaine passée. Il y aurait un clash au sommet de l’Etat. Le Président de la Transition, chef de l’État aurait interdit au Vice-président Hassimi Goïta de se présenter aux conseils des ministres. Dans une situation aussi heurtée que celle que nous vivons, la vraie fausse information a été répandue comme une traînée de poudre, non sans plonger les citoyens dans des questionnements intrigants.
C’est la seule réussite de la manœuvre dont l’ineptie le dispute à la puérilité. Les esprits ont été bien matraqués jusqu’à les faire admettre qu’au sommet de l’État, la Transition n’est plus qu’une pétaudière où, entre confusion et désordre, le Président Bah N’Daw et son Vice-président, Colonel Assimi Goïta, à force d’en faire chacun à sa tête, sont à deux doigts près d’un corps à corps historique.
Un pugilat grandeur nature auquel le peuple est averti à temps pour suivre le déroulement de ce combat du siècle sur les hauteurs de Koulouba.
La grande nouvelle a d’abord fait l’objet de choux gras dans la presse, puis elle a connu un partage viral sur les réseaux avec des détaillants croustillants. Du beau roman avec des épisodes bien imaginés !
Bah N’Daw a interdit à Colonel Assimi Goïta de pointer désormais le nez au conseil des ministres puisqu’il est le chef suprême qui n’entend pas être ni gêné dans ses prérogatives, ni être mis en équerre avec qui que ce soit.
Le Vice-président, dans une sorte de réplique du berger à la bergère, aurait signifié au Président de la Transition que c’est lui qui l’a fait roi et qu’il peut donc le défaire. Rendez-vous aurait ainsi été donné pour le mercredi, 24 mars pour voir qui tient vraiment les manettes de l’Etat, Bah N’Daw ayant juré que “si Assimi Goïta se présente devant la salle de réunion du conseil des ministres, il l’arrêterait”. L’intrigue, si ce n’était qu’au théâtre, aurait été de belle facture à seulement deux jours de l’anniversaire du 26 mars 1991. Malheureusement, ce n’est que du théâtre d’ombre qui laisse le peuple sur sa faim puisqu’il apprendra que rien n’est plus faux.
Bah N’Daw et Assimi sont deux officiers supérieurs, l’un à la retraite et l’autre en activité. Ils ne peuvent pas se comporter en de telles menaces crypto personnelles au sommet de l’Etat. Un enfantillage, véritable combat de coqs à défaut d’être une ridicule scène de ménage, qui les déshonorerait pour de bon et qui ne manquerait pas de casser leurs grades. Mais, même en amusant la galerie, il faut éviter d’être cynique. Le Vice-président de la Transition n’a pas vocation à participer au conseil des ministres à toutes les sessions. Son rôle a été défini trois semaines après la prestation de serment du 25 septembre 2020. En effet, par décret N° 2020-0094/PT-RM du 16 octobre 2020, les attributions du Vice-président et l’organisation de son cabinet ont été clairement définies. L’article 1er dudit décret est suffisamment explicite en ses alinéas 3 et 4 : “Il (le Vice-président) participe aux réunions du Conseil supérieur et du Comité national de la Défense nationale (alinéa 3). Il participe aux réunions du Conseil des ministres à la demande du Président de la Transition (alinéa 4)”. Colonel Assimi Goïta est un officier supérieur respectueux des lois et règlements. On le voit mal enfreindre le décret présidentiel relatif à ses attributions après cinq mois de tandem harmonieux avec le Président. Cette vue de l’esprit ne peut prospérer. Il faut trouver autre chose pour saper les fondements de la Transition, mais il vaut mieux s’en abstenir pour le bon déroulement des affaires, en tout cas abhorrer à servir le faux à l’opinion publique nationale. Pour avoir été mis face à sa propagande mensongère, Jiseph Paul Goebbels lui-même s’est suicidé avec toute sa famille en 1945.
Salifou CISSE
Il n’est pas interdit de rêver.
VIVE LA RÉPUBLIQUE
Pas de fumée sans feu
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